Grand Theft Auto VI serait une clé de voûte pour augmenter le prix des prochains jeux AAA ? C’est le point de vue de Matthew Ball, un observateur reconnu de l’industrie, qui vient de sortir un rapport rendant compte de l’état de l’industrie au début 2025. Au coeur de ce rapport : les difficultés rencontrées par les studios, généralement occidentaux, depuis la sortie de la période Covid, pour maintenir leur croissance.
Tout part d’un constat : comparé aux autres industries du divertissement comme le cinéma ou la musique, le secteur du jeu vidéo s’est anormalement ralenti à la sortie de la période Covid. Pire encore, les indicateurs chutent : il y a moins de joueurs, moins d’investissement, moins de revenus (environ -13% depuis 2021).
Le problème, c’est que le secteur ne serait pas seulement touché par une contraction post-Covid. Ce sont plusieurs « moteurs de croissance » qui auraient atteint une fin de cycle de manière concomitante et ne seraient plus suffisant pour rapporter un nouveau public. Parmi ces moteurs en fin de croissance, on retrouve l’attrait du mobile, des jeux à service et autres battle royale notamment.
Les difficultés, quant à elles, continuent de grandir : en tête de liste, on retrouve les coûts et temps de production toujours plus élevés, un marché qui doit de plus en plus s’adapter à des acteurs internationaux forts ainsi que des prix qui ne suivent pas les couts de production.
D’après Matthew Ball, Grand Theft Auto VI représenterait, pour certains acteurs au sein de l’industrie, une solution : c’est un jeu extrêmement attendu, et Take Two serait, apparemment, prêt à monter le prix de base du jeu à 100€ en profitant des attentes autour du titre pour faire passer la pilule. Selon la manière dont le public recevrait cette hausse, les autres studios pourraient en profiter pour augmenter le prix de leurs propres AAA.
Cette vision est, selon Swen Vincke, le président de Larian (Baldur’s Gate 3), utopique. Ce n’est non seulement pas la solution, le public saura bien sûr faire la différence entre Grand Theft Auto et n’importe quel autre jeu qui profitera de la même fenêtre de prix, cela pourrait même rendre le problème plus sévère.
« Une bonne entreprise monte les salaires par rapport à l’inflation pour permettre à ses employés de survivre, les prix des jeux n’ont jamais suivi l’inflation. Ce n’est pas pour ça que l’industrie s’embourbe en ce moment, mais c’est une vérité qui dérange. D’un autre côté, la responsabilité d’un développeur, c’est que le jeu qu’il développe soit à la hauteur de ses promesses et de l’investissement du joueur. »
À la lecture du rapport, cet espoir de certains acteurs parait forcément fragile face aux difficultés qui y sont étalées : des problèmes de fond, tel que les habitudes de jeu, un plafond du nombre de joueurs potentiels qui serait atteint, une industrie qui s’ouvre de force à de nouveaux acteurs étrangers.
Et en même temps, peut-être accorde-t-on trop d’attention aux conclusions de Matthew Ball : si les causes qu’il pointe du doigt ont déjà été documentées et sont soutenues par beaucoup de données chiffrées, ses conclusions sont généralement fragiles : une hausse de prix par-ci, utiliser l’IA générative par là… tant de décisions qui seraient mal reçues par le public, mais soutenues car « nécessaires ».
Des solutions peu convaincantes mais qui se comprennent lorsqu’on regarde d’où parle l’auteur du rapport : président d’une firme spécialisée dans le conseil après avoir travaillé pour McKinsey, convaincu des qualités et de l’avenir du métaverse. L’objectif n’est pas de soutenir le jeu vidéo en tant que forme artistique ou en tant que divertissement.
Non, il écrit du point de vue des investisseurs, des PDGs, que nous fustigeons régulièrement dans nos colonnes. De ce point de vue, il est logique qu’il omette l’argument principal : ce qui justifierait la hausse de prix imaginée (mais non confirmée) pour un Grand Theft Auto VI, c’est que la licence a déjà convaincu et été à la hauteur de ses propres promesses.
Ainsi, si le prix d’un Grand Theft Auto VI pourrait ouvrir une porte, nul doute qu’elle se refermerait bien vite derrière. Les studios qui essaieraient de s’y engouffrer se cassant les dents, avant d’abandonner l’idée lorsque les petites bourses, de plus en plus nombreuses feront ce qu’elle font déjà, c’est à dire attendre les promotions.
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