Près de six mois après sa sortie, Overwatch 2 va-t-il se réapproprier les mécaniques d’Overwatch dont il s’était pourtant débarrassé pour créer une illusion de différence ? Il semblerait bien que les équipes de Blizzard soient contraintes de ressusciter celles qui marchaient très bien dans le premier jeu, après les avoir retirées du second sur l’autel non pas du changement, mais du sentiment de changement, traduisant par là même toute la difficulté du studio à justifier une suite à son FPS compétitif. C’est ainsi dans un blog qu’Aaron Keller, le directeur du jeu, revient sur son lancement et les réflexions de ses équipes quant à son futur :
« Overwatch 2 est sorti il y a près de six mois. Il est difficile de croire que nous terminons la saison 3 et que nous sommes sur le point d’entamer la saison 4, et qu’il nous reste encore beaucoup de moments passionnants à vivre. Plutôt que de parler d’un sujet spécifique cette semaine, comme le matchmaking, j’ai pensé que nous pourrions revenir sur les six derniers mois et parler de la façon dont nous pensons que le jeu se comporte et de ce que nous avons appris au cours de cette période. »
Sans surprise, le premier point évoqué concerne l’équilibre du jeu. Aaron Keller confie qu’il s’agit de sa priorité, tant les retours des joueurs mettent en avant la difficile survie des personnages de Soutiens dans Overwatch 2. Effectivement, en supprimant le duo de Tanks et les capacité de stuns (c’est-à-dire d’étourdir un joueur très brièvement) de nombreux personnages, il est difficile pour une équipe de contrer les Tanks et DPS qui « divent » (c’est-à-dire profitent de leur rapidité et survivabilité pour attaquer une cible spécifique) les Soutiens, autrement dit de « peel » en laissant un joueur chargé de les défendre.
Pourtant, accroître le rythme des parties, en se débarrassant des capacité de stuns et du duo de Tanks, était l’argument de vente premier du jeu (enfin, après le PvE, mais six mois plus tard, ce dernier n’a toujours pas été ajouté) et le moyen de différenciation avec Overwatch, premier du nom, par excellence. Cette confidence sonne donc comme un étrange aveu d’échec en termes de game design, d’autant que la solution retenue est manifestement de nerfer certains héros DPS.
La réinitialisation des classements des joueurs est également à l’étude. Il est assez clair que beaucoup de joueurs se sont retrouvés à des rangs qui n’étaient pas les leurs à la sortie du jeu, et, de saison en saison, nombre d’entre eux sont toujours confrontés à des joueurs qu’ils ne devraient pas affronter tant l’écart de niveau ruine parfois complètement les parties.
Il est par ailleurs spécifié que l’opacité générale du rang des joueurs dans Overwatch 2 a été perçue comme un problème par de nombreux joueurs, mais là encore, il s’agissait pour Blizzard de s’écarter de ce que faisait Overwatch en indiquant le rang de tous les joueurs au sein du portrait, visible d’un coup d’œil, et indiquant d’emblée si l’une des deux équipes était avantagée par la présence d’un joueur mieux classé. On s’étonne donc de lire que les équipes de développement songent à revenir également sur une telle décision qui marquait une rupture symbolique avec le premier jeu.
Enfin, Aaron Keller revient sur le modèle économique du jeu et l’absence de sentiment de progression et de récompense pour les joueurs :
« Nous avons apporté des modifications au jeu pour répondre à certains de ces problèmes. Les événements ont désormais des skins qui peuvent être gagnés, et nous avons ajouté des crédits au Battle Pass qui permettent aux joueurs d’acheter presque tous les skins originaux des événements OW. De plus, nous avons considérablement augmenté la quantité d’XP gagnée à chaque match. »
Il est douteux que ces améliorations – et c’est sans doute être généreux que d’employer ce terme – suffisent à changer la perception des joueurs quant à la rareté des cosmétiques gratuits, et, plus encore, vis-à-vis de la tarification absurde de la boutique de jeu dans laquelle certains cosmétiques coûtent plus cher que ne coûtait Overwatch, alors même qu’acheter Overwatch donnait accès à tout le contenu.
Overwatch 2 est bien plus populaire et joué que ne l’était son prédécesseur. Pourtant, son modèle économique est profondément frustrant et truffé de mécaniques prédatrices, tandis que certains changements effectués au nom seul du changement se confirment aujourd’hui comme étant peu pertinents. Et finalement, on en vient à regretter l’ère passée des lootboxes et l’époque où Overwatch était plus casual et moins tryhard.
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