Ce mercredi 24 avril, Joe Biden a paraphé plusieurs propositions de lois portant sur des mesures de sécurité nationale aux États-Unis. Parmi elles, il en est une qui pourrait bien changer le paysage vidéoludique au pays de l’oncle Sam. Son nom : l’acte de protection des Américains contre les applications controlées par des puissances étrangères hostiles.
Quasiment à l’origine de ce tout nouvel amendement, une première cible de choix : TikTok. Majoritairement détenu par le géant chinois ByteDance, le réseau social pourrait purement et simplement être banni du territoire américain s’il n’est pas vendu avant la fin de l’année. Et d’autres pourraient bien suivre.
Signée par le président, cette loi lui permet en effet de forcer des entreprises à vendre sous peine d’être exclues du marché. Plus précisément, se retrouvent dans l’œil du cyclone les entreprises étrangères qui remplissent les critères suivants:
- être une entreprise proposant un système de partage d’images, de texte ou de communication en temps réel, tel un chat vocal.
- dépasser le million d’utilisateurs sur au moins deux des trois derniers mois.
- être majoritairement basé sur un territoire concurrent ou avoir 20% de ses parts détenus par une puissance étrangère hostile.
Eh oui, aux États-Unis, la préférence nationale ne s’applique désormais plus uniquement qu’au monde du recrutement et des ressources humaines. Surtout, tout se passerait au bon vouloir du président américain. L’entreprise rentre dans les critères, mais ne met pas en péril les interêts locaux ? Pas de soucis à se faire pour elle. La société « dérange » ou appartient à un concurrent un peu trop pressant ? Ses jours sont peut-être comptés.
À l’heure actuelle, il paraît hautement improbable de voir TikTok revendu. Qui pour acheter un tel contenu, et à quel prix ? Surtout, pourquoi ByteDance vendrait alors que l’application fonctionne mieux que jamais dans le monde entier ? Pour le moment, c’est par la voie de la justice que le géant chinois compte se défendre, invoquant « une loi anti-constitutionnelle, encore plus après les millions de dollars dépensés pour préserver la sécurité et les données des usagers américains ». Rendez-vous au tribunal d’ici peu, et le verdict pourrait bien faire jurisprudence pour la suite.
D’autres sociétés pourraient également se voir en grand danger sur le sol américain dans les prochaines semaines. Epic Games, éditeur de Fortnite, appartient à 35% au groupe chinois Tencent Games. Riot Games, éditeur de League of Legends, appartient lui à 100% à ce même groupe !
Avec leurs millions d’utilisateurs quasi quotidiens, les deux jeux vidéo multijoueurs remplissent tous les critères pour être bientôt amenés à disparaître du paysage vidéoludique américain. Mais pour de nombreux journalistes spécialisés, il n’y a finalement que peu de chance que Fortnite et League of Legends soient touchés par le marteau divin de Joe Biden. Epic est une société américaine basée en Caroline du Nord. Tim Sweeney en est l’actionnaire majoritaire. Il n’y a aucune chance que le scénario TikTok se produise avec Epic. Dans le pire des cas, Tencent devrait vendre 15 % à d’autres actionnaires et les affaires continueraient sans grabuge.
Nous suivrons de près l’évolution de ces épineux dossiers. Si on peut aisément comprendre que l’état actuel du monde nécessite d’être prudent, certaines décisions paraissent toutefois un peu exagérées. Un peu de patience, et nous saurons si le président américain et son entourage cherchent vraiment à protéger leurs concitoyens ou cherchaient juste à faire tomber le géant TikTok d’une manière ou d’une autre.
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