Peut-être aviez-vous manqué cette information : IGN a racheté fin mai Eurogamer, Rock Paper Shotgun et Gamesindustry, des sites de référence pour qui cherche à se saisir de l’actualité du jeu vidéo. Nous ne remettrons pas en cause la qualité du travail d’IGN ici mais nous nous attarderons, avec un œil critique, sur ce que fait IGN depuis quelques mois dans les coulisses de la presse jeu vidéo.
Il faut dire que nous parlons d’une industrie qui semble satisfaite d’avoir laissé les clés au représentant ultime de l’homme-sandwich, le fameux Geoff Keighley.
Revenons à nos moutons et donc à IGN au mois d’avril et plus particulièrement au ID@Xbox, évènement qui laissait la place aux indés, évènement qui paraît tout à fait honorable. Ce qui est plus discutable, c’est sûrement qu’un média, faisant travailler des journalistes, logiquement neutres, pour un constructeur. C’est donc bien Xbox, un constructeur, qui va payer des gens pour parler de son évènement et en assurer la couverture, autant dire que la neutralité journalistique risque de ne plus être très vivace…
Avec un problème qui trouve son fondement dans les heures assez sombres que connaît Xbox depuis la fermeture de studios très populaires, IGN, lors de son Live avec Phil Spencer, va simplement opérer une manipulation des affects. Pour faire simple, IGN va travailler main dans la main pour redorer le blason de la marque américaine en essayant de faire oublier la situation assez périlleuse dans laquelle se trouve Xbox.
L’interview arrive donc à ce moment fatidique où une question sur les fermetures des studios pointe le bout de son nez. Phil Spencer esquive la question en répondant dans une langue de bois, au moins très naturelle, que des décisions difficiles doivent être prises, que la douleur de prendre ces décisions est réelle, nous vous épargnons le reste de l’allocution, et sur cette prise de parole très discutable et surtout n’apportant pas de réponses claires, étrangement, des applaudissements surviennent.
We were told and pumped to cheer, the loudest cheerleader got prizes, they did whatever they can to keep the energy in the room pic.twitter.com/UIztqXlOFo
— Bruno Rodriguez (@BrunoRo11530134) June 10, 2024
On apprendra quelques jours plus tard qu’IGN avait demandé au public d’applaudir le plus fort possible à la fin de la prise de parole de Phil Spencer pour noyer le poisson, mais sûrement plus dérangeant, des cadeaux étaient jetés dans la foule pour les plus bruyants comme des casques gaming par exemple. La foule avait aussi droit à un pass de boisson gratuite à condition que les applaudissements soient suffisamment intenses. Même si nous ne blâmons pas la foule directement, c’est bien l’orientation des affects, ici les applaudissements qui renvoient notre inconscient à une note positive, alors que la réponse n’est pas satisfaisante, qui est problématique.
Le plus problématique dans ces conflits d’intérêts, qui confinent à la corruption, c’est que les acteurs principaux de ces conflits ne semblent pas voir le problème. On ne peut s’empêcher de repenser à l’émission d’Arrêt sur Images de 2012 ayant pour invité un certain Julien Chièze qui ne voyait pas de problème à être invité dans un hôtel 3 voire 4 étoiles, on ne saura jamais, à Londres pour tester un jeu et en écrire un test.
C’est donc avec inquiétude que l’on voit l’intégrité journalistique être de plus en plus reléguée au second plan. Comment accorder sa confiance à des journalistes payés par des entreprises qui ne convoitent en définitive que le porte-monnaie des joueurs. Car soyons clairs, nous n’avons parlé ici que de l’alliance IGN-Microsoft mais Nintendo et Sony s’agitent pareillement dans ce joyeux panier de crabes.
En guise de conclusion, nous ouvrirons notre propos aux médias de manière générale. Quand l’on voit le résultat de la concentration des médias et de l’acquisition de ceux-ci par quelques mêmes personnes, on constate assez facilement l’appauvrissement des idées, l’orientation de celles-ci et donc de l’intégrité journalistique qui n’est de fait plus que l’ombre d’elle-même. Si vous nous demandez si l’acquisition d’IGN d’autres médias profile un horizon serein empreint de rigueur journalistique et d’incorruptibilité, notre réponse est définitivement non.
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