Le magazine Polygon a eu l’occasion de s’entretenir avec le patron de Xbox, Phil Spencer, lors de la GDC (Game Developers Conference). Spencer est alors revenu sur les 1900 postes que Microsoft a décidé de supprimer au début de cette année dans sa division jeux vidéo. Une décision qui serait ainsi due au manque de croissance de l’industrie.
« Nous sommes un business. Je le répète souvent. Et je n’ai pas le luxe de diriger un business qui ne viserait pas la croissance et le profit. C’est pourtant ce qu’il se passe aujourd’hui. Et pour l’ensemble de l’industrie – je pense ici à des amis qui ont perdu leur job, et je ne souhaite pas que cette industrie devienne un lieu où il n’est plus possible de croire en la possibilité de construire une carrière.
C’est pour cela que j’en reviens à : comment cette industrie peut revenir à la croissance ? (…) On est vraiment face au problème d’une industrie qui ne connaît plus la croissance. Elle peut, et elle va la retrouver. Mais ce qu’on traverse aujourd’hui a un impact humain. Et nous devrions tous y réfléchir. » Phil Spencer, à Polygon (traduit par la rédaction).
Il faut d’abord rappeler qu’outre Xbox, Microsoft est de loin le GAFAM le plus important en valeur, et qui, non, ne connaît pas la crise et n’était pas pris à la gorge quand il a décidé de mettre à la porte ces 1900 personnes. Mais au-delà de cela, ces propos sur une industrie à la peine restent étonnants quand chaque année on se félicite de voir le marché du jeu vidéo continuer de grossir, atteignant aujourd’hui en revenu le niveau du PIB d’un petit état. Il faut cependant comprendre la complexité du secteur. La moitié des revenus du jeu vidéo concernent le mobile, support sur lequel Xbox n’est encore que peu présent. Et puis, on l’a vu avec les chiffres révélés chez PlayStation, les superproductions AAA sont de plus en plus difficiles à rentabiliser : la marge opérationnelle (en gros, le taux de retour sur investissement que touche le fabricant en vendant ses jeux) fond comme neige au soleil depuis quelques années.
Alors « this is the end », pour citer vieux groupe de rock ? Oui et non. C’est peut-être en effet la fin du modèle qui règne depuis une trentaine d’années, avec trois constructeurs et leurs exclus respectives, et le début d’autre chose.
Phil Spencer rappelle que le modèle actuel consiste à vendre des consoles d’abord à perte, pour se rattraper ensuite sur la vente de jeux et la baisse du coût de fabrication des machines. Or, cette baisse des coûts tarde désormais à intervenir (on a vu les consoliers augmenter leurs prix en cours de route, du jamais vu !) et les marges sur les jeux se réduisent aussi, rendant plus compliqué le « rattrapage ».
Spencer imagine ainsi qu’ouvrir les Xbox à d’autres stores que le magasin de la marque pourrait être un axe de croissance. On aurait ainsi accès, en plus de la boutique « native », à celle d’Epic Games ou de Itch.io. Des systèmes plus ouverts qui pourraient potentiellement attirer plus de joueurs, et ainsi faire revenir un peu de croissance.
« Pensez à nous comme la compagnie qui a fait Windows. Personne ne s’étonne si je dis : « Hé, sur PC, vous pouvez décider de votre propre expérience » [en choisissant tel ou tel launcher pour accéder à vos jeux, NDLR]. Il y a une vraie valeur là-dedans. » – Phil Spencer, à Polygon (traduit par la rédaction).
Après la stratégie qui vise à mettre « Xbox everywhere », va-t-on vers un « Everything on Xbox » ? Une chose est sûre, où qu’on aille, on y va de plus en plus dématérialisé. Des images d’une future Xbox Series X ont fuité aujourd’hui, révélant une console toute blanche et surtout dépourvue de lecteur optique…
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