Depuis quelques années, toutes nos certitudes autour de l’industrie du jeu vidéo ont volé en éclat. Alors que Xbox, conscient d’avoir perdu la bataille du hardware, s’est lancé à corps perdu dans l’édition de ses exclusivités sur un maximum de supports, dont sa concurrente directe la PS5, avec succès quand on regarde les résultats de Sea of Thieves ou Forza Horizon 5 par exemple, on n’imaginait pas que PlayStation, en position de quasi-monopole sur son secteur, pourrait en faire de même. Pourtant, il semblerait que la firme souhaite tenter de nouvelles choses en ce sens, malgré les risques encourus.
En effet, une offre d’emploi de la part de PlayStation a été repérée dont l’objet est « l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie commerciale mondiale des logiciels PlayStation Studios sur toutes les plateformes numériques au-delà du matériel PlayStation, notamment Steam, Epic Games Store, Xbox, Nintendo et les appareils mobiles ». Et si l’adaptations des grands succès du constructeur sur PC est devenue une habitude un ou deux ans après leurs sorties, la présence de Nintendo et Xbox au sein de cette stratégie est beaucoup plus surprenante.
Bien sûr, ce n’est pas la première fois que PlayStation sortirait ses exclusivités chez la concurrence puisque, notamment, MLB The Show ou le 26 août prochain Helldivers 2, toutefois, on pourrait sortir là du carcan des titres multi-joueurs. Imaginer un God of War sortir sur Xbox Series ou n Astro Bot sur Switch 2, cela aurait tout l’air d’une révolution à l’échelle de l’industrie. On a bien eu LEGO Horizon récemment aussi sur la machine de Nintendo, mais, en termes d’ampleur, il ne joue absolument pas dans la même cour.
On pourrait se réjouir de cette ouverture du constructeur, de son envie de partager au plus grand nombre ses meilleures expériences (si tant est que ce soit là l’objectif, évidemment), mais si tel est vraiment le cas, ce (nouveau) pivot stratégique, après celui catastrophique autour des jeux services, pourrait bien sonner un glas définitif du jeu vidéo tel qu’on le connait et l’aime aujourd’hui. Et surtout, au-delà de changements aussi profonds, PlayStation pourrait y perdre là quelque chose de bien plus important que les dollars supplémentaires engrangés : son identité.
Pour quelles raisons achetons-nous aujourd’hui une PS5, une Xbox Series ou une Switch 2 ? Pour ses exclusivités. Pas uniquement, bien sûr, mais l’envie de jouer à Fable, Ghost of Yotei ou Metroid Prime 4, par exemple, est un argument en faveur de telle ou telle machine. Alors si ces titres n’étaient plus l’apanage d’une seule machine, vers laquelle se tourner ? Quelle serait la réelle plus-value d’un constructeur ou d’un autre ? Ce n’est pas pour rien que Nintendo, malgré un positionnement technologique bien inférieur aux autres constructeurs, continue d’engranger des milliards de dollars, car il est aujourd’hui inconcevable que ses licences majeures (Mario, Zelda, Animal Crossing…) sortent ailleurs que sur une console Nintendo, ce qui semble de moins en moins vrai pour les autres constructeurs.
On peut évidemment imaginer que ce genre de changement stratégique ne produirait ses fruits que dans plusieurs années. On peut alors se demander si cela ne préfigure pas aussi du futur du jeu vidéo que PlayStation imagine (ou souhaite) se réaliser. Dans l’hypothèse où les machines spécifiquement créées pour le jeu vidéo n’existent plus et que les jeux soient proposés, par exemple, via des applications sur des télé connectées, il est important pour un constructeur, dès lors qu’ils n’auraient plus rien à construire, de pouvoir se préparer à proposer ses productions sur un maximum de plateformes numériques.
Tout ceci reste hypothétique, et, à moyen terme, il faut bien admettre qu’on ne comprendrait pas pourquoi PlayStation sortirait ses plus gros jeux sur Xbox. Lorsque ce dernier s’est repositionné en éditeur tier, c’était un aveu d’échec et un pivot à 180° « de la dernière chance » qui a eu, entre autres, pour conséquences un effondrement des ventes d’Xbox Series et une perte de confiance de sa propre communauté de joueur. Et si on ne s’inquiète pas trop des ventes de PS5, quand bien même ses exclusivités s’exporteraient, la confiance des joueurs, déjà fragilisée par des années de gouvernance de Jim Ryan, pourrait finir par définitivement voler en éclat.
PlayStation 5 – La console qui a gagné sans jouer
Lord Lothaire
Xbox – Le Game Pass gagne effectivement de l’argent, alors pourquoi les licenciements ?
n1co_m
Les Game Key Cards posent question à Nintendo
n1co_m