Comme on accuse régulièrement Netflix de mener le cinéma à la ruine, le Game Pass serait la grande menace qui plane sur l’industrie du jeu vidéo. Rappelons à cette occasion qu’en son temps, on avait prophétisé que la radio allait tuer le livre… Les arguments pour et contre s’affrontent à coup de communiqués de presse interposés depuis que le service de Microsoft s’est lancé à grande échelle.
D’un côté, ceux qui expliquent que l’arrivée d’un titre au catalogue freine les ventes et, par conséquent, prive les studios de certains revenus, bloque des développements en cours et nuit à toute l’industrie. De l’autre, ceux qui montrent que les deals avec Microsoft sont autant de garanties pour des petits studios de boucler leur budget, sans avoir à s’inquiéter outre mesure du nombre de copies vendues.
Jim Ryan, PDG de PlayStation, a remis une petite pièce dans la machine à l’occasion des audiences dans l’affaire qui oppose Microsoft à la FTC, cette dernière souhaitant bloquer l’acquisition d’Activision-Blizzard-King. Une acquisition due, selon Jim Ryan, justement à la nécessité de « nourrir » le Game Pass, que le PDG de PlayStation accuse d’être « destructeur de valeur » :
« J’ai parlé avec tous les éditeurs, et unanimement, ils n’aiment pas le Game Pass, parce que cela détruit la valeur des jeux. Je discute tout le temps avec les éditeurs, et c’est un point de vue qu’ils partagent depuis de nombreuses années. » – Jim Ryan, le 27 juin 2023, lors d’une audience du procès FTC contre Microsoft rapportée par The Verge
Il est fort possible que certains éditeurs partagent ce point de vue, que certains aient pu espérer prendre le chèque de Microsoft pour publier leur titre day one sur le Game Pass tout en essayent de le vendre sur d’autres supports, et que ces dernières ventes aient pu être en deçà de leurs espérances (on reste cependant dubitatif quant au fait que Jim Ryan parlerait avec tous les éditeurs).
Néanmoins, de nombreux témoignages d’éditeurs et de studios viennent contredire cette idée. Encore tout dernièrement, c’est Sports Interactive, le studio derrière Football Manager, qui s’est exprimé par la voix de son responsable Miles Jacobson :
« Chaque studio aura une opinion différente à ce sujet, et chaque studio aura des chiffres différents, parce que des jeux différents fonctionnent de façons différentes. Pour nous, on ne voit que du positif, sur chacune des trois plateformes. On manœuvre un frêle esquif, et on aime que notre studio soit bénéficiaire. SEGA a fait un pari risqué en misant sur nous il y a quelques années, et ses actionnaires, même si cela peut sonner bizarrement, méritent d’être récompensés pour cela. Ainsi, nous ne prendrons aucune décision qui pourrait s’avérer mauvaise pour le business. »
Il continue, chiffres à l’appui :
« Avec le succès de nos lancements sur le Game Pass pour Xbox et PC, cette année, nous avons pu porter Football Manager Touch sur Apple Arcade et Football Manager 23 Console sur PlayStation5, et tous deux ont dépassé nos prévisions. […] Avant l’arrivée des jeux sur ces deux dernières plateformes, on comptait pas loin de 2 millions de joueurs par an. Nous en sommes aujourd’hui à 4,8 millions, et ce nombre continue de croître. C’est simple, le Game Pass et Apple Arcade ont amené de nouveaux joueurs à la franchise. Je suis assez confiant dans le fait que nos jeux vont savoir garder ces nouveaux consommateurs sur le long terme, quelle que soit la plateforme. »
Et pour enfoncer le clou, comme il répond de manière à peine voilée à Jim Ryan :
« Chaque studio doit prendre ses propres décisions, mais je ne me reconnais pas dans les propos que j’entends venant d’autres studios. Je ne reconnais pas cela dans notre business, tout va très bien pour nous. » – Miles Jacobson, dans un entretien avec Eurogamer
Difficile de trancher le débat, d’autant que les acteurs restent discrets sur les chiffres, évoquant par exemple le nombre de comptes créés plutôt que le nombre d’abonnés payants, le nombre de joueurs actifs, plutôt que le nombre de jeux vendus…
Cependant, en tant que joueur, on sait que les services de jeux par abonnement nous permettent d’essayer et de découvrir des jeux que nous n’aurions probablement pas achetés « plein pot ». Ces mêmes services freinent-ils nos achats de nouveaux titres, au motif que les catalogues en ligne constituent déjà une sorte de backlog trop important pour qu’on y ajoute d’autres jeux ? Possible, même s’il a été prouvé que les abonnés à ces services dépensent plus dans les jeux vidéo que la moyenne des joueurs…
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