Le jeu vidéo s’est souvent inspiré d’autres pratiques, et ce quasiment depuis sa naissance : du cinéma, bien entendu, dont on ne compte plus les adaptations vidéoludiques, mais aussi de la littérature (H.P. Lovecraft aura engendré peut-être plus de jeux qu’il n’aura écrit de nouvelles) ou de la peinture (nous avions critiqué ici le jeu Please Touch the Artwork, on peut aussi évoquer le futur Scorn, inspiré du travail de H.R. Giger).
Nouvelle preuve de la maturité du média, c’est aujourd’hui le jeu vidéo qui inspire ses pairs. Et pas n’importe quelle discipline, puisque c’est l’art très pointu de la danse contemporaine qui vient emprunter au jeu vidéo.
Nymphea Selenis est ainsi un ballet interprété par Hugo Vigliotti (de l’Opéra National de Paris, s’il vous plaît !) sur une scène à la fois réelle et virtuelle. Réelle, parce que le danseur donne sa représentation en direct, sur une véritable scène. Virtuelle aussi, parce que la performance du danseur est retranscrite en direct au sein d’un environnement virtuel qui réagit en temps réel aux mouvements de l’artiste.
Une performance rendue possible grâce aux outils empruntés au gaming : c’est en effet dans un environnement créé sous Unreal Engine 5 qu’évolue l’avatar du danseur. Ce qui permet l’interactivité en temps réel entre le danseur et le décor qui n’aurait pas été possible dans le cadre d’une « performance capture » telle qu’on les réalise par exemple pour les CGI au cinéma.
Mais ce n’est pas tout. Parce qu’une véritable parenté avec le jeu vidéo est voulue, le dispositif permet aussi de nombreuses interactivités autres que simplement animer le décor (« une infinité de possibilités », déclare Biborg Interactive, l’agence à l’origine de la performance) : du multijoueur, avec des danseurs aux quatre coins de la planète qui donneraient un ballet, réunis sur une scène virtuelle ; ou des interactions avec le public, qui pourrait par exemple modifier la scène ou même le déroulement du ballet en live.
Alors bien entendu, cela reste de la communication, et la finalité est avant tout publicitaire. Mais il faut reconnaître la véritable innovation ici, qui passe avant les éléments de langage, ainsi que la curiosité artistique des auteurs/concepteurs de Nymphea Selenis. Une performance qui a tout de même plus de « gueule » que les supermarchés dans le prétendu métavers, qui semblent tout droit sortis d’un mauvais jeu vidéo de la fin des 90s. Une performance, aussi, qui rend un plus bel hommage au gaming que ces sociétés qui veulent « en être », mais n’y connaissent finalement pas grand-chose…
Licences et adaptations – De E.T. à Cyberpunk 2077, on en est où en 2020 ?
n1co_m
Scorn – Une date de sortie émerge enfin des entrailles
Mercutio
Test Arkham Horror: Mother’s Embrace – À la recherche du Lovecraft perdu
Riku