Build a Rocket Boy voulait tirer sa fusée vers les étoiles avec MindsEye. À la place, c’est un nuage de fumée qui s’élève ; celui d’un management qui broie ses équipes à mesure qu’il vend du rêve. Depuis quelques jours, les témoignages accablants s’enchaînent sur Glassdoor. Anciens et actuels employés du studio écossais y décrivent un environnement où règnent la peur, l’opacité et l’ego. Et pendant que les trailers de MindsEye s’envolent en orbite, en bas, ça gratte le sol à coups de consignes absurdes, de DRH menaçante et de décisions prises à la va-comme-je-te-pousse.
Un rêve en chute libre
Sur le papier, MindsEye avait tout pour faire saliver : un open world ambitieux, un héritage assumé de GTA, et un studio monté par des anciens de Rockstar. Sauf qu’à l’intérieur, on ne parle pas d’héritage mais de recyclage : celui de mauvaises pratiques trop connues. Les développeurs racontent un quotidien rongé par les luttes de pouvoir, les flatteries de couloir, et une direction qui ne tolère ni les questions, ni les nuances. Le mot « coopération » ? Inconnu au bataillon. Le studio avance comme un vaisseau fantôme : ceux qui osent parler sont éjectés, les autres se taisent en espérant survivre au prochain cycle de purge.
On évoque une hémorragie au sommet : toute l’équipe dirigeante aurait sauté en moins d’un an, remplacée par des profils sans expérience concrète du terrain. De quoi alimenter un sentiment généralisé de flottement, voire d’abandon.
Contrôle, silence et storytelling corporate
Le cœur du malaise n’est pas juste la pression ou les délais. C’est une culture d’entreprise fondée sur la crainte et l’obéissance aveugle. Le PDG lui-même est décrit comme « déconnecté », plus soucieux de ses désirs que des réalités techniques ou humaines. Quant à la DRH ? Beaucoup parlent d’un service devenu instrument de dissuasion, chargé de contenir plutôt que d’accompagner.
Et comme pour compléter le tableau, voilà que les critiques internes se voient noyées sous une avalanche d’avis cinq étoiles, publiés sur Glassdoor à un rythme suspect. Coïncidence ou stratégie de riposte numérique ? Difficile à dire, mais la manœuvre sent fort la réécriture de façade. Un écran de fumée qui cache mal l’odeur de brûlé.
Innovation en vitrine, chaos en coulisses
Ce décalage entre l’image vendue et les témoignages collectés est flagrant. D’un côté, MindsEye se pare des habits de l’avant-garde : futuriste, libéré, décomplexé. De l’autre, ses équipes décrivent un fonctionnement digne d’un manuel de management de l’ancien monde : vertical, autoritaire, et profondément toxique.
Le paradoxe devient grotesque quand on voit le studio s’ériger en alternative crédible à GTA VI, tout en reproduisant les pires travers d’une industrie qui s’était justement jurée de faire mieux. Ironie mordante pour un studio revendiquant l’avant-garde technologique, mais affichant un retard criant sur le plan humain.
Ce cas MindsEye soulève une question plus large et revenant constamment dans le secteur : combien de jeux prétendument « révolutionnaires » reposent encore sur une réalité de coulisses marquée par l’épuisement, la peur et le mépris du facteur humain ? Et si les premières images de MindsEye ont pu susciter la curiosité, les premiers échos sont loin de confirmer la promesse d’un nouveau mastodonte du jeu vidéo. Dans ce contexte, peu importe l’ampleur de la vitrine : quand la structure est rongée de l’intérieur, le vernis finit toujours par craquer.
Le véritable crash, lui, semble déjà consommé. Et tant que personne n’osera remettre en question les fondations mêmes de cette industrie, aucun patch ne viendra corriger une culture du silence et de l’usure. Car aussi étincelante soit-elle, une fusée n’atteindra jamais les étoiles si son équipage perd foi en la mission.
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