Décidément, certains n’apprennent pas des erreurs de leurs concurrents. Dans un contexte extrêmement tendu pour plusieurs studios et éditeurs gangrénés par des cultures d’entreprise toxiques et des affaires de harcèlement, Sony Interactive Entertainment n’est pas passé au travers des mailles du filet.
En novembre 2021, une ancienne employée du département en charge de la sécurité informatique du PlayStation Network, Emma Majo, portait plainte contre Sony Interactive Entertainment. Selon cette dernière, elle a été victime d’un licenciement abusif après avoir dénoncé ce qu’elle a perçu comme étant une culture d’entreprise discriminatoire à son encontre et celle des femmes. Malgré la demande de la compagnie au tribunal de rejeter la plainte, Emma Majo avait l’espoir que celle-ci devienne une action collective au nom des femmes qui ont travaillé pour PlayStation.
Cet espoir a été entendu puisque huit nouvelles plaignantes dont sept anciennes employées et une employée actuelle ont rejoint Emma Majo pour dénoncer les mêmes comportements. Les femmes dénoncent toutes les mêmes comportements dégradants dans plusieurs bureaux situés aux États-Unis comme des commentaires désobligeants, des avances malvenues ou encore un manque d’attention porté à leur travail et à leurs idées. C’est sûrement pour cette raison d’ailleurs que PlayStation n’a pas communiqué sur la journée du 8 mars contrairement aux années précédentes où un thème célébrant les héroïnes du constructeur était offert.
Ce qui revient le plus souvent dans les diverses affaires de harcèlement qui ont éclaté ces derniers mois, que ce soit Activision, Ubisoft et ici, Sony Interactive Entertainment, est le manque cruel de considération couplé avec de l’indifférence et une absence de réaction totale, voire insuffisante des supérieurs. Une des plaignantes, Kara Johnson, rapporte dans une lettre que Sony est incapable d’enquêter sur les accusations d’harcèlement sexuel et de discrimination après qu’elle a tenté plusieurs fois d’informer ses supérieurs de la discrimination et de l’absence de réaction venant d’un homme haut placé dans les Ressources Humaines.
C’est notamment cette absence de réaction qui a déclenché chez Ubisoft, le fameux « exode des talents », lassés de devoir travailler pour une entreprise qui ignore les problèmes internes au détriment des bonnes qualités de travail et du bien-être des salariés.
Cette affaire démonte une énième fois l’environnement toxique dans lequel les acteurs de l’industrie du jeu vidéo évoluent et en particulier les femmes, encore trop peu représentées malgré des signes encourageants. En effet, la part des femmes dans les effectifs des studios de développement est passée de 10% en 2014 à près de 15% aujourd’hui, la faute à un conditionnement de genre dès l’éducation, et le choix des études. Malgré tout, les effectifs des éditeurs de jeux comptent aujourd’hui près de 50% de femmes selon l’association Women in Games. Selon le Syndicat des Éditeurs de Logiciels et de Loisirs (SELL), au moins 30% de joueurs français sont des femmes. L’industrie y gagnerait donc dans sa communication à mettre en avant sa sensibilité pour l’importance de la mixité en s’engageant vraiment dans ce combat et non pas juste pour redorer une image.
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