Développé par le studio rennais Wild Wits et édité par Playdigious, Crown Gambit s’était déjà distingué par sa direction artistique singulière et ses ambitions narratives. Après avoir pointé le bout de son nez aux Pégases récemment, il refait parler de lui par l’intermédaire d’une démo, l’occasion pour nous de vous livrer nos premières impressions sur un prometteur tactical RPG avant tout axé sur sa narration.
Comme évoqué, c’est sa patte artistique qui nous tabasse la rétine immédiatement. L’univers sombre et pesant du jeu se construit à travers un style visuel fort, porté par l’artiste Gobert. Et qui dit dark fantasy aujourd’hui, dit bien souvent Kentaro Miura et Berserk, surtout dans le jeu vidéo grâce à FromSoftware. Comme chez Miura, les armures imposantes et détaillées de certains personnages traduisent à elles seules l’oppression et la violence du monde dans lequel ils évoluent.
On retrouve également Mike Mignola en inspiration, le créateur d’Hellboy, avec ces ombres marquées et ces formes anguleuses qui donnent du relief aux silhouettes. Une direction artistique donnant une vraie identité au jeu, qui détonne tout de suite par rapport au reste des productions du genre. Certains environnements en combat bénéficient d’une mise en scène sympathique, comme une pluie s’abattant sur le plateau de jeu. Une réussite, même si l’on aimerait plus d’effets dynamiques pour amplifier cette atmosphère pesante.
L’histoire suit trois paladins aux passés et aux motivations bien distincts, chargés de protéger un héritier royal et se retrouvant au cœur d’un imbroglio politique suite à un régicide. L’une des forces du jeu réside dans cette équipe hétéroclite, où chaque personnage est issu d’un milieu social différent et apporte son propre point de vue sur les événements : Aliza ayant tourné le dos à son sang bleu, Rollo, le prolétaire ayant les crocs et ne désirant qu’ascension sociale, et enfin Haël, le fervent religieux au grand cœur, inadapté socialement.
Si la cinématique d’introduction alourdit un peu l’entrée en matière en nous jetant son univers brusquement au visage, la démo rassure rapidement en évitant les dialogues trop verbeux. L’écriture reste efficace, et les choix proposés semblent avoir un impact réel sur le déroulement de l’histoire. Un bon équilibre qui, espérons-le, sera maintenu sur la durée.
Crown Gambit ne se contente pas d’être un jeu narratif au parfum de visual novel, il propose aussi des combats stratégiques au tour par tour, dans lesquels chaque personnage est représenté par des cartes sur une grille de bataille. Chaque paladin possède son propre deck de cartes représentant des compétences, que l’on débloque via plusieurs arbres à la montée de niveau.
Un ajout qui semble central à cette structure est la mécanique de Grâce Ancestrale, qui permet d’activer un effet puissant sur une carte en échange de son bannissement pour le reste du combat. Mais cette capacité a surtout une autre conséquence : elle remplit une jauge d’influence, c’est à dire de santé mentale.
Plus elle est élevée, plus le personnage risque de perdre le contrôle et de lâcher des dingueries dignes d’un plateau chez BFMTV, influençant ainsi les dialogues et les décisions du groupe. Une mécanique fort prometteuse, et qui, on l’espère, sera bien intégrée au scénario et bien équilibrée grâce à la possibilité de réduire notre jauge via le sacrifice de puissantes reliques.
Notons aussi des séquences de poursuite et de fuite ponctuant l’aventure, qui viennent apporter de la variété et du rythme entre dialogues et combats. Si les bases du jeu sont solides, l’interface souffre encore de quelques défauts. Les infobulles sur certains mots en surbrillance dans les dialogues sont les bienvenues, mais il est juste frustrant que le texte soit coupé et qu’il faille cliquer pour aller lire l’entrée encyclopédique en entière.
Certains menus et éléments de l’UI mériteraient aussi d’être plus intuitifs en combat, notamment pour mieux comprendre les malus et bonus appliqués aux cartes. Il est parfois un peu confus de vouloir regarder les détails d’un ennemi alors que l’on a l’un de nos personnages sélectionné. Rien de trop rédhibitoire, mais quelques ajustements rendraient l’expérience bien plus fluide.
Cette démo de Crown Gambit confirme que le jeu a une véritable identité, aussi bien artistique qu’en matière de gameplay. La mécanique de Grâce Ancestrale, utilisée en combat mais ayant un impact sur nos personnages à long terme, est brillante. Enfin, à condition que ces éléments aient un réel impact sur l’histoire et que les promesses soient tenues.
Quelques améliorations techniques restent nécessaires, notamment du côté de l’interface et de l’expérience utilisateur, ce qui sera primordial pour essayer de capter l’attention du public peu intéressé par les jeux narratifs. Mais si Wild Wits parvient à peaufiner ces détails et à exploiter pleinement ses promesses narratives, son travail pourrait bien sincèrement marquer l’été 2025, et nous avons hâte de poser les mains sur la version finale.
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