« Accusé à tort de meurtre, il rôdait maintenant du côté du Dakota
Un hors-la-loi poursuivant les hors-la-loi,
Un chasseur de prime,
Un Renégat… »
Enfant des 90’s, vous aurez reconnu l’intro du Rebelle, la série du samedi après-midi avec Lorenzo Lamas, ses cheveux longs et sa moto. Dans American Fugitive, on ne sait pas trop si Will, le héros, rôde du côté du Dakota. En tout cas, il est dans la campagne américaine. Pour le reste, il partage quelques points communs avec Reno Raines, le personnage de Lorenzo Lamas dans la série. Comme lui, il a été accusé à tort d’un meurtre, et comme lui, il va devoir prouver son innocence en échappant à la police corrompue qui le poursuit.
Et les parallèles ne s’arrêtent pas là. Le jeu utilise en effet comme décors l’univers de ces séries américaines du début des années 90 : Le Rebelle, donc, mais aussi des shows comme Shérif Fais-Moi Peur ou L’Agence Tous Risques… Question gameplay, l’inspiration vient de quelques années après, du côté de GTA.
American Fugitive, un top-down rétro, sans les pixels
En pleine nuit, Will reçoit un appel mystérieux de son père. Se rendant à son domicile, il ne trouvera sur place que le corps de celui-ci. Accusé du meurtre, il se retrouve derrière les barreaux. Mais il n’y restera pas longtemps : il s’évadera à la première occasion, afin d’élucider le meurtre de son père et de se venger.
Dans American Fugitive, nous jouons Will. Et c’est là, après l’évasion, que commence l’aventure. Il faudra d’abord trouver des alliés à même de nous aider. Et bien entendu, ces alliés n’accepteront de nous filer un coup de main qu’à conditions qu’on réalise des petits boulots pour eux : cambriolages, vols de véhicules, disparition de pièces à convictions… On retrouve des éléments bien connus par les joueurs s’étant déjà essayés à un GTA (soit à peu près tous les joueurs !). American Fugitive est en effet un open world, comme GTA, nous proposant un gameplay ressemblant beaucoup à celui du roi du genre.
Le personnage, à pieds, pourra ainsi s’emparer de véhicules, en les volant sur les parkings ou en car-jackant des conducteurs sur la route. Rouler en voiture tient d’ailleurs une part très importante du gameplay, puisqu’il s’agira très très souvent d’aller d’un point A à un point B. En prenant trop de libertés avec la loi, on risque de s’attirer les foudres de la justice, qui se manifestent par un indice de recherche, s’étalant de 1 à 5 étoiles (comme dans…). Et pour faire baisser cet indice de recherche, il sera possible soit de se changer, soit de passer par un atelier qui repeindra la voiture pour la faire oublier (là aussi, comme dans).
American Fugitive, un GTA façon moutarde : à l’ancienne
Le jeu se présente en top-down, à la manière d’une émission télé de Yann-Artus Bertrand. Là encore, c’est GTA qui se rappelle à nous. Mais le Grand Theft Auto des origines, celui de 1997, vu d’en haut. C’est le deuxième titre se présentant de cette manière qui sort ces jours-ci, après Shakedown Hawaii, qui lui aussi convoque GTA plus qu’à son tour.
Par contre, si American Fugitive est rétro dans son contexte, il ne l’est pas du tout dans la forme : le graphisme est fin, en 3D, et porté à l’écran par une caméra dynamique assez efficace. Sans aller jusqu’à des performances au top des technologies (8K, ray tracing, ou autres…), le jeu se défend très bien graphiquement, et a le mérite de se montrer peu gourmand, et donc de pouvoir tourner sur de nombreuses machines.
Ce qui lui manque, c’est peut-être un peu de décalage. On peut tomber sur des détails rigolos, comme ces sacs poubelles dont il faut se débarrasser, et qui bougent toujours ! Mais le jeu se prend peut-être un peu trop au sérieux, sans avoir les moyens de son ton… En effet, le scénario est totalement cliché, tout comme les personnages. On voit tout à fait où va l’histoire, et le résultat, c’est qu’on s’en fout un peu. Vous me direz qu’on reste dans les ingrédients des séries télé où il puise son inspiration, comme les productions Stephen J. Cannell…
Plus c’est long…
Sans être convaincu par le scénario, on joue par petites sessions très courtes, d’une mission ou deux. Cela à l’avantage de freiner la répétitivité du titre, car de manière générale, les missions se ressemblent beaucoup : prendre un véhicule, se rendre à un point A, faire un truc rapide et pas trop dur (éliminer des corps en les jetant dans une benne à proximité, rentrer au commissariat habillé en policier pour subtiliser un dossier…), pour reprendre le véhicule, et se rendre à un point B. Puis retourner voir son « contact » et recommencer. Certaines missions sont tout de même fun, et le jeu n’oublie pas d’être un open world, nous laissant quelques activités auxquelles s’adonner en dehors du scénario.
Les cambriolages sont une bonne idée, de même que les braquages de boutiques. Lors d’un cambriolage, on peut jeter un œil par la fenêtre avant de pénétrer dans les lieux pour les fouiller, en espérant tomber sur des objets de valeurs. À l’occasion, on trouvera aussi des petites énigmes… À d’autres moments, c’est sur le propriétaire qu’on tombera, enclenchant ainsi une phase où il s’agira soit d’essayer de fuir, soit de se débarrasser du propriétaire en question. Les braquages se passent différemment, mais sont eux aussi plutôt amusants à réaliser !
On sera tout de même un peu déçu que ces phases se passent de façons quasi-textuelles. Si on peut entrer dans à peu près tous les bâtiments dans American Fugitive, on ne verra l’intérieur d’aucun d’entre eux.
La fuite des cerveaux
Alors on passe énormément de temps au volant des divers véhicules. Berlines, camionnettes, muscle car, camion poubelles, corbillard, ou tracteur, le choix est suffisamment varié sans être impressionnant de diversité. Evidemment, le contrôle dépendra du type de véhicule, mais les plus rapides sont quand même relativement compliqués à prendre en main. Le pilotage doit faire avec une inertie très importante, et un peu agaçante. Ajoutons à ces contrôles pas toujours intuitifs une intelligence artificielle qui a dû être privée d’oxygène trop longtemps, et on obtient des phases de conduites pas toujours très agréables.
D’autant que, pour en ajouter une couche, causer (trop ?) de dégâts sur les autres véhicules ou le mobilier urbain vous condamnera à une course poursuite avec la police, spécialement agressive. Non pas qu’elle vise les yeux en tirant au LBD, mais au volant de leurs voitures, ils foncent droit devant, façon taureau dans l’arène. D’ailleurs, la police ne conduisant pas mieux que nous, il n’est pas rare qu’une voiture de police soit à l’origine d’une collision, et pour la peine, qu’elle nous prenne en chasse !
Heureusement, la police partage son QI avec les autres PNJ, et leur échapper n’est jamais bien compliqué, même avec un indice de recherche au maximum. Il suffira de s’éloigner un peu dans la campagne, d’éliminer les quelques poursuivants, et de patienter… La police n’aime pas s’aventurer hors des axes principaux dans American Fugitive.
Sympathique, mais porteur de trop de défauts, American Fugitive ne convainc pas totalement. D’autant qu’il sort en même temps qu’un autre titre qui joue dans la même catégorie, celle du GTA-like indépendant en top-down. Et puisqu’il faut choisir (un monde où je peux le dire), notre choix se portera sans contrefaçon sur l’autre challenger : Shakedown Hawaii, pour son écriture et son humour, ainsi que pour ses contrôles. Autant de facettes maîtrisées par le titre de V Blank et qui plombent American Fugitive.
Cela dit, le jeu a quelques réussites à son crédit. Un côté bac à sable, quelques bonnes idées de gameplay, une réalisation plutôt solide… Et nous ne sommes pas à l’abri d’un patch qui viendrait rééquilibrer les choses, en donnant des cours de conduite à la population de PNJ du jeu, et le sens de la diplomatie à sa police.
Dans tous les cas, American Fugitive se prêtera surtout à des parties courtes, et en cela, le mode nomade de la Switch est peut-être le meilleur moyen de s’amuser avec le titre de Curve Digital.