Plus le temps passe et plus nous voyons fleurir parmi nos sorties de jeux des noms (trop) bien connus. Qu’ils soient des remakes ou autres remastered, on prend de plus en plus l’habitude de les côtoyer. Récemment, un des développeurs de chez Naughty Dog a même dû défendre The Last of Us Part I contre les critiques de joueurs ayant pour certains acheté déjà deux fois le jeu. Alors, toutes ces pratiques relèvent-elles d’une réelle nécessité ou bien ne sont-elles que des arnaques déguisées, surfant sur une vague de nostalgie qui ne cesse de croître ?
De l’importance des « RE »…
Même si souvent, nous pouvons pester contre une industrie qui semble se reposer sur ses lauriers, certaines licences souffrent du silence qui leur est offert. Certains grands noms du jeu vidéo ont malheureusement subi de longues traversées du désert avant de se voir finalement honorés d’un peu de lumière par la création d’un remake ou d’un remaster. Si l’effort alloué à leur création n’est pas toujours égal, il est nécessaire que certains de ces titres reviennent, ne serait-ce que pour qu’un public plus jeune les découvre.
Parfois, c’est une technique vieillissante qui peut rebuter même les plus grands fans en ne leur donnant pas envie de se relancer dans des aventures qu’ils ont connues dans leur enfance, rendant le voyage bien moins beau que dans leurs souvenirs. Remettre ces titres au goût du jour offre donc l’opportunité à ces récits d’être parcourus de nouveau sous des auspices plus cléments, revigorant des souvenirs que l’on croyait enfouis et perdus à jamais.
Sinon, la raison qui prime selon certains serait une sorte de conservation du patrimoine vidéoludique. Certains titres sont devenus si rares à dégoter que les remakes et remasters sont devenus des alternatives viables afin de se les procurer à des tarifs (parfois) raisonnables. Tous ne peuvent pas débourser des centaines d’euros dans des jeux rétros et pouvoir les obtenir dans des versions remaniées sans avoir à se contenter de manger des pâtes pendant plusieurs mois semble être une bonne option.
Plusieurs raisons peuvent ainsi se ranger du côté de la nécessité de ressortir d’anciens jeux sous différentes formes. Parfois, elles se suffisent à elles-mêmes et justifient les ressorties qui s’enchaînent sans discontinuer. Mais souvent, les raisons de ses réitérations se trouvent ailleurs…
… à l’abus et l’appât du gain
Le temps court et notre passion commune n’en est plus à ses débuts. L’époque de la création à la lumière d’une ampoule fatiguée dans de sombres garages est révolue, et si la volonté de bien faire anime encore beaucoup d’acteurs du milieu, il est aujourd’hui question de chiffres avant tout. Et quoi de mieux pour engranger des bénéfices que de capitaliser sur des noms que le public connaît déjà ? Car s’il y a bien un domaine du jeu vidéo, outre que le développement en lui-même, qui atteint des niveaux stratosphériques, c’est bien celui du marketing.
La création d’un remake ou d’un remaster assure ainsi à l’éditeur des économies sur le budget alloué à la publicité, sans compter celui réalisé sur le développement lors de la création d’un remaster. La promesse de retrouver ce qu’on l’on a connu finit souvent de convaincre les potentiels acheteurs, qui s’empressent de vendre les mérites de l’œuvre d’origine à ceux qui ne la connaîtraient pas. Quand on est désireux de satisfaire des actionnaires dont la pression ne cesse d’augmenter, il faut présenter de bons chiffres, avec le moins de dépenses superflues possible.
L’engrenage nostalgique se met alors en place et nous, joueurs, sommes des pièces qui s’emboîtent parfaitement dans cette machinerie. Nous sommes avant tout des êtres de passion, et notre passion nous mène irrémédiablement à attacher un aspect émotionnel aux œuvres qui nous ont marqués. Qui n’a pas au moins un jeu dont il se rappelle le jour de l’achat ou la première fois où il l’a inséré dans sa console ? Afin de retrouver ces sensations perdues, nous monnayons nos souvenirs de jeunesse contre quelques dizaines d’euros.
Certains en profitent de plus en plus, et cela commence vraiment à se voir. Sony, par exemple, ne se cache même plus de vouloir faire rentrer de l’argent sur le dos de ceux qui adulent leurs licences. Des compilations sur PS3, telles que la Jak & Daxter Trilogy, à celles sorties sur PS4 comme la Uncharted: Nathan Drake Collection, le constat reste le même quand on parle de la génération en cours. Uncharted: Legacy of Thieves Collection, Ghost of Tsushima Director’s Cut, Death Stranding Director’s Cut, tous sont sortis sur PS5 certes plus beaux et avec du contenu supplémentaire pour les deux derniers, mais avec un coût de développement certainement moindre pour un prix similaire.
Le point culminant aura été atteint avec l’annonce de The Last of Us: Part I lors du Summer Games Fest. Ce sera la troisième itération du jeu en trois génération et ce dernier sera vendu au prix fort : 80€. La grogne des joueurs ne s’est pas fait attendre, comme nous l’évoquions ci-dessus, si bien qu’il a fallu justifier de ressortir un jeu vieux d’à peine dix ans et déjà ressorti une première fois, au tarif plein.
Quand on parle de remake ou de remaster, nous avons tous tendance à nous accorder sur le fait que le prix devrait être revu à la baisse. Si le but est vraiment de toucher un nouveau public, quel autre intérêt que celui de faire rentrer de l’argent facilement justifie de payer si cher une œuvre vieille de plusieurs années ? Le prix pour un « RE » est considéré bon, en général, aux alentours des trente à quarante euros. C’était le prix de la Crash Bandicoot N’Sane Trilogy, et c’est le prix actuel de Klonoa: Phantasy Reverie Series.
Le problème : les joueurs
Même si les éditeurs abusent de plus en plus, ils n’auraient aucun intérêt à produire ce genre de titres si la demande n’était pas si forte. Sony et consorts ont forcément leurs responsabilités dans la montée du phénomène, mais nous, joueurs, sommes coupables à plus d’un titre. Aveuglés par des sentiments que nous partageons avec nos œuvres favorites, nous réclamons à cor et à cri de nouvelles itérations de nos licences de cœur.
Désireux de pouvoir mettre les mains sur une suite, nous devons avant tout nous frotter à l’hésitation des éditeurs qui ont besoin de tâter le terrain. Préférant vérifier que le poisson est bien ferré, la sortie des remasters ou d’un remake leur permet de prendre la température et, si l’eau est bonne, de plonger dans le grand bain. Crash Bandicoot 4 est né du succès des remakes, pour ne citer que lui.
Et le problème est bien là : plus nous achetons, plus nous voulons, plus ils produisent. Et le cercle se répète avec autant de déclinaisons qu’il y a de titres et de joueurs. La solution serait de briser une partie de ce lien qui nous unit à nos œuvres favorites afin de le recentrer sur des créations originales, plutôt que sur un énième remake. Cela encouragerait sans doute les éditeurs à mettre les moyens nécessaires afin de nous proposer de nouvelles histoires qui pourront se hisser au niveau de nos souvenirs.
Il n’y a pas pire boulet au pied que celui que nous nous accrochons nous-mêmes, surtout quand on en donne les clés.
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