Les années 80 ont sans aucun doute été le point de bascule du jeu vidéo dans un nouveau monde : celui du loisir grand public. Et même si le terrain avait été bien préparé en amont, on peut aisément cibler deux principaux responsables à cette démocratisation, Pac-Man (1980) et Mario (1981). Les deux jeux proposaient un gameplay innovant pour l’époque et surtout deux personnages encore cultes aujourd’hui. Avec eux débutait l’ère des personnages mascottes.
Car dans la foulée, nombreux sont les éditeurs et studios à avoir tenté de s’engouffrer dans cette brèche de la mascotte populaire pour exister, conscients qu’un personnage principal réussi, souvent mignon et attachant pouvait être un argument de vente massif. Mais pour beaucoup de concurrents, bien peu d’élus. Si des personnages comme Sonic, Spyro, Kirby ou Crash Bandicoot ont réussi à tirer leur épingle du jeu dans les années 1990 et 2000 et restent aujourd’hui appréciés des anciens comme des nouveaux joueurs, de nombreux ersatz, pas forcément de mauvais jeux par ailleurs, ont purement et simplement disparu de la circulation et de nos mémoires.
Oui mais voilà, depuis une dizaine d’années, le jeu vidéo s’est trouvé une nouvelle mode, les remasters. Et on a vraiment l’impression, parfois désagréable d’ailleurs, que tout y passe, et surtout, que les éditeurs sont parfois à des années-lumières des attentes des joueurs et du marché actuel. S’il est évident que certains titres cultes et anciens méritent leur remaster et s’assurent un succès relatif rien que grâce à leur licence, d’autres posent de grosses questions.
Revenons à notre sujet des personnages mascottes. On a par exemple récemment appris le retour en grande pompe de Croc, le crocodile d’Argonaut Games. Et même si le jeu original était un bon jeu de platesformes, difficile de s’attendre à un succès commercial retentissant en 2024. De même, comment imaginer qu’un jeu comme Tombi, remasterisé il y a quelques semaines, pourrait toucher le public de 2024 comme il l’a raisonnablement fait en 1998 ?
Car en plus d’avoir été des stars de seconde zone de leur époque (et ce sans manquer de respect le moins du monde à ces titres), le monde du jeu vidéo a bien changé depuis et les attentes ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, les univers et les aventures vécues prennent bien souvent le pas sur les personnages dans le coeur des joueurs. On ne cherche plus à vivre une aventure en incarnant un personnage fictif, on veut être ce personnage, le customiser, le façonner à notre image. Vive la vue à la première personne et le RPG, vraies modes du moment.
Alors pourquoi s’acharner à produire des remasters n’ayant que peu de chances d’exister aujourd’hui ? Les éditeurs ont-ils vraiment l’espoir qu’un jeu déjà confidentiel à l’époque puisse subitement se révéler dix ou vingt ans plus tard ? Ça parait fort improbable, d’autant plus que les remasters, malgré leur mise à niveau graphique, sont encore bien souvent loin des standards actuels. Alors quand on y ajoute un gameplay souvient vieillissant, il devient compliqué de croire au miracle.
En fait, les éditeurs souhaitent jouer sur une fibre sensible de l’humain : la nostalgie. Bien évidemment, ils ne cherchent pas à faire devenir Croc et Tombi! en haut de l’affiche, leur temps est déjà bien passé. Mais ils partent en quête d’un nouveau public en profitant de ceux qui ont cru en eux il y a vingt ou trente ans, curieux de retrouver les aventures de leur enfance. Devenus parents, ces fans de la première heure peuvent même faire découvrir à leur famille ces jeux qui les avaient marqués étant petit. Une stratégie de la nostalgie calculée, mais qui ne peut pas faire des étincelles.
Malgré tout, les éditeurs semblent s’en contenter, et continuent d’enchainer. Car si le remaster est au sommet en ce moment, c’est aussi qu’il coûte beaucoup moins cher à produire qu’un jeu neuf. Ainsi, il est plus facile de rentrer dans les frais pour les créateurs.
De notre côté, nous ne pouvons qu’être heureux que chacun puisse retrouver les jeux qui les ont marqué étant plus jeune, car le jeu vidéo doit rester un divertissement. Malgré tout, difficile de pas ressentir une pointe de déception à assister depuis quelques années à une capitalisation sur la nostalgie plutôt que sur le futur.
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