La rubrique littéraire est de retour pour faire une fois de plus le lien entre les jeux vidéo et la littérature. Pour notre second article, nous nous sommes lancé le défi de vous présenter une saga de livres bien plus sombre que la saga du Sorceleur. Monde post-apocalyptique, créatures difformes et des rails de métro, aujourd’hui nous vous présentons la saga Métro, une série de best-sellers écrits par Dmitry Glukhovsky. Auteur, histoire, inspiration et influence sur le jeu vidéo ? Voici tous les détails que vous ne connaissez peut-être pas sur cette saga.
La saga Métro – Dans les rames du métro personne ne vous entendra crier !
Dmitry Glukhovsky, un auteur dystopique au récit glaçant
Mis à part le fait que vous connaissiez déjà la saga Métro, il y a malheureusement peu de chances que vous connaissiez Dmitry Glukhovsky et c’est bien dommage ! Dmitry Glukhovsky est un auteur russe né le 12 juin 1979, reconnu pour ses œuvres de science-fiction et la représentation de ses dystopies inquiétantes de réalisme. Même si Dmitry aime la lecture dans sa jeunesse, ce n’est pas vers là que ses études vont le porter. Il va en effet étudier les relations internationales à Jérusalem avant de travailler sur des chaînes de journalisme de différents pays, comme en Russie ou en France avec Euronews (cocorico !).
Sa vie d’auteur ne commence vraiment qu’en 2002 lorsqu’il commence l’écriture de Métro 2033, premier tome de sa série à succès qu’il va finalement publier en 2005. La saga est alors un véritable succès en Russie et va très vite s’exporter dans le reste du monde. Traduite dans une vingtaine de langues, l’œuvre de Dmitry Glukhovsky s’inscrit rapidement comme un best-seller et signe définitivement l’affiliation de l’auteur au genre de la science-fiction spécialisé dans la dystopie. Pourtant, dans une interview, l’auteur avoue lui-même ne pas se considérer comme un auteur de science-fiction, mais cherchant juste à relater par l’imaginaire une Russie post-soviétique.
« Je ne me définis pas comme un auteur de science-fiction. Je trouve mon inspiration dans l’état de la société, et j’utilise l’imaginaire pour parler de la Russie post-soviétique et de la disparition des repères communistes. »
Suite au succès de Métro 2033, Dmitry Glukhovsky va se lancer dans l’écriture de plusieurs romans dans le même style. Il va aussi écrire deux suites à Métro 2033, Métro 2034 et Métro 2035 qui vont très vite s’élever au même rang que le premier volume.
Une trilogie qui vous plonge au cœur du plus froid des métros
- Métro 2033 – Sorti en 2005 pour sa version originale et en 2010 pour sa version française. Alors que le monde est déjà plongé depuis 20 ans dans une société post-apocalyptique, nous suivons les aventures d’Artyom. C’est un jeune citoyen d’une station de métro parmi les nombreux tunnels que l’humanité a commencé à peupler au début de l’apocalypse nucléaire. Face aux retombées radioactives, des créatures mutantes se sont élevées à la surface de la Terre, mais aussi au cœur même des tunnels de métro. La station VDNKh dans laquelle vit Artyom est en proie à des attaques de créatures mystérieuses, leur seule solution : envoyer le jeune homme et ses compagnons pour réclamer de l’aide. C’est donc une aventure pesante dans la noirceur des tunnels qui vous attend dans ce premier tome.
- Métro 2034 – Paru en 2009 puis en 2011 en France, Métro 2034 se déroule un an après les événements du premier tome. Cette fois nous ne suivons plus les aventures d’Artyom mais celles d’un groupe de survivants envoyé en reconnaissance afin de résoudre les problèmes de réapprovisionnement de leur station. Mais très vite les choses vont se compliquer avec une nouvelle menace. Le seul lien avec Métro 2033 reste la présence de Hunter, personnage disparu lors de la première aventure. Bien moins pesant que le premier livre, Métro 2034 nous propose un récit plus calme et avec une plus grande réflexion sur l’humanité et notre société. S’il n’est pas aussi bon que son prédécesseur, il reste malgré tout très agréable à lire et offre une autre vision de l’univers de Dmitry Glukhovsky.
- Métro 2035 – Paru en 2017 pour la version française, ce dernier tome se déroule deux ans après les événements de Métro 2033. Nous retrouvons de nouveau Artyom (enfin !) qui, suite à son expédition, est devenu un véritable héros dans sa station. Malheureusement pour lui, sa soif de remonter à la surface lui vaut d’être peu à peu déconsidéré par son entourage, qui le prend pour un fou. Persuadé que l’humanité doit regagner la surface, la vie de notre héros sombre peu à peu jusqu’à l’arrivée d’Homer. Cet écrivain que l’on a suivi dans le tome 2 apprend à notre héros que des contacts avec l’extérieur ont déjà été établis ailleurs. Nos deux compères se lancent donc dans une aventure plein de rebondissements et de révélations qui conclut notre trilogie.
Le jeu vidéo vu comme un tremplin pour Dmitry Glukhovsky
Si la trilogie de Dmitry Glukhovsky est très bonne et mérite son succès, la question est de savoir si le jeu vidéo est responsable de son succès ou au contraire, si c’est l’inverse. Souvenez-vous, lors de notre première rubrique sur la saga Sorceleur, nous parlions du fait que l’auteur ne considérait pas que les jeux avaient permis aux livres de se faire connaître. Eh bien Dmitry Glukhovsky a lui aussi répondu à cette interview plus tard et n’a pas mâché ses mots concernant l’auteur des livres ayant inspiré The Witcher.
« Je pense qu’il a totalement tort, et que c’est un arrogant fils de p*te. Sans la franchise des jeux vidéo, la série The Witcher n’aurait jamais eu cet engouement international complètement fou. Et ce n’est pas seulement grâce aux joueurs, mais aussi à la presse spécialisée et au buzz qu’il a créé, avec ce sentiment de quelque chose de grand, massif et impressionnant. C’est cela qui a accroché les joueurs. Sans cela, il serait resté un phénomène local en Europe de l’Est, mais il n’aurait jamais percé à l’Ouest. Et c’est la même chose pour mes livres Metro. » –Dmitry Glukhovsky
En effet, d’après l’auteur, la série de jeux vidéo basée sur son univers a bien permis à sa franchise de se faire connaître. Voir ses romans adaptés en jeu vidéo a donc représenté pour Dmitry « une super opportunité de promouvoir la licence ». Notre auteur russe est donc bien plus ouvert sur la question du jeu vidéo qu’Andrzej Sapkowski (sachant qu’aucun des deux n’a raison ou tort). Malgré tout, Dmitry Glukhovsky a préféré développer une histoire différente de celle que utiliser ensuite pour les jeux, laissant les développeurs de chez 4A Games s’inspirer librement de ses écrits.
Il suffit de voir que le dernier tome de la trilogie Métro va être adapté en jeu vidéo pour comprendre à quel point l’auteur affectionne ces deux plateformes culturelles. En effet, Métro Exodus, prévu pour la fin de l’année 2018, devrait s’inspirer grandement de Métro 2035. Tout comme Métro 2033 (et une part de Métro Redux) qui s’inspire du roman du même nom. En fin de compte, seul Métro 2034 ne fut pas adapté en jeu vidéo, les développeurs préférant se focaliser sur l’aventure d’Artyom avec Métro: Last Night. Il est donc clair que si les romans sont excellents, les jeux vidéo ont servi de tremplin vers l’international malgré le mérite des écrits de Dmitry Glukhovsky. C’est un parfait exemple d’adaptation réussie entre deux médias que beaucoup de monde cherche à diviser.
L’avis de la rédaction sur la trilogie Métro
Il est évident que cette partie ne représente que mon avis, il est donc possible qu’un autre lecteur soit en désaccord avec les propos qui suivent. La série Métro est un très bon ensemble de romans de science-fiction. Très prenants, on les dévore rapidement. La plume de Dmitry Glukhovsky est agréable à lire, surtout que ce dernier ne se contente pas de simplement raconter son histoire mais se permet quelques traits d’esprit sur notre société. En faisant quelque recherches, il est apparu que beaucoup de personnes n’appréciaient pas ce genre de réflexion philosophique sur notre société et sur l’Homme. Je ne suis pas du même avis concernant ce sujet, il est très agréable de voir dans des romans de science-fiction, justement, plus que de la science-fiction.
Métro 2033 et 2035 restent, selon moi, les deux pierres angulaires de cette trilogie, Métro 2034 n’arrivant pas à captiver autant son lectorat. L’histoire de ces deux tomes vous captive jusqu’à la fin et va à de nombreuses reprises vous surprendre avec des retournements de situation. Et la fin de la trilogie est cruellement réaliste et même si elle est prévisible, l’auteur a réussi à décrire cette conclusion avec perfection.
Malgré tout, quelques défauts sont présents. Tout d’abord, les livres souffrent parfois de quelques longueurs et l’intérêt de certaines parties des romans peut varier. L’histoire est parfois très intense et va vous captiver alors que certains autres moments sont très mous et demandent un effort pour être lus. On regrette aussi que Métro 2034 ne s’axe pas sur l’histoire d’Artyom, personnage auquel on s’est attaché au fil du premier volume. Cela reste malgré tout compréhensible une fois Métro 2035 commencé.
Conclusion – La trilogie Métro
En somme, la trilogie Métro est tous simplement une très bonne série de science-fiction. Ces livres très sympathiques à lire sont de parfaits compagnons de voyage et offrent une vraie réflexion sur notre mode de vie. Dmitry Glukhovsky a créé un univers dystopique criant de réalisme et il n’est pas étonnant que les jeux tirés de cette licence soient aussi passionnants. Que vous soyez un habitué de la science-fiction ou au contraire un réfractaire à ce style, il est impératif d’essayer de lire les Métro.