Le jeu vidéo est une industrie qui se nourrit de la passion humaine pour les conflits et les combats, ce qu’on va étudier avec Harvest Moon et son comparse. C’est tout naturel, le genre humain, aussi « pacifiste » soit-il, aime prendre parti. Il est ainsi plus facile de se ranger aux côtés d’un héros qui se bat contre le mal, de mener des batailles pour défendre des valeurs ou de faire la guerre à des barbares, à une dictature ou à un virus.
D’autres exemples ? Ne vous leurrez pas, en trouver d’autres ne sera pas bien difficile. L’équipe bleue contre la rouge, Mario Kart contre Crash Team Racing, FIFA face à PES et mieux encore, Xbox Series contre PlayStation 5. Même quand il n’y a pas de combat et qu’un Phil Spencer souligne sa volonté de créer un monde pour unir les joueurs au lieu de les diviser, les joueurs cherchent des raisons de s’écharper. On n’est jamais à une lutte idéologique près, si ?
C’est sur cette problématique discutable que nous souhaitons introduire les combattants du jour. Du mois même puisque, pour la première fois, mars opposera les derniers volets des farming-sim les plus connus du genre : Harvest Moon: One World, prévu pour le 5 mars et Story of Seasons: Pioneers of Olive Town, lui calé au 23 du même mois.
Un peu d’histoire pour commencer. Les deux camps cherchent à prendre/conserver un patrimoine. La licence Harvest Moon a fait ses débuts sur Super Nintendo en 1996 au Japon avant de se frayer un chemin vers l’ouest en 1997 et 1998. Ce premier épisode introduit tout ce que les fans retrouveront dans les nombreux volets qui vont suivre : minage, arrosage, élevage et même mariage (tant de choses en -age…). Mais il lance aussi un concept qui, à force d’années et d’épisodes successifs, rassurera les fans.
Nous sommes maintenant en 2014 et là, déchirure ! Effectivement, en 2014, l’histoire du nom Harvest Moon va prendre une tournure des plus originales et c’est à partir de maintenant qu’il va falloir s’accrocher. Pour ceux qui ne le savent pas, tous les épisodes d’Harvest Moon sortis avant 2014 ne sont que les adaptations des différents volets d’une série japonaise intitulée Bokujou Monogatari au pays du Soleil-Levant. Pour les suivants, ce n’est pas le cas.
La raison est simple, les premiers volets reposaient sur un partenariat. Le premier parti n’est autre que le studio que l’on connaît sous le sobriquet de Marvelous aujourd’hui (auparavant Victor Interactive Software) qui se chargeait du développement puis de l’édition au Japon, le second est Natsume Inc., un éditeur japonais indépendant, qui adapte puis publie des jeux japonais à l’étranger (notamment aux USA).
Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où Marvelous (alors Marvelous AQL) soulève la question qui va scinder son histoire en deux : « Pourquoi on n’éditerait pas nos jeux nous-mêmes, en fait ? » Ouais, parce que depuis les petits débuts du studio, le Japonais a ouvert un bureau d’édition aux USA, XSeed, par le biais duquel il publie déjà un spin-off d’Harvest Moon, Rune Factory. Naturellement, inutile de débattre sur l’intérêt de payer quelqu’un pour faire un truc qu’on peut faire tout seul.
Vous savez qui n’a pas aimé cette conclusion ? Les gens dans les bureaux de Natsume qui observent impuissants le départ d’une des licences les plus juteuses de leur catalogue. Cependant, eux, ils ont un petit quelque chose que Marvelous et XSeed n’ont pas : le nom Harvest Moon alors, bon, pourquoi ne pas l’utiliser. Si vous avez un peu de suite dans les idées, vous savez très bien à quoi va mener ce genre de réflexion et c’est tout juste. Natsume va fonder son propre studio et faire des Harvest Moon alors que Marvelous, ne pouvant pas utiliser l’illustre nom pour sa série, continuera d’éditer des Bokujou Monogatari sous le nom Story of Seasons.
Aujourd’hui, une demi-douzaine d’années plus tard, Harvest Moon est une série qui a perdu de sa superbe. Si son renouveau (Harvest Moon : La Vallée Perdue) aura permis à la série d’arracher des ventes en profitant de la confusion du public, les fans de la licence se font aujourd’hui bien moins surprendre et dégomment chaque nouvel épisode avec véhémence en rappelant à qui veut l’entendre que le vrai « Harvest Moon » s’appelle aujourd’hui « Story of Seasons ».
Et difficile de leur donner tort puisque, le saviez-vous, ces jeux Harvest Moon ne sortent littéralement pas au Japon. Oui, oui, ce n’est pas très fréquent, mais ces jeux sont bien des jeux japonais, développés par des équipes japonaises, mais à destination exclusive d’un public étranger. De là à dire qu’ils ne font que sortir des jeux pour profiter du nom, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas étant donné que le débat n’a plus trop lieu d’être : il a été remporté par un certain Stardew Valley…
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