Il y a quelques semaines, la sortie d’un chroniqueur de CNews un peu benêt (qui a dit pléonasme ?) sur le lien fantasmé entre les jeux vidéo et la violence des jeunes avait fait réagir. Beaucoup de joueurs sont en effet un peu fatigués de passer pour des décérébrés auprès de gens n’y connaissant rien, mais ne se privant pas de donner leur avis. Mais il y a un autre aspect de ce cliché relayé par le clown de la chaîne info qui est aujourd’hui (à nouveau) mis à mal : le fait que les jeux vidéo seraient un loisir de jeunes. Les faits parlent d’eux-mêmes : il est communément admis de dater la naissance des jeux vidéo avec l’arrivée de Pong, en 1972. Le jeu vidéo serait donc dans sa 51ème année. Et les jeunes joueurs de 12 ou 13 ans qui jouaient à Pong à l’époque, ou à Space Invaders en 1978, sont aujourd’hui seniors, voire même retraités.
C’est ce que nous rappelle une étude commandée par l’Association Américaine des Personnes Retraitées conduite auprès d’un échantillon de 7 800 personnes, qui conclut que 45% des personnes de 50 ans et plus sont des « gamers », des joueurs de jeux vidéo. L’étude est annuelle, intitulée « Le joueur de 50 ans et plus d’aujourd’hui et de demain », et se résume en huit points importants.
Le jeu vidéo prend de plus en plus de place chez les seniors. L’étude relève ainsi que la proportion de joueurs parmi les anciens n’a pas tellement évolué, mais que le temps passé sur les jeux vidéo, si. De 8,5 heures par mois en 2019, la moyenne de temps de jeu pour les personnes de 50 ans et plus est passée à 12 heures hebdomadaires.
Comme dans l’industrie de façon générale, le mobile s’impose. Et de façon croissante. 80% des personnes interrogées jouent ainsi sur mobile, et 30% ne jouent que sur mobile. D’ailleurs, et probablement de façon un peu liée, l’étude note ce qu’elle appelle « L’effet Wordle » : l’arrivée du petit jeu quotidien et sa popularité incroyable a entraîné tout un genre dans son sillage, et les 50 ans et plus mettent aujourd’hui les jeux de lettres en tête de leurs genres préférés, devant les puzzle games et les jeux de cartes.
C’est une évidence, mais il est bon de le rappeler : le groupe des joueurs de 50 et plus ne forme pas une entité homogène, et les comportements au sein de cette catégorie d’âges sont très divers, allant du joueur le plus « casu », dégainant une fois de temps en temps son téléphone dans la salle d’attente, au joueur plus investi, amateur d’expériences plus chronophages et immersives. L’occasion de débunker l’idée qu’il y aurait une communauté de « gamers » ; les gens qui s’adonnent au loisir vidéoludique sont aussi différents les uns des autres que les usagers du métro…
Les joueurs expriment dans leur grande majorité les bénéfices qu’ils ressentent à jouer aux jeux vidéo, et que ceux-ci les aident notamment à mieux vieillir. Ce qui les motive d’ailleurs principalement à jouer, c’est le fun, mais aussi la capacité des jeux vidéo à réduire le stress. Un bénéfice qu’on trouve d’ailleurs aussi chez les joueurs âgés de 40 à 49 ans.
Parmi les quelques bémols prononcés à l’encontre du média, le prix arrive en premier. Les joueurs seniors sont aussi très sévères avec le modèle du free-to-play, et considèrent les publicités interrompant les sessions de jeu ainsi que les microtransactions nécessaires au progrès dans une partie comme les fonctionnalités les plus frustrantes. Enfin, il faut aussi relever un sentiment général d’exclusion : ces joueurs de 50 ans et plus notent que de façon générale, peu de jeux sont pensés avec à l’esprit le public qu’ils représentent.
Il faut s’y faire, les vieux d’aujourd’hui ne sont pas les vieux d’hier ! Une assertion aux allures de Lapalissade qui paraît stupide, mais qu’il semble néanmoins bon de rappeler, tant l’image qui est renvoyée des seniors ne semble pas avoir bougé depuis les années 70… Avoir 60 ans en 2023, cela signifie avoir été ado à la fin des années 70, au début des années 80, c’est-à-dire avoir écouté David Bowie, Kate Bush, Bob Marley, ou Blondie ; avoir vu Rocky, Ghostbusters et Gremlins au cinéma ; et avoir claqué son argent de poche dans les bornes Asteroids et Pac Man… Eh oui, d’ici peu, il faudra installer des consoles dans les EHPAD !
L’IGDA demande plus de transparence au générique des jeux
Lila
Et si Pokémon Sleep était mauvais pour la santé ?
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