C’est peut-être à tort que nous considérions les choses comme acquises. Avant d’être réellement propriétaire d’Activision Blizzard, Microsoft doit s’en remettre à la décision de la FTC, pour Federal Trade Commision, une agence gouvernementale plus ou moins équivalente à notre DGCCRF, qui s’occupe de consommation, de lutte contre les fraudes, et de la concurrence. Cette dernière doit en effet valider le rachat, notamment en évaluant l’existence ou non d’une situation de monopole créée par cette acquisition.
La plupart des observateurs considéraient que ce passage par la FTC ne serait qu’une formalité, et que rien de devrait empêcher Microsoft de s’offrir Activision Blizzard. Cependant, ce sont les affaires de harcèlement qui entachent la société qui risquent de venir compliquer un peu les choses.
En effet, quatre sénateurs américains, dont la figure nationale de la contestation Bernie Sanders, ont demandé à la FTC de se pencher un peu plus sérieusement sur le cas Activision Blizzard. Ces derniers estiment en effet que la position dominante qui sera celle de Microsoft, une fois ActiBlizz avalé, fragilisera les droits des employés d’Activision. Que ceux qui ont osé parler ces derniers mois ne seront plus entendus une fois l’acquisition confirmée.
« Les employés d’Activision Blizzard, après des années de harcèlement sexuel, de discrimination et d’environnement professionnel toxique, ont lancé un appel pour une plus grande transparence et plus de responsabilités dans l’industrie du jeu vidéo, et nous sommes profondémment inquiets des conséquences du rachat, qui pourrait conduire à priver ces employés de leur droit à se faire entendre. » – Les sénateurs Elizabeth Warren, Bernie Sanders, Sheldon Whitehouse, Cory Booker dans une lettre ouverte à la FTC, cités par Polygon (traduit par la rédaction).
Ce que sous-entendent les quatre élus, c’est qu’une fois qu’Activision Blizzard sera définitivement dans le giron de Microsoft, ce dernier sera un tel ogre de l’industrie qu’il pourrait se permettre n’importe quoi, déséquilibrant encore le rapport de force entre l’entreprise et les employés.
Ici ? Pas mieux !
De l’autre côté de l’Atlantique, d’autres soucis se profilent pour le géant américain, concernant cette fois le cloud. Et c’est encore l’abus de position dominante qui inquiète ses concurrents, le français OVH et l’allemand NextCloud. Tous deux se sont ainsi plaints de comportement supposés de Microsoft, qui userait de sa position dominante sur le marché pour imposer ses solutions de cloud computing aux clients.
Récemment, Microsoft a redonné un coup d’accélérateur à son activité cloud, Azure, annonçant à la GDC l’Azure Game Development Vitual Machine un service à distance qui offre tous les outils d’un studio de création de jeux vidéo, sans avoir besoin des ressources sur place. Microsoft a également annoncé vouloir développer des jeux pensés pour le cloud.
Pour le moment, suite aux plaintes d’OVH et NextCloud, l’Union Européenne n’a fait que publier un questionnaire à destination des professionnels du secteur, mais les résultats obtenus pourraient ensuite conduire à une véritable enquête. D’autant que Microsoft est déjà connu défavorablement des services, ayant déjà dû s’acquitter d’une amende de 1,6 millard d’euros pour ne pas avoir respecté les règles européennes relatives à la concurrence. Ou comme le chantait Biggie, « more money, more problems »…
La réponse d’Activision Blizzard à Raven : le business est dans l’ignominie
M⅃K
Xbox rachète Activision Blizzard… et après ?
Team NG+
Activision renforce encore son statut de pire entreprise de l’industrie
n1co_m