Ce n’est un secret pour personne, le monde du jeu vidéo va mal. Ou du moins, c’est ce qu’on essaye de largement nous faire croire, car comme dans de nombreux autres domaines, le vrai problème ne serait-il pas le partage des richesses ? Les petits développeurs trinquent pendant que les patrons des grandes firmes croulent sous les millions, à une époque dans laquelle il est nécessaire de rappeler qu’il n’y a jamais eu autant de jeux édités.
À l’occasion des 30 ans de Playstation, Shawn Layden, ex-patron de Sony Interactive Entertainment America, s’est exprimé sur le sujet. Et pour lui, le responsable de la crise est tout trouvé : le coût de développement des jeux vidéo. Depuis le lancement catastrophique de la PlayStation 5 et l’augmentation du coût des matières premières, le refrain est répété et modifié à toutes les sauces en fonction des besoins. S’il est évident que tout coûte plus cher qu’il y a trente ans lors du lancement de la firme japonaise et même qu’il y a trois ans, il est malhonnête de se cantonner à ce seul argument pour tout justifier.
Shawn Layden va même plus loin dans sa réflexion, estimant qu’à court terme, les studios n’auront pas d’autre choix que de proposer des jeux plus courts, réduisant ainsi les coûts de développement. Le débat existe d’ailleurs déjà depuis quelques années sous une autre forme : devrait-on faire payer plus cher les jeux les plus longs ?
Une heure de jeu supplémentaire peut en effet coûter plusieurs millions selon le type de jeu, et cerise sur le gâteau, une grande majorité des joueurs ne va même pas au bout des longs jeux. Il se permet même une comparaison avec le monde du cinéma : imaginez la réaction d’un réalisateur comme Coppola si les gens quittaient le cinéma à la moitié du film ? De l’argent jeté par la fenêtre et un manque de respect pour le travail accompli.
Mais ne serait-ce pas les nouveaux modes de consommation du jeu vidéo qu’il faudrait aussi remettre en cause dans cette affaire, tout autant que la longueur des jeux ou même leurs coûts ? Plus précisément la culture du zapping fabriquée de toutes parts par les décideurs avec les formules d’abonnement aux Game Pass et autres PS Plus. On ne finit plus les jeux car on sait que d’autres nous attendent immédiatement. Mais lorsqu’on est tout en haut de la chaîne, il est souvent plus simple de chercher des causes extérieures plutôt que de remettre en questions les décisions prises.
On pourrait donc rapidement se diriger vers une recrudescence des jeux vidéo courts au détriment des longs jeux en open world notamment, auxquels trop de joueurs ne rendraient pas hommage en n’allant pas au bout. Il s’agirait certes de la fin d’une époque, mais rappelons tout de même que le jeu vidéo fonctionne par cycles et qu’il y a encore peu de temps, on ne savait même pas ce qu’était un open world. Et on s’amusait tout autant.
Honnêtement, si les arguments de l’ex-patron de Sony Interactive peuvent être compréhensibles du point de vue d’un décideur tenant les cordons de la bourse, il sont difficilement entendables par les joueurs. Car ce qui fait nous fait rester devant un écran, c’est avant tout la qualité. Les exemples de petits jeux indépendants magnifiques créés à partir de rien sont légions, et prouvent que l’erreur des grandes firmes aujourd’hui, c’est peut-être de faire passer le profit avant la créativité.
D’ailleurs, on est persuadé que si on devait demander à des développeurs quelle est l’origine de la crise du jeu vidéo, la réponse ne sera sans doute pas la même que celle de Shawn Layden.
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