Nous l’avons souvent souligné, mais depuis la sortie des consoles de dernière génération, nous avons peine à croire que cette « current-gen » ait vraiment débuté. Le nombre de titres majeurs exclusifs, quatre ans après le début de la génération, se comptent sur les doigts d’une main ou presque mais, pire encore, l’horizon des prochains mois et années est annonciateur d’un nombre de redites assez impressionnant, au point qu’on pourraient qualifier les PS5 et Xbox Series, et à fortiori de la Switch qui a recyclé la quasi intégralité du catalogue WiiU, de « génération remasters ».
Précisons néanmoins un point, nous ne sommes pas opposés à la ressortie de titres du passé, permettant de rendre ces derniers accessibles à un panel de joueur n’ayant pas eu l’occasion de s’y essayer à l’époque de leurs sorties, ou qui sont aujourd’hui difficiles à se procurer. On peut citer par exemple les remasters de Suikoden, à paraitre en mars prochain ou la compilation des deux premiers opus de Soul Reaver annoncée lors du dernier State of Play. Nous n’avons d’ailleurs clairement pas boudé notre plaisir en reparcourant Dead Rising Deluxe Remaster, remake du titre de Capcom de 2006.
Et puis, il ne faut pas négliger non plus l’impact financier qu’a la production de jeux inédits, avec des investissements qui ont augmenté de manière exponentielle ces dernières années au regard des technologies à incorporer et des standards d’exigence de plus en plus importants à respecter. Ainsi, sortir une remasterisation, qui se résume souvent à simplement un lissage HD et à quelques options de confort, permet d’engranger potentiellement pas mal de deniers à moindre coût, et donc à moindre risque.
Sauf qu’il semble que l’industrie s’écarte de plus en plus de cette logique pour désormais proposer leurs titres d’antan non plus en parallèle d’autres projets, mais bien à leur place. Il n’y a qu’à voir les plannings de sorties de chaque mois pour comprendre que le déséquilibre entre nouveautés et remasters se fait de plus en plus important. Rien que sur ce mois d’octobre, on décompte pratiquement, et uniquement sur consoles, une demi-douzaine de remasters ou remakes – Until Dawn, Silent Hill 2, Romancing Saga 2, Shadow of the Damned, Horizon Zero Dawn – et au moins autant le mois dernier. Quand on en arrive à en avoir régulièrement plus d’un par semaine, peut-on commencer à considérer qu’on entre dans une forme d’exagération ?
Surtout lorsque l’on voit à présent poindre des titres aussi récents qu’Horizon Zero Dawn. Sorti en 2017, le jeu de Guerilla Games va en effet bénéficier dans les prochaines semaines d’une nouvelle édition dont on doute sérieusement de la pertinence, du moins pour les joueurs. On y a déjà eu droit pour The Last of Us Part II ou la compilation Uncharted: Legacy of Thieves et leurs lifting PS5. Mais pourquoi faire ?
Ils sont (un peu) plus jolis, c’est vrai, mais c’est bien là l’un de leurs rares arguments légitimes, surtout sur une génération de machines qui a beaucoup misé sur la rétrocompatibilité avec ses grandes sœurs. Et puis, quand cela va-t-il s’arrêter ? Nous sommes à l’aube de la sortie de la décriée PS5 Pro qui a comme argument principal de permettre de faire tourner encore mieux les titres de la génération précédente.
Au-delà de l’argument assez bancal pour vendre une machine censée représenter le futur du jeu vidéo, quid des remasters présents et à venir sur cette génération ? On a l’impression de revivre le sketch de Coluche et la lessive qui lave plus blanc que blanc, avec des remasters encore plus beau que beau…
Horizon Zero Dawn – Avant le remaster, Sony monte les prix
Al
State of Play – On aurait mieux fait d’aller dormir
Riku