Ce n’est plus un secret, le monde du jeu vidéo traverse une forte crise économique et humaine. Entre les licenciements, les studios aux méthodes controversées et les nombreux projets annulés, les problèmes sont de plus en plus nombreux et de plus en plus visibles. Et Ubisoft, géant du jeu vidéo français, se retrouve régulièrement dans l’œil du cyclone depuis quelques années.
Hier, mercredi 14 février, de nombreux employés du plus gros studio français ont répondu à l’appel à la grève de trois syndicats du jeu vidéo. Au centre du débat : les salaires. Plusieurs employés ne s’estiment pas assez bien payés pour leur travail, et malgré une récente augmentation, auraient souhaité que cette dernière suive le cours de l’inflation. Être mieux payé, c’est une chose, mais voir son pouvoir d’achat baisser malgré tout, la pilule a logiquement du mal à passer.
Selon le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV), entre 500 et 600 personnes auraient répondu à l’appel hier. Cela correspond à environ un dixième des effectifs totaux d’Ubisoft, estimés à environ 5 000 employés. Des manifestations ont même eu lieu à Montreuil, Annecy et Montpellier, villes où l’on retrouve des locaux du groupe.
Si cet appel à la grève n’est une première au sein d’Ubisoft, il marque une vraie rupture avec le passé et peut laisser présager d’une évolution générale dans le monde du jeu vidéo. En effet, les syndicats ne sont présents au sein d’Ubisoft que depuis l’année dernière (ce qui parait fou pour une entreprise d’une telle importance) et conformément au code du travail, les représentants syndicaux ont pu demander pour la première fois de vraies négociations avec les dirigeants, ce qui n’était pas possible auparavant.
Problème néanmoins, puisque selon de nombreux employés, c’est un simulacre de négociations qui s’est tenu. S’il y a bien eu augmentation de salaire récemment pour les employés d’Ubisoft, elle n’est pas suffisante, encore moins compte tenu des conditions et du rythme de travail exercés. Le dernier bilan comptable d’Ubisoft étant également plutôt bon sur le dernier semestre, c’est l’incompréhension qui domine du côté d’une partie des salariés. D’autant qu’avec la réussite de Prince of Persia et les futurs Star Wars Outlaws et Assassin’s Creed, 2024 devrait être une bonne année pour la firme.
À moyen terme, c’est bien une fuite des cerveaux qui pourrait avoir lieu chez Ubisoft. Car si beaucoup d’employés travaillent encore avec et par passion, d’autres commencent à se rendre compte que l’herbe est peut-être plus verte ailleurs. Les représentants syndicaux indiquent que certains profils seraient payés entre 10 et 15% plus cher dans d’autres studios. Cela pourrait en faire réfléchir certains. D’autant plus que le studio n’en est pas à son coup d’essai en matière de mauvaise gestion humaine…
Dans ce marasme, la bonne nouvelle, c’est que le jeu vidéo commence enfin à s’organiser après de nombreuses années de non-droit. Les syndicats deviennent petit à petit plus puissants, et avec eux, la parole des employés commence à se libérer. Ça ne peut être qu’une bonne chose pour le futur et pour un travail enfin reconnu à sa juste valeur.
Pour le moment, les dirigeants d’Ubisoft n’ont pas répondu à la mobilisation d’hier. Si la grève venait à être ignorée, il pourrait bien y avoir du mouvement à court terme et des langues qui se délient, sans doute pas pour le meilleur.
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