Si la publication du bilan financier de Nintendo pour cette année est un moyen de regarder en arrière, la session de questions-réponses ayant suivi s’inquiète de l’avenir, qu’il soit à proche ou à long terme. La session regroupait Shuntaro Furukawa et Shigeru Miyamoto, directeurs délégués, Shinya Takahashi et Satoru Shitaba, cadres dirigeants, Ko Shiota, directeur général du développement hardware, et Hajime Murakami, membre de la direction.
Plusieurs questions se sont inquiétées de la Nintendo Switch, qui maintenant a bientôt six ans. En effet, alors que l’entreprise a décidé de baisser ses attentes en termes de nombre de ventes, passant de 21 millions à 19 millions de consoles vendues d’ici mars 2023, la dépréciation durable du yen pose la question d’une hausse de prix potentielle de la machine.
Pour autant, des dires de Shuntaro Furukawa, malgré une baisse des bénéfices, une telle décision n’est pas sur la table à ce moment. Pour autant, il souligne bien qu’ils surveillent la situation avec beaucoup d’attention. De plus, s’est aussi posé la question de la longévité de la machine. Si l’idée d’une console nouvelle génération par Nintendo n’est pas encore sur la table, Ko Shiota insiste bien sur le fait que l’entreprise « n’est pas arrivée au point où il est possible de parler de la plateforme de nouvelle génération », et certaines réponses peuvent déjà laisser entrevoir l’avenir de l’entreprise sur le long terme.
Ce qui est clair, c’est que les comptes Nintendo, déjà liés aux consoles Nintendo Switch, seront au cœur de l’avenir :
« L’aspect le plus important de notre plateforme de jeux dédiée est de livrer une expérience de jeu unique. Dans le développement de nos machines et de nos jeux à l’avenir, nous devons penser à des manières de connecter plus simplement notre travail sur le jeu vidéo, noyau de notre entreprise, avec les expériences de nos consommateurs en dehors de notre plateforme de jeu vidéo dédiée à travers les Comptes Nintendo. »
Ainsi, si les questions s’inquiétaient surtout des logiciels et machines développés par Nintendo, la réponse de Ko Shiota va au-delà de cela : le diaporama accompagnant la réponse mentionnait, notamment, le film Super Mario Bros. ainsi que le parc Super Nintendo World situé à Universal Studios Japan.
La partie Nintendo du parc Universal Studios Japan était déjà interactive, permettant aux visiteurs de récupérer des succès en effectuant certaines actions ou en visitant certains endroits. On pourrait également imaginer une technologie similaire aux Magic Bands des parcs Disney américains mise en place, alors que justement Super Nintendo World est censé s’exporter au parc Universal Studios Hollywood et ouvrir début 2023. Enfin, l’un des enjeux des années à venir, plus que de se demander sur quelle console sortira quoi, c’est bien d’élargir la manière dont sont exploitées les propriétés intellectuelles de Nintendo.
Le film Super Mario Bros. est bien entendu la première dérivation à laquelle on pense, et Shigeru Miyamoto parle un petit peu de la manière dont le développement du film s’est déroulé. Notamment, il assure avoir été très présent au cours des six ans de développement du projet, et qu’une attention toute particulière a été prêtée à la manière dont il faudrait doser choix d’adaptations et attentes du public.
Une manière de faire qui n’est pas sans rappeler celle derrière le film Detective Pikachu qui, bien qu’imparfait, réussissait à offrir une adaptation digne de son matériau d’origine, et ça, ce n’est pas donné à toutes les licences… Shigeru Miyamoto appuie sur le fait que c’est depuis 2014 que l’entreprise cherche à étendre le nombre de domaines ayant accès aux propriétés intellectuelles de Nintendo, et que cela rentre bien dans l’ADN de l’entreprise :
« Depuis 2014, nous avons travaillé pour étendre le nombre de personnes ayant accès aux propriétés intellectuelles de Nintendo. Nintendo est passé d’une entreprise de cartes hanafuda à une entreprise de cartes occidentales, puis de jeux vidéo, mais ce qui reste important à travers toutes ces évolutions, c’est que Nintendo dispose de nombreux personnages et propriétés intellectuelles qui lui sont propres. […] mais nous voulons être une entreprise forte, qui puisse faire face à qui que ce soit en créant et gérant notre contenu, tout en ayant la capacité de le disséminer par nous-mêmes. »
Cependant, la gestion des propriétés intellectuelles et des droits s’y référents ne se limitent pas qu’à la façon de les étendre : il faut aussi les préserver. Il s’agit de la question bien vilaine de la rétro-compatibilité, qui a encore une fois été remise au tapis. Dans les faits, il est possible d’implémenter de la rétro-compatibilité pour la prochaine génération, c’est même « plus simple que jamais », puisque les manières de développer ainsi que les machines en elles-mêmes répondent de plus en plus à des standards communs. Pour autant, il appuie également que la question n’est généralement pas si simple : la question des droits légaux est compliquée, quand bien même Nintendo aurait « la main ferme » sur ses propres licences.
Si ce n’est pas pour tout de suite, les choses sont déjà en train de bouger chez Nintendo : au vu des dépenses en recherche et développement qui ont atteint des sommets en mai 2022, il n’est que peu surprenant qu’une bonne partie des questions se soient tournés vers des problèmes de hardware, quand bien même cet échange souligne bien qu’il ne faut pas enterrer la Nintendo Switch tout de suite.
De Pokémon Écarlate et Violet, prévu pour le 18 novembre, dans moins d’une semaine, à The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom en passant par Pikmin 4, la console hybride a encore de longs jours devant elle, pour le meilleur comme pour le pire.