L’année 1989 a vu naître la licence Prince of Persia, un des pionniers du jeu de plateforme. Imaginée à l’époque par le programmeur Jordan Mechner, la franchise a laissé son développement à bien des studios avant qu’Ubisoft ne rachète les droits en 2003, pour se lancer dans le développement d’un volet nommé Les Sables du Temps. Ce nouvel opus ouvrira la porte à une trilogie répondant au même nom, alors même que les aventures du prince de Perse étaient sur le point de disparaître.
Par la suite, le géant français continue de se pencher sur la franchise inspirée des Mille Et Une Nuit avant de déclarer en avril 2008 que plus de 20 millions d’exemplaires ont été vendus à travers le monde. C’est en 2010 que sort « Les Sables Oubliés », dernier volet en date de la licence à succès. Mais il était impossible pour les papas d’Assassin’s Creed de laisser Prince of Persia s’éteindre. C’est pourquoi après quatorze ans sans nouvelles, la Perse revient narrer ses contes avec Prince of Persia: The Lost Crown, un metroidvania en 2,5D développé par les équipes montpelliéraines d’Ubisoft. Et il semblerait que le studio ne compte pas repartir sans la couronne perdue.
(Test de Prince of Persia: The Lost Crown réalisé sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Une ode surprenante
Prince of Persia: The Lost Crown avait étonné lors de sa première annonce, de par sa direction quelque peu inédite et son hommage évident aux premiers opus de la série à succès. Alors que le dernier volet en date optait pour de la 3D, le prince Sargon et ses amis ne suivront pas la même direction, puisque The Lost Crown opte pour le metroidvania, un sous-genre auquel le titre semble se prêter avec brio.
On reconnaîtra aisément les codes d’un Hollow Knight ou d’un Ori, et le choix de la difficulté du titre nous permet de nous y croire davantage. Il est certain que ce nouveau volet est une véritable ode à Prince of Persia premier du nom, et pour une licence qui gravite autour du temps, il n’est pas surprenant de voir que l’on nous fait revenir en arrière. Ainsi, le studio opère un retour des plus inventifs en sortant cette nouvelle production, et il ne sera sans doute pas difficile pour les fans de la première heure de se laisser surprendre par ce joli saut dans le temps.
Metroidvania à la sauce Perse
Prince of Persia: The Lost Crown trouvera ses points forts dans la complexité de son univers et dans la manière dont ce dernier saura vanter les différentes mécaniques du titre. Bien que l’exploration ait souvent été le point fort de la licence, ce nouveau volet la met davantage en avant et les codes du sous-genre sont respectés à la perfection. Nous ne sommes pas seulement contraints de retourner sur nos pas pour explorer de nouveaux recoins, nous aurons véritablement envie de le faire.
L’univers s’articule sous la plus labyrinthique des formes, et il est toujours intéressant d’aller voir plus loin, d’aller explorer derrière ce mur caché ou au-dessus de cette plateforme inaccessible. Et finalement, c’est tout ce côté « ah tiens, y avait ça ici ? » qui rendra le titre amusant. En plus de proposer bien des mécanismes différents à activer et des grottes secrètes à explorer, la production mettra en lumière treize biomes différents.
Le Mont Qaf est vaste, regorge d’un bestiaire fourni à souhait et sait surprendre à chaque nouveau plan. Le jeu poussera le joueur à la réflexion à maintes reprises, et les différentes mécaniques du titre se marieront on ne peut plus aisément avec le monde de Sargon. Double saut, saut prolongé, retour en arrière ou utilisation de l’arc et du Chakram, rien n’est laissé de côté et il est réellement plaisant de découvrir un titre ouvert sur autant de possibilités distinctes.
Nous ne passerons évidemment pas à côté de la multitude de collectibles qu’il est possible de dénicher dans les couloirs du Mont Qaf, et saisirons peut-être enfin un intérêt à prendre part aux quêtes annexes d’un titre. Il est en effet impressionnant de voir à quel point le jeu ne laisse rien au hasard et nous constaterons rapidement que tout sert.
Une quête annexe récompensera le joueur d’une monnaie qu’il pourra dépenser pour l’amélioration d’une capacité, les boss annexes participeront à la croissance de la barre de vie du héros, une rencontre pourra révéler une partie de la carte ou un combat nous donner accès à une nouvelle capacité. Vous l’aurez compris : ne laissez rien au hasard et explorez tout ce qui vous autorise à le faire, vous comprendrez ainsi pourquoi 30h sont nécessaires pour parvenir aux 100% du nouveau titre d’Ubisoft.
Je suis la Perse
La licence Prince of Persia est toujours partie chercher ses inspirations au travers de différents contes de la littérature arabe et persane, et ses différents volets ont toujours tenté de mettre en avant de nombreux mythes et légendes, avec une genèse bien distincte à chaque fois. Prince of Persia: The Lost Crown place son récit sous le blason de la troupe des Immortels, des soldats d’élite mis au service de la reine de Perse pour lutter contre les différentes forces extérieures.
Placés dans la peau de Sargon, nous verrons que cette fameuse troupe des Immortels ne veut pas dire grand-chose, puisque les différents personnages du titre n’apparaîtront quasiment pas durant l’aventure. L’écriture des personnages de Prince of Persia: The Lost Crown manque de justesse, et même en nous expliquant que toute la troupe mettra ses forces en jeu pour délivrer le prince, Sargon se retrouvera vite à faire le boulot pour tout le monde, avec des têtes que l’on ne croisera qu’à l’occasion de deux ou trois dialogues stériles.
Ainsi, le récit entier se retrouve écrasé par les points sur lesquels le jeu brille, et lorsque l’on prend part à l’aventure, tout passe trop vite, tout vient certainement trop tôt, et la production se détache rapidement de son fil conducteur pour laisser place à l’exploration évoquée plus tôt. Peut-être qu’un juste équilibre entre exploration et écriture aurait été apprécié afin de laisser une place équitable à chaque aspect du jeu.
Personne n’a le temps
Il faut dire qu’en plus de l’exploration, l’histoire du jeu s’est fait engloutir par les combats. Le nouvel opus propose tellement de mouvements différents pour venir à bout de nos ennemis qu’il devient parfois difficile de tout retenir. Mais un coup bien placé laisse place à des animations spectaculaires à côté desquelles il serait dommage de passer. L’obtention des différentes mécaniques est plutôt bien orchestrée, et les différents « éclats d’Athra », capacités spéciales du titre, viennent rendre compte de l’étendue de ce qu’accorde le titre à ses affrontements.
Nous verrons par ailleurs que les boss s’enchaîneront bien. Nous finirons même par tomber dessus de nous-mêmes, qu’ils fassent partie de la trame principale ou du suivi annexe des aventures de Sargon. Chacun des adversaires demandera une réflexion différente de la part du joueur en fonction des mécaniques obtenues au moment du combat, et il se peut qu’une certaine difficulté se fasse sentir au cours de certains affrontements.
Prince of Persia: The Lost Crown est un retour des plus réussis. L’exploration est de mise et reste le point fort de cette nouvelle production. Chacun des recoins du Mont Qaf vaut le détour, et le jeu rend véritablement accro à la découverte de ses nouveaux environnements. Et il semblerait que cela tombe à point nommé lorsque l’on nous propose pas moins de treize biomes différents à découvrir. L’univers du titre est vaste, labyrinthique, et croyez-nous, vous n’êtes pas près d’en sortir.
Cependant, ce bel avantage vient écraser un récit sans grand intérêt, dans lequel on ne s’attache à aucun des personnages, pas même au héros. Le studio propose une histoire des moins intéressantes, et nous verrons de toute façon rapidement que ce n’est pas le point sur lequel les équipes ont mis le plus de temps à se pencher. En effet, les combats prendront eux aussi le dessus, au même titre que l’exploration, et nous nous mettrons vite en quête d’une nouvelle capacité à exploiter tant ces dernières rendront le tout jouissif.
Enfin, nous espérons que ce retour permettra à la licence de revenir sur le marché pour de bon et pourra nous montrer la Perse colorée de nouvelles nuances, loin des générations de consoles qui l’avaient mise en valeur. Un remake des « Sables du Temps » semble se profiler depuis quelque temps, reste à voir quand cet opus sera révélé au grand jour, et s’il ouvrira la voie à d’autres prétendants au titre de Prince de Perse, emprunté depuis maintenant trente-cinq ans. Prince of Persia: The Lost Crown est disponible sur PS4, PS5, Xbox ONE, Xbox Series X/S, Switch, PC et Amazon Luna.