C’est officiel : les nominés aux différentes catégories des Game Awards 2024 seront révélés le 18 novembre. Il faut dire que la cérémonie se rapproche à grand pas. Pour nous, Français, ce sera le 13 décembre à 1h30 que sonnera le coup d’envoi. À quelques jours de l’annonce des nominés, Geoff Keighley met l’accent sur une nouvelle clause. Les DLCs, remasters et remakes sont éligibles dans toutes les catégories de l’événement.
Ce n’est pas la première fois que l’on verra des DLCs dans la compétition. Cependant, ce sera bien la première fois que les extensions et remakes seront sérieusement considérés en tant que potentiels jeu de l’année. Une considération que l’on peut comprendre au vu des grosses sorties de cette année, mais qui n’en est pas moins préoccupante.
Du point de vue des organisateurs de l’événement, l’objectif de cette ouverture aux nominations est bien de mettre en valeur le travail de l’industrie :
« L’objectif des Game Awards est de reconnaître les meilleurs travaux créatifs et techniques, peu importe le format de la sortie. Les packs d’extensions, les nouvelles saisons, les DLCs et les remasters sont éligibles dans toutes les catégories, pour peu que le jury en reconnaisse la valeur […]. » – FAQ du site de l’événement
En soi, c’est honnête. Ces dernières années, les gros éditeurs ont concentré leurs efforts sur de nombreux projets remettant au goût du jour des jeux déjà existants. Et ce sont de beaux efforts, dont nous avons déjà chanté les louanges : Silent Hill 2, Final Fantasy Rebirth… cette année, une bonne partie des belles réussites des gros éditeurs ont été ces remakes, ces DLCs plutôt que des projets originaux.
Cependant, cette année n’a pas été sans son lot de bonnes surprises… pour peu que l’on regarde au-delà des gros éditeurs, qui sont toujours les plus mis en valeur dans l’événement. En fin de compte, ce changement des règles peut donner l’impression qu’il est surtout là pour masquer une crise qui frappe durement l’industrie du AAA.
Une crise qui se traduit par des projets originaux mis en échecs, des licenciements : difficile de célébrer cette industrie dans ces conditions. Un public averti aura forcément conscience de la situation compliquée dans laquelle se trouvent ceux qui font nos jeux favoris.
Et pourtant, l’argument du jury de l’événement peut s’entendre. Si les notions de « DLCs » et « remakes » sont synonymes d’une industrie qui peine à se sortir des sentiers battus, force est de constater que chaque année, certains tirent leur épingle du jeu. L’année dernière, c’était Phantom Liberty (Cyberpunk 2077). Cette année, c’est bien entendu Shadow of the Erdtree (Elden Ring) qui a battu les records.
Vouloir récompenser ces sorties, au vu de leur qualité s’entend : le jury des Game Awards adapte le règlement à l’évolution des tendances. Finalement, cette évolution des règles pose une nouvelle fois la même question : celle de la légitimité des Game Awards.
Vu comme un événement majeur du calendrier annuel, c’est plus pour ses annonces que pour la compétition en elle-même qu’une partie du public lance le stream. En effet, quand bien même les organisateurs souhaiteraient que l’événement soit LE moment où l’on départage les plus grandes réussites de l’année, pour beaucoup, l’événement est plus vu comme un concours de popularité que quoi que ce soit d’autre. Le GOTY n’est pas forcément le meilleur jeu, mais c’est le jeu qui a le plus marqué les esprits cette année.
En ce sens, logique que la compétition s’ouvre aux DLCs. Cette année, peu de sorties ont marqué les esprits comme Shadow of the Erdtree qui, même avant cette annonce, était déjà bien pressenti comme le futur GOTY par nombres d’acteurs de l’industrie. Maintenant, reste à voir la valeur que chacun souhaite attribuer à cette cérémonie : simple coup marketing ou réelle distinction.
En tous les cas, si elle se comprend, cette nouvelle ouverture des différentes catégories de l’événement aux extensions ne semble être qu’une rustine apposée à un problème de fond. Le problème, ce n’est pas que Shadow of the Erdtree, Silent Hill 2 ou Phantom Liberty soient excellents. Le problème, c’est que les gros studios peinent de plus en plus à sortir des projets originaux qui rivalisent avec des franchises ou des sorties qui ne sont que des additions sur un projet existant.
L’industrie du jeu vidéo n’est pas une exception à la règle : toutes les industries du divertissement sont tributaires des mêmes enjeux. Gestion du risque, s’assurer le plus grand succès possible, tout lisser ad nauseam, ne plus faire de projets clivants. Ne sortir que des « nouveautés » s’inscrivant dans des licences bien-aimées quitte à en lasser le public. Ce sont des reproches que l’on peut lire parfois dans nos lignes, c’est aussi une plaie qui touche le cinéma, la télévision.
Oui, si Shadow of the Erdtree rafle la mise, ce sera une nouvelle fois la preuve de cette incapacité de l’industrie à promouvoir le neuf. Non, on ne peut pas reprocher au au public de choisir un DLC, quand la machine derrière cette situation dépasse à ce point le public et les créatifs. Les Game Awards ne font que suivre une tendance. Et les organisateurs de l’événement n’ayant jamais réellement souhaité être une force d’influence pour le changement, on ne voit pas pourquoi ils commenceraient maintenant.
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