Huit mois que ça dure. Les comédiens de doublage américains, syndiqués chez SAG-AFTRA, poursuivent leur grève contre l’utilisation de l’intelligence artificielle par les éditeurs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la raison de cette grève des doubleurs n’est pas tant le remplacement des comédiens par des IA, mais l’appropriation de leurs voix et de leurs mouvements sans leur consentement, et bien sûr sans les payer !
Quelques progrès ont été réalisés depuis le début de la grève des doubleurs en juillet dernier, notamment en ce qui concerne la rémunération minimale des comédiens. Mais la bataille est loin d’être gagnée, et de nombreux accords restent à trouver. Par exemple, les membres de SAG-AFTRA veulent que la protection s’appliquent à tous les performances passées et futures, tandis que les décideurs de l’industrie ne souhaitent l’appliquer qu’au travaux produits après l’accord.

Le syndicat insiste aussi pour obtenir une définition plus claire de ce qu’est une « réplique numérique » pour n’exclure aucun type de performance. La durée de validité du consentement pour l’utilisation de l’IA est un autre point de friction (SAG-AFTRA propose cinq ans, alors que l’industrie veut un usage illimité), tout comme la question de savoir si les employeurs devraient être obligés de mentionner l’utilisation d’IA lorsqu’elle mélange des voix réelles avec des dialogues générés artificiellement.
Les studios, eux, assurent avoir tendu plusieurs mains au syndicat et vouloir poursuivre les négociations. Mais pour SAG-AFTRA, tout cela reste bien insuffisant : les négociateurs rappellent que plus de cent-soixante jeux ont déjà signé les conditions des comédiens. Des accords sont donc possibles pour ceux qui le veulent bien.
L’impact de cette grève des doubleurs commence à se faire ressentir sur l’industrie, alors que les projets en cours depuis cet été arrivent en bout de chaîne de production. Certains jeux sortent avec des PNJ qui restent muets dans des scènes doublées, par exemple. Pas plus tard qu’hier, ce sont deux comédiens du jeu Zenless Zone Zero qui ont découvert, en lisant le patch-note, qu’ils avaient été remplacés sans préavis par des voix en IA, apparemment parce qu’ils refusaient de travailler sans accord de SAG-AFTRA !
Le bras de fer continue, alors qu’on vous parle de plus en plus régulièrement de l’utilisation de l’IA générative dans l’industrie du jeu vidéo. Ces problématiques se posent pour tous les métiers créatifs, mais sont d’autant plus sensibles dans une industrie où les licenciement continuent d’exploser, et où de plus en plus de studios semblent chercher des solutions pour remplacer non seulement les comédiens de doublage, mais aussi les artistes, les développeurs et les testeurs. Les jeux seront-ils un jour entièrement conçus, réalisés et incarnés par des machines ? Et est-ce là le genre de jeu auquel on a envie de jouer ?
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