Poursuivi pour la rondelette somme de 656 millions de livres au Royaume-Uni, le procès de Steam qui vient de s’ouvrir souligne encore toute cette histoire de monopole des plateformes. Si les consommateurs anglais ne semblent pas hésiter à saisir la justice pour ce genre d’affaire, Sony avait été poursuivi pour les mêmes raisons l’année dernière, on se rappelle que la commission européenne, via l’affaire Epic-Apple de mars, reste aussi très réactive sur ces affaires.
Quoi de nouveau dans ce procès ? Absolument rien. Nous parlons toujours de ces 30% de commission qui sont pris par l’entreprise de Gabe Newell dans un marché de plus en plus dématérialisé. En effet, cela ne fait plus vraiment sens aujourd’hui car ces 30% recouvraient les frais des impressions de galettes, de boîtes, de logistique, etc.
Avec l’arrivée de l’Epic Game Store il y a 4 ans et sa marge à 15%, véritable pavé dans la mare, la boîte de Tim Sweeney voulait montrer les abus de monopoles de ces géants qui, malgré le passage au tout numérique, non pas songé à modifier la commission de 30% dans leurs contrats. Simple oubli certainement !
Une commission moindre pourrait pourtant changer beaucoup de choses, des jeux moins chers, extrêmement profitables aux consommateurs et aux studios indés qui verraient leurs jeux encore plus accessibles. Ou tout simplement des jeux aux mêmes prix mais avec une rémunération bien plus intéressante pour les studios, ce qui mènerait peut-être vers moins de licenciements, qui sait ?
Justement, et pour en revenir à Steam, il faut rappeler que l’entreprise avait déjà été attaquée par un développeur et également par des joueurs via la Cour fédérale de Californie. Le développeur voulait démontrer l’abus des 30% et les joueurs, l’abus de monopole car l’entreprise forcerait les studios à signer une clause de « Most Favored Nations » obligeant ces derniers, entre les lignes, à vendre leurs jeux au même prix ailleurs que sur Steam.
En plus de cette clause, les conditions de ventes pour les développeurs les obligent à pratiquer un tarif qui « n’handicaperait » pas Steam (ceci est tacite, bien entendu) à savoir mettre un tarif trop haut pour alléger l’impact des 30%. On voit bien qu’avec la clause de Most Favored Nations, Steam entrave toute velléité pour les développeurs à sortir leur épingle du jeu, ce sont les règles du géant qui sont à suivre et aucune discussion n’est possible.
Le problème véritable est que tout ceci est libre d’interprétation. Il n’est écrit nulle part, noir sur blanc, que si vous proposez un jeu plus cher à Steam que sur Epic par exemple, votre jeu sera refusé, ce qui est illégal soit dit en passant.
Cerise sur le gâteau, Valve se réserve le droit d’étudier votre proposition de prix et d’accepter ou non votre tarif. Pourtant, mais il s’agit certainement d’une coïncidence, lorsque Valve s’aperçoit que votre jeu est disponible moins cher ailleurs, votre jeu est refusé. Etrangement également, lorsqu’une exclusivité n’est pas sur Steam, au hasard Alan Wake 2, véritable AAA, le prix n’est pas de 70€ mais de 50€.
Même si maintenir une position hégémonique n’est pas illégale, une domination verrouillée qui freinent la montée de la concurrence est, elle, beaucoup plus problématique. Les voix prennent de plus en plus d’assurance ces dernières années, en accord avec ce procès Steam, et ce n’est plus seulement les fameux 30% qui sont mis sur le devant de la scène mais bien le problème de la concurrence écrasée par l’obésité de l’entreprise américaine qui cadenasse le marché des jeux vidéo PC.
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