Il fut un temps pas si lointain où Kotaku était LE média de référence pour le milieu du jeu vidéo. Avec des news et des critiques sur les jeux, mais aussi sur l’industrie, c’était une rédaction de « vrais » journalistes. Mais en devenant une référence, le site a fini par attirer des gens peu scrupuleux et moins passionnés par le jeu vidéo que par l’audience grandissante que celui-ci représente.
Sentant le vent tourner, Jason Schreier, l’une des plumes les plus reconnues, avait alors quitté la rédaction, hissant du même coup un large « red flag » sur ce qui était en train de se passer à la fois à Kotaku, mais aussi dans toute la presse jeu vidéo. Nombre de ses camarades sont restés un peu plus longtemps que lui, mais ont fini par abandonner le magazine qu’il ne reconnaissait plus pour former Aftermath, site web jeu vidéo fonctionnant sur la base d’abonnements payants et dont le contenu éditorial refuse de se voir dicté par l’actualité marchande.
Et c’est justement dans les pages d’Aftermath qu’on apprend la démission de Jen Glennon, jusqu’alors rédactrice en chef de Kotaku. La raison ? Un désaccord profond sur le contenu du site tel que voulu par la direction. Cette dernière entend en effet réduire la place consacrée à l’information pour l’offrir aux guides et autres soluces. D’après Aftermath qui cite des sources proches du dossier, il aurait été demandé aux équipes de Kotaku de produire désormais pas moins de 50 guides par semaine !
Pour en rédiger de temps à autre (beaucoup moins ces derniers temps, et pour cause !), nous savons à New Game Plus comme ce travail est chronophage et finalement assez peu intéressant à réaliser… En se consacrant à ce type d’articles, le journaliste s’éloigne de son métier pour devenir « créateur de contenu ». Ce qui nous rappelle les déclarations de ReWorld lors de l’acquisition du bouquet incluant Gamekult, qui évoquaient une « expertise dans la production de contenu ou la monétisation d’audience », n’utilisant jamais les termes de « journalisme » ou de « journaliste ».
Rien d’étonnant, puisque ce qui touche aujourd’hui Kotaku touche l’ensemble de la presse jeu vidéo web gratuite, dont le modèle soutenu uniquement par la publicité n’est plus rentable. Certes, la presse n’a pas d’autre solution que de se transformer pour survivre. Ce qu’on regrette, c’est que ces changements, nécessaires, sont dictés à des passionnés (les rédacteurs et journalistes) par des gens qui n’y entendent rien en jeu vidéo, experts en « contenu et monétisation ». Ceux-là même qui ont transformé jeuxvideo.com en immense prospectus de supermarché, et qui vont maintenant transformer ce qui reste de Kotaku en catalogue de soluces.
L’ironie, c’est que même là, les « experts en contenu » font preuve d’un manque d’expertise navrant. Jen Glennon, désormais ex-rédac’ chef de Kotaku, le dit elle-même : outre le « mépris étonnant » pour les équipes restantes, cette décision est « directement contredite par des mois de données quant au trafic ». Non seulement c’est nul, mais en plus ça ne fonctionne pas et ça ne sert à rien…
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