Chaque nouvel opus de la saga Final Fantasy est un événement en soi. Entre attente des fans et curiosité du grand public, chaque épisode porte en lui les germes d’heures de débats stériles autocentrés constructifs sur les réseaux quant à savoir s’il est plus mauvais ou vraiment beaucoup plus mauvais que le précédent. Le fanboyisme primaire étant ce qu’il est, Final Fantasy XVI ne dérogera malheureusement pas à la règle.
Cependant, avec à la tête du projet l’homme providentiel Naoki « YoshiP » Yoshida, officiellement sauveteur de FF14, et officieusement celui qui a fait de FF15 un jeu potable, FF seizième du nom pourrait bien connaître un destin bien différent de ses prédécesseurs. On ne parle pas là de succès commercial, car la licence est la garantie de vente de jeu au kilotonne, mais d’appréciation critique.
Si le futur opus canonique made in FF a fait parler de lui dernièrement, c’est pour la priorisation des voix anglaises lors du doublage des cuts-scenes du jeu. Un choix rationnel et plein de bon sens de la part des têtes pensantes sur le projet, car la majorité du casting est d’origine anglophone, et que cela est donc plus simple pour la facial capture et le processus de synchronisation labiale.
Pour la première fois dans l’histoire des FF, le japonais passera donc au second rang. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux réseaux sociaux (un territoire décidément sacrément inflammable) et que hurlent au crime de lèse-majesté les fans hardcore de la franchise.
Yoshi-P talked very briefly about FF16 in today’s “Washa ga na TV Collab” livestream:
-English recording came first
-English voice acting was done with full facial motion capture for almost each scene
-English recording is the furthest, Japanese voice recording is getting there. pic.twitter.com/BzghAMobCk— ☆オードリーAudrey☆ (@aitaikimochi) July 25, 2021
Et pourtant, il s’agit bel et bien d’un choix de raison. Outre les considérations techniques, l’ambiance de cet opus tranche radicalement avec les tonalités futuristes des FF 7, 8, 13 et 15, pour revenir à de la fantaisie plus littéraire, comme on a pu la connaître dans les épisodes 8 et 16 bits (et avec FF9, meilleur épisode de la série, ne vous en déplaise).
Une fantaisie très occidentale aux accents tolkieniens, avec des protagonistes en armures au design réaliste, qui prend place dans des décors faits de hauts châteaux, de plaines et de marais très Witcheriens, comme l’atteste le trailer baptisé « Awakening ». Dès lors, le fait de tourner en langue anglaise s’impose de lui même, afin de coller au mieux à la proposition faite par le jeu.
Design mature, ton dramatique pour ne pas dire shakespearien (langue anglaise, on y revient), combat en mode action-RPG qui s’annoncent frénétiques, tout laisse paraître une sacrée évolution pour ce futur FF16. Et les fins limiers que vous êtes auront bien évidemment reconnu la patte de Yoshida dans ces quelques images.
Naoki Yoshida (producteur/réalisateur sur FF16) est un homme à part, qui a fait ses armes sur Bomberman, avant de rejoindre Square Enix et de travailler sur Dragon Quest, pour finir par raser FF14 et le rebâtir de toutes pièces pour en faire le succès que l’on connaît aujourd’hui. Un passionné avant tout, qui cite comme principales influences des titres comme Ultima Online, EverQuest, Dark Age of Camelot ou Star Wars: The Old Republic. Des titres bien loin de l’univers J-RPG dont la franchise Final Fantasy est (fut ?) le fer de lance depuis des décennies.
Confier les rênes de Final Fantasy XVI à un tel homme semble donc être un pari risqué. Mais Square Enix n’est pas une firme qui prend des risques inconsidérés. Quand bien même la série connaît un succès qui ne se dément pas, avec plus de 150 millions de jeux vendus à travers le monde, il faut reconnaître qu’en termes créatifs, la franchise est dans une phase de creux (pour rester poli).
Entre un FF7 Remake au goût doux-amer de jeu nostalgique qui peine à s’ouvrir aux canons modernes, un futur Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin confié à la Team Ninja qui fait plus rire qu’autre chose, et l’ombre du ni-bon ni-mauvais FF15, Final Fantasy XVI joue gros, avec le risque de perdre gros. Et ce d’autant plus que le titre sera une exclusivité PS5 (sans doute temporaire) et que Sony compte bien sûr en faire un system-seller.
Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin – On révise ses classiques »]La série a besoin de sang neuf et d’un bon coup de fouet pour la stimuler, mais sans oublier ce qui a fait son succès. Plus encore d’un besoin, elle mérite un retour aux sources (ce que semble faire FF16), tout en s’ancrant dans un monde moderne où elle n’est plus seule capitaine à bord du paquebot J-RPG. La licence Persona est bien installée, Shin Megami Tensei V arrive avec le mors au dents, et Tales Of Arise compte bien gagner encore quelques centaines de milliers de fans supplémentaires, la concurrence est donc virulente.
Sans oublier le fait que The Witcher 3 ne restera pas sans suite, et que Disco Elysium est arrivé sans se presser pour aller tutoyer le titre de meilleur RPG de la décennie, il est donc grand temps que Final Fantasy sorte de sa torpeur. Gageons qu’en confiant le rôle de réveil-matin à Naoki Yoshida, Square Enix fait un pari sur l’avenir qui, on l’espère, se montrera à la hauteur des enjeux.
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