On se souviendra de 2024 comme d’une année très sombre pour l’industrie du jeu vidéo : déjà plus de 10.000 licenciements, alors que nous ne sommes qu’en juin. C’est autant que ce qui avait été comptabilisé sur toute l’année 2023. Développeurs, artistes, sound designers… aucun métier n’est épargné par la crise qui laisse de nombreux professionnels sur le carreau. Ironiquement, cette situation se produit tandis que l’industrie du jeu vidéo connaît une croissance exponentielle.
En effet, malgré des revenus de 184 milliards de dollars en 2023 (soit une légère augmentation de +0,6 % par rapport à l’année précédente), l’année 2024 avait tristement commencé avec des milliers de départs forcés rien qu’en janvier. Depuis, des géants du secteur comme Electronic Arts, Blizzard et Sony ont fermé des studios et se sont séparés de nombreux collaborateurs. Comment penser alors que c’est l’argent le problème ?
Les raisons de cette crise sont plus complexes que cela. D’une part, l’industrie du jeu vidéo subit comme tant d’autres les effets à long terme de la pandémie de COVID-19. Les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, les retards de production et les changements dans les habitudes de consommation des joueurs ont créé des pressions financières. D’autre part, les gros studios ont adopté un fonctionnement qui repose sur la précarité : ils recrutent en masse durant ces périodes à flux tendu pour licencier une fois le jeu sorti.
Les premiers impactés sont évidemment les travailleurs du jeu vidéo. De nombreux talents se retrouvent sans emploi, dans un marché déjà saturé. La concurrence pour les postes restants est féroce, et beaucoup de développeurs se tournent vers d’autres secteurs pour survivre. Les joueurs sont aussi indirectement touchés : les fermetures entraînent l’annulation de projets très attendus ou des retards.
Pour faire face à cette vague ininterrompue de licenciements, certaines entreprises et organisations commencent à prendre des mesures pour soutenir les travailleurs et travailleuses. En première ligne, les syndicats se battent pour obtenir plus de garanties écrites pour les professionnels et négocient pour être inclus dans les discussions à propos des restructurations dans les studios. Ces initiatives, bien que louables, sont cependant une goutte d’eau dans l’océan tant les problèmes sont présents au niveau structurel dans cette industrie qui semble se concentrer sur le gain à court terme.
Difficile de rester optimiste face à ces turbulences, mais finissons sur une lueur d’espoir : de plus en plus de joueurs et de joueuses ont pris conscience du problème et n’acceptent pas que leur passion soit le fruit d’un travail produit dans des conditions parfois indignes. On voit fleurir des initiatives indépendantes qui mettent en avant l’éthique et la bienveillance envers les professionnels du secteur. À nous (aussi) de nous montrer vigilants et exigeants dans notre façon de consommer le jeu vidéo.
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