Les processus d’évaluation du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft vont arriver sous peu à leur terme, décidant de l’avenir du deal à 69 milliards de dollars. Si on a compris, ne serait-ce que par le montant de la somme engagée, que Microsoft tenait beaucoup à ce que l’acquisition puisse se faire, on a également vu que Sony faisait tout ce qu’il pouvait pour la bloquer. « La guerre des consoles », mais sur un autre terrain.
Dans cette bataille, les deux parties ont récemment joué de nouvelles cartes, peut-être leur dernière, avant que le couperet ne tombe. Ainsi, Microsoft a beaucoup œuvré à rassurer les administrations quant à l’avenir de Call of Duty s’il passait sous bannière Xbox. Le shooter concentre en effet (un peu déraisonnablement) toutes les inquiétudes des régulateurs. Le CMA (Competition and Market Authority, la Direction de la concurrence au Royaume-Uni, premier marché européen du jeu vidéo), qui fait partie des acteurs à convaincre pour Microsoft, s’était inquiété dans un rapport que la Switch ne soit pas capable de faire tourner Call of Duty, ou en tout cas, pas suffisamment pour offrir un niveau d’expérience comparable au jeu sur les autres machines, PlayStation et Xbox. Ce à quoi Microsoft a répondu :
CoD comprend à la fois le free-to-play Warzone et des jeux payants. Le moteur qui fait tourner Warzone n’est pas tout récent et a été optimisé pour fonctionner sur une large sélection de machines (depuis les Xbox One de 2015 jusqu’aux Xbox Series X). Warzone tourne sur des PC dont les cartes graphiques datent d’au moins 2015.
Les équipes de développement d’Activision ont une longue expérience concernant l’optimisation de jeux sur le matériel disponible. Nous sommes certains qu’en plus de Warzone, les jeux payants CoD peuvent être optimisés pour tourner sur Switch en utilisant les techniques habituelles qui ont permis de porter des jeux comme Apex Legends, DOOM Eternal, Fortnite ou Crysis 3 sur Switch. (traduit par la rédaction, document officiel consultable ici)
Pour enfoncer le clou et rassurer les régulateurs sur ce qui attend Call of Duty, Microsoft a de plus publiquement proposé que les jeux CoD soient au menu du PlayStation Plus tant qu’ils seront au programme du Game Pass, et s’est offert des pleines pages de publicité dans les grands journaux généralistes et économiques que sont le Daily Mail et le Financial Times. Pas pour s’adresser aux joueurs, donc…
On s’étonne depuis le début de cette histoire de la crispation autour de la licence Call of Duty, certes importante, mais plutôt en perdition, et surtout à mille lieues du poids d’un Minecraft que Microsoft avait pu s’offrir sans que personne ne lève un sourcil. Et il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à trouver cela un peu décalé puisque Jim Ryan lui-même, le « Phil Spencer de PlayStation », aurait déclaré :
Je ne veux pas d’un deal autour de Call of Duty. Je veux juste bloquer l’acquisition. – Jim Ryan, cité par Lulu Cheng
Révélant du même coup ses véritables intentions, que personne en vérité n’ignorait. C’est Lulu Cheng, cadre important chez Activision, qui explique sur Twitter pourquoi toutes les offres de garanties concernant le maintien des jeux Call of Duty sur PlayStation mises sur la table par Activision ou Microsoft ont toujours été balayées par Jim Ryan. C’est qu’en vérité, Call of Duty n’est pas le problème.
PlayStation connaît encore une très belle cote d’amour auprès des joueurs, et une domination indéniable du marché. Ses consoles s’écoulent comme des petits pains, mais ce succès reste dû encore aujourd’hui à l’immense réussite que fut la PlayStation 4. L’année 2023 démarre en vérité assez tranquillement sur PlayStation, avec à peu près zéro sortie exclusive notable, et très peu de choses annoncées, si ce n’est Final Fantasy XVI (et Abandoned !). Dans le même temps, le Game Pass concentre une grande partie des jeux qui ont fait l’actu ces dernières semaines, de Hi-Fi Rush à Wo Long Fallen Dynasty, en passant par Atomic Heart. Et on attend encore entre autres Redfall (Arkane), et bien entendu Starfield, qui vient de voir sa date de sortie confirmée pour le 6 septembre 2023. Certes, tous ne sont pas des exclus, mais tous sont accessibles aux abonnés sans repasser par la case carte bleue. Un argument de poids.
On comprend alors pourquoi Jim Ryan tient tant à bloquer l’acquisition d’Activision par Microsoft. Cependant, ralentir la concurrence ne fera pas avancer PlayStation, et en tant que joueur, on préférerait de loin que la firme japonaise concentre ses efforts sur les sorties de jeux, plutôt que sur le fait de mettre des bâtons dans les roues de la société d’en face…
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