C’est le prix annoncé aux États-Unis de NBA2K21 sur les consoles next-gen qui a lancé le débat. Alors que les jeux sont généralement vendus au prix standard de 59,99$ – converti un peu trop facilement en 59,99€ chez nous – et ce depuis plusieurs générations de machines, 2K Games a annoncé que NBA2K21 sera vendu 10$ plus cher sur PlayStation 5 et Xbox One, à 69,99$. Certains y voient un signe d’une norme future, et pas d’un très bon œil.
Le débat ainsi lancé fait écho aux remarques de Shawn Layden, ancien cadre chez PlayStation, que nous relations ici. Selon lui, les coûts de développement des jeux actuels et surtout futurs ont explosé depuis plusieurs années, et ne peuvent mener qu’à deux choses : ou bien les prix augmentent pour venir soutenir cette hausse des coûts, ou bien les jeux reviennent à des formats plus courts, avec des durées de vie situées entre 15 et 20 heures. Deux solutions pas forcément idéales pour les joueurs.
Et justement, un certain Daniel C., analyste dans le domaine du jeu vidéo, a publié un article sur LinkedIn alertant du danger d’une éventuelle augmentation de prix, qui pourrait coûter plus cher à l’industrie qu’elle ne lui rapporterait. En effet, l’analyste met en avant le fait que le prix de 70$ serait suffisamment prohibitif pour éloigner toute une frange des joueurs, peut-être les moins passionnés, et donc les moins prêts à investir plus d’argent dans ce loisir. Et c’est évident, vendre deux jeux à 70$ rapporte bien moins qu’en vendre trois à 60$…
L’autre argument contre cette augmentation de prix, c’est la concurrence des jeux mobiles et free to play. Alors que ce type de jeux d’abord accessible gratuitement ne cesse de prendre des parts de marché au jeu « traditionnel », une augmentation de prix pourrait pousser encore un peu plus les joueurs dans les bras du jeu mobile et des micro-transactions, a priori plus acceptables psychologiquement (on réfléchit moins et se sent moins coupable de mettre une petite pièce dans un jeu de temps à autre que d’y mettre 70€ d’un coup, même si répétées, les microtransactions atteignent souvent largement ces montants).
Il faut aussi se dire que cette augmentation n’est pas si inévitable qu’elle n’y paraît. Oui, les jeux demandent sûrement plus de moyens pour être développés qu’ils n’en réclamaient par le passé. Des superproductions comme The Last of Us Part II ou Red Dead Redemption 2 ont nécessité des budgets colossaux, mais ont rapporté des fortunes à leurs développeurs et éditeurs ! N’oublions pas que l’industrie du jeu vidéo représente aujourd’hui un chiffre d’affaires supérieur à celui des autres industries culturelles combinées (cinéma, musique, et livres) !
Et puis, les progrès spectaculaires en termes visuels n’impliquent pas forcément une explosion des coûts toute aussi spectaculaire. Les progrès techniques assistent aussi au développement. Les assets d’un open-world, par exemple, sont aujourd’hui disposés sur les maps par des intelligences artificielles, et non pas par un développeur stakhanoviste qui viendrait implanter chaque arbre d’une forêt…
Si on regarde l’histoire, et en prenant en compte l’inflation, depuis une trentaine d’années, le prix des jeux n’a fait que baisser pour les joueurs, en vérité. Et encore plus ces toutes dernières années, quand on prend en compte les offres telles que celles de l’Epic Game Store ou les services comme le Game Pass. Il n’y a pas de raison pour que les jeux à venir prennent un autre chemin…