La franchise Mana est probablement l’une des meilleures du J-RPG. Pourtant, elle reste assez confidentielle en Occident, surtout en Europe, alors qu’elle a accouché de véritables bijoux qui ont participé à l’émancipation et l’essor du jeu de rôle à la japonaise dans le monde entier. Secret of Mana ou encore Seiken Densetsu 3 (Trials of Mana donc) et Legend of Mana font partie des meilleurs jeux des supports sur lesquels ils sont parus. Outre les épisodes canoniques, dont le dernier représentant n’est autre que le très moyen Dawn of Mana sorti sur PlayStation 2, il existe aussi une ribambelle de spin-off qui ont participé à ancrer la saga dans l’histoire du jeu vidéo.
Tout comme Final Fantasy, les univers diffèrent entre chaque épisode et il existe toujours (ou quasiment) des similitudes entre chacun d’entre eux, la plus grande étant ici l’Arbre Mana souvent au cœur de l’intrigue principale. Et c’est le cas de ce Trials of Mana qui nous embarque dans une quête salvatrice de l’arbre. Il est sorti pour la première fois officiellement et traduit dans la langue de Molière par le biais de la compilation Collection of Mana sorti l’année dernière sur Nintendo Switch, soit 25 ans après être paru sur Super Famicom uniquement au Japon.
Mais pour bien faire les choses, Square Enix a décidé d’en réaliser un remake digne de ce nom, un peu à la manière de celui de Secret of Mana sorti en 2018. On espère juste que ce dernier se montrera qualitativement supérieur, surtout que ce troisième épisode est considéré comme l’une, si ce n’est la meilleure entrée de la franchise. Alors après plus de deux heures de jeu sur la démo parue il y a quelques jours, qu’avons-nous pensé de Trials of Mana ? Réponse dans les lignes qui suivent.
Trials of Mana n’est pas un J-RPG comme les autres, il se démarque avant même que nous nous lancions dans l’aventure lors du choix des personnages que nous pourrons incarner et qui seront au centre de l’histoire. Sur un panel de six, nous devons en effet en choisir trois, dont un qui sera le leader désigné. Chacun d’eux possède des aptitudes propres, Angela est par exemple une sorcière hors pair, Duran un guerrier aguerri et Hawkeye un voleur rapide qui se bat à l’aide de dagues.
Chacun d’entre eux possède une histoire unique, ainsi en fonction du personnage que l’on choisit, notre point de départ, ou plutôt le prélude, sera différent. D’autres choses changent forcément, comme les lignes de dialogues et parfois même l’ennemi principal de base. Ils ont tous des objectifs différents et ils vont pourtant devoir s’allier pour sauver le monde d’un danger bien plus grand que ce qui tracasse leur petite personne.
L’Arbre Mana, réceptacle de la déesse du même nom, se meurt et les pierres renfermant les dangereux Bénévodons sont sur le point de se briser, ce qui relâcherait ces terribles dieux destructeurs sur la surface terrestre. Pour éviter d’en arriver là, un élu se doit de partir en quête de l’épée Mana et redonner force et vigueur à l’Arbre qui exaucera ainsi le souhait de son choix. Le hasard faisant bien les choses, il se trouve que ce héros, c’est vous, ou en tout cas le personnage que vous aurez choisi pour être le principal.
Élu un peu par la force des choses comme vaisseau corporel par une fée, il vous revient de trouver l’épée et ramener la paix sur Terre. Mais de dangereux ennemis se dresseront sur votre chemin, certains tentant de réveiller les dieux endormis afin d’acquérir un pouvoir qui défie l’entendement.
Une douce mélodie classique
Vous l’aurez compris, on est ici face à ce que le J-RPG peut faire de plus classique. Cependant, le côté choix de personnages qui démarrent tous d’un endroit différent et les quelques variations qui vont avec par la suite permettent à ce Trials of Mana de se montrer un peu plus ambitieux. Cela l’était en tout cas à l’époque et même si c’est finalement assez limité, cela permet non seulement de donner une personnalité et un but premier aux héros, mais aussi de rendre l’univers interne du jeu crédible et cohérent.
Ainsi, même les héros qui ne font pas partie de votre groupe sont pris en compte dans l’histoire et leur vécu est intégré au scénario et à la construction du monde. Tous se retrouvent après leur introduction respective à Astoria, ville tombée entre les mains des viles Lycanthropes, et ont comme but de rejoindre la petite bourgade de Wendel pour y rencontrer le prêtre de Lumière qui les aiderait à régler leurs problèmes personnels. Et c’est là que tout démarre, la fée, les esprits élémentaires, la quête pour trouver l’épée Mana, mais il va falloir patienter jusqu’au 28 avril prochain pour découvrir la suite.
Ces deux heures et des poussières de jeu nous ont permis d’avoir un aperçu assez complet des dialogues, de la mise en scène et de l’ambiance globale qu’adopte Trials of Mana. Sans surprise l’univers est assez enfantin à première vue, notamment de part des graphismes très colorés et typés Cel Shading. Mais attention, ceci est un trompe-l’œil, car les sujets développés par cet épisode sont bien plus graves que ne le laisse entendre sa proposition graphique.
Le jeu n’est clairement pas une bête de compétition technique et s’il reste très joli, grâce à une superbe direction artistique, il aurait clairement pu sortir sur la génération précédente. Mais la reconstitution des lieux iconiques de l’original est franchement bien faite, tout comme la restitution du bestiaire, toujours aussi mignon d’ailleurs, et le character design des personnages que l’on reconnaît au premier coup d’œil. D’ailleurs, certains PNJ ont bénéficié du même soin et sont quasiment identiques à leur modèle 2D.
En revanche, concernant les dialogues, ainsi que la mise en scène, le bât blesse un peu. L’écriture est certes très fidèle à l’original, au mot près parfois, mais cela aurait mérité un peu de réécriture, car on n’est plus en 1995, et la narration a évolué depuis. La mise en scène est elle assez rigide, cela manque un peu de vie, et si on comprend ce qui se passe, émotionnellement le cardiogramme reste plat, même lors de certaines séquences assez graves.
Et ce même si l’OST remastérisée de Hiroki Kikuta est d’une beauté auditive à tomber par terre dès les premières notes et se charge de véhiculer en nous toutes sortes de mélodies marquantes et transpirantes d’un océan d’émotions. Tout ceci s’accompagne d’un côté « niais » que beaucoup vont aimer et d’autres non qui caractérise nombre de J-RPG et qui dans un Mana trouve un écho certain. C’est l’une des caractéristiques principales de la saga, surtout depuis son passage à la 3D, mais encore une fois, il faut savoir voir outre pour découvrir une réelle richesse d’univers et de propos qui se cache derrière.
Trials of Mana : le A-RPG dans le style
Là où on attendait aussi Trials of Mana, c’est sur son gameplay et son système de combat. Pourquoi ? Parce que c’était à notre sens le point faible de l’original qui manquait cruellement de dynamisme et rendait certains affrontements assez compliqués pour pas grand-chose. Les équipes de Square Enix ont donc réussi à rattraper le coche, tout en gardant quelques spécificités du jeu de 1995.
On a alors droit à des combats en temps réel durant lesquels on peut donner divers coups, normaux, chargés et de zone, tout en pouvant esquiver via une roulade les attaques ennemies. C’est simple, facile de prise en main et efficace, même si cela ne révolutionne pas le genre. Aussi, il faut s’adapter à certains opposants, comme ceux demandant d’être frappés en l’air ou d’autres qui, entourés d’un bouclier, nous obligent à charger un coup pour le briser.
Par ailleurs, il est possible de gérer un chouïa le comportement de l’IA alliée en combat via un onglet stratégie dans les options. On y décide alors du style qu’elle doit adopter, de l’offensive à l’utilisation de magie de soutien, à la fréquence à laquelle elle utilise un objet ou encore l’ennemi qu’elle doit cibler en priorité. Sachant que l’on peut à n’importe quel moment d’un combat switcher entre nos trois personnages pour pourquoi pas créer un enchaînement d’attaques spéciales en jonglant entre les différents combattants, autant dire que c’est d’un dynamisme à toute épreuve, et ce, malgré une caméra qui a parfois du mal, à cause aussi d’un système de lock qui foire de temps en temps.
Autrement, on retrouve tout ce qui a fait le sel de la saga, à savoir la roue des compétences et objets, l’évolution des personnages via un système d’expérience classique qui leur permet de dépenser des points dans diverses aptitudes et de débloquer des compétences passives et actives. Certaines peuvent même être bénéfiques au groupe entier de héros. Le même constat est à faire pour tout ce qui concerne la gestion de l’équipement, puisqu’on change d’armes ou de pièces d’armure quand on en trouve de plus puissantes ou que l’on s’en paie une dans un des magasins ouverts dans les différentes villes et villages. On retrouve là-bas tout ce à quoi on peut s’attendre, des différents points de vente aux échoppes en passant par les auberges. Ces dernières nous permettent même d’utiliser des graines pour faire pousser des plantes, objets nous donnant des petits cadeaux aléatoires, en plus de pouvoir nous reposer dans un lit bien douillet.
Ceci nous permet de rebondir sur l’une des particularités de Trials of Mana, le cycle jour/nuit. Semblant être en temps réel, il faut savoir que certaines quêtes se passent et sont faisables uniquement de nuit ou de jour. On peut alors choisir de ne faire qu’une sieste en auberge pour faire passer le temps. De plus, le jeu fourmille de coffres et secrets à trouver dans ses différentes zones explorables. Il faut savoir que le soft n’est pas un open world comme on pourrait l’imaginer, mais plus un open field similaire aux Tales of. D’ailleurs, de par son système de combat ou encore sa patte graphique, Trials nous a vraiment fait penser à certains moments à cette autre saga.
La démo nous introduit aussi au système d’éléments, mais se termine avant d’approfondir les choses. En quelques mots, pour accomplir notre mission, il nous faut trouver des esprits élémentaires qui nous donnent ensuite la possibilité de débloquer de nouvelles compétences uniques. On les utilise lorsqu’une ou plusieurs petites jauges se chargent pendant les combats en ramassant des orbes que les ennemis lâchent lorsqu’on les touche ou qu’ils meurent. Globalement, le mélange exploration/combat fonctionne très bien et si rien ne surprend vraiment et qu’on semble en terrain conquis d’avance, on a franchement aimé et on attend avec impatience le jeu complet.
Trials of Mana nous a fait très bonne impression durant ces plus de deux heures de jeu. Certes c’est très classique, techniquement dépassé et peut mieux faire en termes d’écriture, mais l’univers Mana est unique et le restera. On a souvent essayé de le copier, on ne l’a jamais égalé.
Ce remake, vraiment très joli, reprend les très bonnes idées du jeu original datant tout de même de 1995 pour les réadapter à nos exigences modernes. Et il le fait bien, même très, en tout cas suffisamment pour que l’on ait une folle envie d’en voir bien plus. Oubliez le remake raté de Secret of Mana et inscrivez sur vos calendriers la date du 28 avril 2020.
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