Le standard du RPG occidental n’a pas réellement évolué ces dernières années. Depuis les claques colossales que furent Skyrim en 2011 et The Witcher 3 en 2015, force est de constater que peu de titres ont réussi à imposer une réelle dynamique au genre, malgré d’évidentes qualités pour beaucoup d’entre eux, comme Kingdom Come, Disco Elysium ou encore Divinity II. Des titres parfois trop classiques et parfois plus innovants, mais toujours réussis. Pour autant, quand bien même ils auront certainement une influence sur une nouvelle génération de développeurs, l’aura du Sorceleur ou de l’Enfant de Dragon ne s’évanouit pas.
Et après tout, pourquoi pas ? C’est normal qu’il y ait des monstres sacrés et des outsiders. Et nous ne sommes pas de ceux qui jugeront un jeu sur son impact plus que sur l’expérience qu’il propose intrinsèquement. Pourtant, ça n’a pas empêché CDProjekt, studio à l’origine de The Witcher, de vendre Cyberpunk 2077 comme le renouveau du jeu de rôle, cinq ans après la fin des aventures de Geralt. Tout semblait trop grand, trop beau, trop tout. Et ce ne fut pas rien, mais pas grand-chose non plus. Avec la chute que l’on ne connaît que trop bien.
Et c’est donc quelques années plus tard que Bethesda, derrière les Elder Scrolls, commence, lui aussi, à vendre un projet qui paraît aller droit dans le mur : Starfield. Lors de l’E3 2011, peu de temps avant la sortie des aventures en Bordeciel, l’inénarrable Todd Howard avait montré les montagnes du jeu et dit « Ce n’est pas un décor ! Vous pouvez vraiment aller au sommet de cette montagne », une scène qui avait été parodiée à foison sur les internets par la suite.
En 2022, pour présenter le RPG de science-fiction prévu pour 2023, Howard nous fait à peu près la même, mais cette fois-ci sur des centaines de planètes que vous pourrez « visiter et atterrir où bon vous semble ». À la question : « Est-ce comme Skyrim ? », Howard répond : « C’est Skyrim dans l’espace ! ». Jugez par vous-même avec la vidéo de nos confrères de Game Spot :
On vous voit venir » Mais c’est un mod graphics enhanced pour No Man’s Sky ? » Ne soyez pas de mauvaise foi ! Skyrim dans l’espace, on vous dit ! Plus sérieusement, n’y allons pas par quatre chemins, si la comparaison avec le titre d’Hello Games est difficilement évitable (les vidéos mettant les deux jeux côte à côte pullulent sur Twitter), la promesse générale semble aller plus loin d’un point de vue de l’immersion et l’interaction que ne le fit No Man Sky’s à sa sortie, même si le titre a su s’améliorer et transcender ses lacunes du départ depuis.
Mais alors, quel est le souci, fondamental, vis-à-vis de ce Starfield ? La taille. Car oui, la taille, ça compte. Mais pas forcément dans le sens de toujours plus grand. Des projets toujours plus pharaoniques tant en termes de moyens humains que de contenu créé sont souvent des colosses aux pieds d’argile. Peut-on réellement imaginer qu’un jeu proposant mille mondes explorables dans leur totalité puisse offrir autant de richesses en termes d’écriture, de narration et de personnages ? Dans un jeu de rôle où la récolte d’objets est un élément central de la boucle de gameplay, comment éviter de rendre la recherche longue, répétitive et fastidieuse s’il vous faut explorer des heures pour trouver le dernier item nécessaire pour le craft du premier objet venu ? Comment éviter les quêtes type « Fedex » ?
Nous ne doutons pas que ces questions ont été posées par les équipes de Bethesda, mais pas sûr que les réponses apportées seront satisfaisantes pour faire du jeu le renouveau du RPG occidental. Alors, évidemment, la hype est présente et nul doute que le jeu aura des qualités, mais le fait que l’on en soit encore au sempiternel débat « taille VS profondeur » montre que les productions actuelles ont encore du mal à gérer leur scope.
Un jeu comme Outer Worlds, développé par Obsidian, proposait une expérience quasi similaire à Fallout New Vegas (du même studio), mais dans l’espace. Et s’il est vrai qu’on aurait pu attendre un aspect technique un peu plus pointu, des espaces relativement clos, mais denses en contenu, une écriture aux petits oignons suffisaient au jeu pour se placer dans le haut du panier. Alors, où placer les limites pour Starfield ? Comment faire en sorte que l’expérience soit prenante de bout en bout ? Un énième sandbox, aussi bien réalisé soit-il, peut-il vraiment prétendre à être le digne successeur du RPG de la décennie passée ? Réponse en 2023 !
Starfield et Redfall reportés à 2023, Microsoft dans la panade ?
Riku
God of War Ragnarok, BotW2, Starfield – Après Elden Ring, où est “the Next Big Thing” ?
n1co_m
Starfield – Le jeu de science-fiction en exclusivité pour Microsoft ?
Mercutio