Le studio de la petite souris Mickey aura su s’affirmer depuis les années 90 dans l’univers vidéoludique : entre Aladdin (en 1993), Le Roi Lion (en 1994) et Pinocchio (en 1995), tous trois sur Super Nintendo, et tant d’autres titres apparus par la suite, il y a de quoi faire. Bien connu du public des joueurs pour fournir un contenu de jeu avec des univers colorés et très travaillés pour l’époque, le studio Disney a su enchanter les premières années de l’arrivée des jeux vidéo en Occident.
Les premières péripéties de Simba ou d’Aladdin font leurs premiers pas au cinéma dans les années 90, avec pour le Roi Lion un box-office de plus de 950 millions de dollars, rien que ça. Leur succès est tel que les personnages des deux univers Disney ont été rapidement déclinés sur Super Nintendo, pour laisser aujourd’hui place à un remastered sur Nintendo Switch, Xbox One et PlayStation 4. Mais qu’en est-il des promesses techniques et de rendu de deux titres phares adaptées au marché moderne ? Replongeons ensemble en enfance avec Aladdin et le Roi Lion Remastered Collection.
(Test de Aladdin et le Roi Lion Remastered Collection réalisé sur Nintendo Switch avec une version fournie par l’éditeur)
Deux perles du cinéma à travers de multiples écrans
Aladdin tout comme le Roi Lion ne seront pas passés d’un platformer à un FPS (on vous laisse imaginer la catastrophe si tel avait été le cas), non l’on reste bien pour chaque jeu sur une aventure à un joueur dans lequel l’objectif est de surmonter des obstacles dans un univers féerique avec une musique toute mignonne en fond. Dans chaque stage, on est amené à collecter des objets ou des bonus contribuant à un high-score de fin de niveau : le personnage contrôlé doit aussi penser à avancer en conservant une jauge de vie ainsi qu’un maximum de vies. Deux platformers qui restent alors très classiques mais qui ont la particularité de dépendre d’un scénario rattaché à un film.
Que cela soit dans la savane pour Le Roi Lion ou en Orient pour Aladdin, les deux univers avaient et ont toujours le mérite de rester fidèles aux deux films ainsi qu’à la progression de ces derniers. Des détails qui font plaisir avec des animations hors du commun du côté d’Aladdin : animations d’attente et danses, coupe de la pomme lorsqu’elle rebondit sur un ennemi avec un sabre, de nombreux personnages ennemis ressemblant trait pour trait à ceux du film…
Du côté du Roi Lion, les animations sont un peu plus limitées puisque les ennemis se contentent pour la plupart d’un aller-retour en balayage de la droite vers la gauche, et d’une faible animation sur place, MAIS les interactions sur les plateformes sont bien plus importantes que dans Aladdin. On citera les possibilités de manipuler un flamant rose dans le deuxième niveau et de franchir des obstacles, ou de rencontrer des singes qui seront de précieux alliés pour vous aider à atteindre des zones cachées. Deux univers forts attachants, mais l’on remarque également que le paquet est mis surtout en début des deux jeux avec des stages plus longs et plus travaillés sur les décors pour lâcher un peu de lest au fur et à mesure des niveaux (sans toutefois affirmer qu’ils sont mauvais, juste un peu plus simples).
Je vais t’offrir une collection, aux milles et une merveilles
Précédemment, l’on parlait des décors un peu délaissés vers la fin du jeu et alors, pour comprendre, reprenons le jeu dans son contexte de sortie, où l’espace d’encodage sur les cartouches était affreusement limité sur les premières consoles sorties en France. Tout ce que vous aviez rêvé et voulu suggérer pour ces deux jeux sortis avant les années 2000 aurait pu être là ! Et est aujourd’hui présent (pas dans le jeu, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin) mais bel et bien dans une galerie bonus super bien fournie disponible dans le menu principal du jeu : story-board, making-off, vidéos des réalisateurs…
Plus de 3 heures de contenus inédits pour profiter au maximum de ce qu’auraient pu être Aladdin et Le Roi Lion si les prouesses technologiques de l’époque avaient pu laisser place à plus d’espace sur les cartouches de jeu. La galerie est tellement bien fournie que l’on se demande si finalement, l’on n’aurait pas acheté le jeu exprès pour cette collection exclusive… C’est vrai quoi ? Quels sont les plus d’Aladdin et le Roi Lion si aucun contenu n’a été rajouté ? Et là on se heurte au problème principal du jeu…
Si on s’attarde encore une fois sur le côté « custom » il est possible de jouer à la version japonaise des deux jeux, bien plus compliquée pour l’avoir testée, mais aussi plus rapide en termes de FPS. Le petit plus sur Aladdin est la mise en avant de la démo du jeu originale, accessible dans les menus, pourquoi pas… Mais aucun intérêt réel si ce n’est que de refaire le premier niveau. Il faut noter aussi que des vidéos reprenant les niveaux des deux jeux de A à Z ont été intégrées dans le remaster, mais bon, c’est aussi tuer le fun à ce niveau, donc autant y jouer pour vous faire votre propre avis… Une déception est aussi à relever puisque l’ensemble des vidéos des coulisses ne sont pas sous-titrées et peuvent restreindre alors la compréhension pour les non-anglophones, pourtant, y ajouter des sous-titres n’aurait pas été de trop.
« Tu as encore un long chemin à faire mon altesse tu peux m’croire… »
Sur ce genre de platformer, on sent clairement que l’expérience du joueur est principalement transmise dans un gameplay fluide, un univers fidèle mais aussi des musiques en accord avec les deux points précédemment énoncés (bruitages, et musique de fond). Pour ces deux jeux sortis initialement il y a de cela 25 ans, nous n’avons qu’à tirer notre chapeau mais le remaster n’offre rien de plus en termes de graphismes, ou une adaptation si légère qu’elle ne se remarque finalement même pas. Les options du jeu proposent trois types de format : l’écran étiré où vous avez l’impression qu’Aladdin a pris 30 kilos, un écran net où l’on se croirait sur Nintendo 3DS (pourquoi ne pas l’avoir ressorti sur cette console dans ce cas ?) ou encore l’écran 4/3 qui reste certainement le plus digne pour apprécier pleinement l’expérience des deux jeux.
On se doutait également qu’au vu de la difficulté de ces deux jeux (peu de vies, plateformes parfois aléatoires, et autres ennemis planqués derrière des décors) le remaster allait offrir un plus grand axe de niveaux de difficulté en intégrant une sauvegarde en plein niveau, une difficulté allant de Facile à Normale et même un « turn back-time » permettant de revenir sur vos pas en cas d’erreur. Certes, rien d’exceptionnel dans l’ensemble mais permettant à tous les joueurs de prendre leurs marques dans deux jeux réputés plutôt difficiles. Les musiques et les bruitages sont quant à eux les mêmes que lors de la sortie initiale et appréciables aujourd’hui encore par les fans de chip-tune.
Aladdin et le Roi Lion Remastered Collection n’est pas une mauvaise adaptation : la barrière entre le développement de ces jeux et le joueur a été brisée, permettant aux nostalgiques de la Super Nintendo d’apprécier un « contenu à 100% » en termes de bonus. Cependant les nouveaux joueurs ne pourraient pas comprendre ou voir l’intérêt de miser autant sur une ré-adaptation en fournissant seulement des explications de pourquoi ce niveau ici, pourquoi Abu (dans Aladdin) n’a pas eu autant de place dans le scénario, des détails avec une appréciation plutôt relative. L’on comprend que par des soucis de moyens techniques il n’était pas possible de pousser le jeu, mais alors pourquoi ne pas avoir aujourd’hui rattrapé les rêves (bleus) de l’ancien temps en y ajoutant des niveaux et de nouvelles animations qui auraient pleinement justifié l’acquisition de ce remaster ?