Tandis que certains continuent de s’écharper sur le crédit ou non à accorder au jeu vidéo, sur la cohérence, ou non, à le qualifier « d’art », d’autres avancent, et même plus loin qu’on ne l’aurait imaginé… C’est ainsi que, poussée par le travail de l’association MO5, qui œuvre à la conservation du jeu vidéo, la France vient d’inscrire la démoscène à l’inventaire du patrimoine national immatériel, au même titre que le repas gastronomique français ou la fête de la Matelote de Grand Fort Philippe (ou que les Soufflaculs de Nontron)(on ne sait pas trop de quoi il s’agit, mais le nom est rigolo).
Si vous ignorez ce qu’est la démoscène, mais que vous avez connu le jeu vidéo sur « micro-ordinateur » comme on disait à l’époque, sur Amiga ou Atari ST, il est fort probable que vous ayez été en contact régulier avec la discipline : les vidéo abstraites et colorées, souvent accompagnées d’une musique électro (aujourd’hui étiquetée chiptune), qui servaient de signature aux hackers et précédaient le démarrage des jeux piratés, voilà ce que sont les démos. Et la démoscène est donc l’ensemble des éléments qui entourent cette production : les gens, les lieux, les « rites »…
Car loin d’être uniquement ces petits clips qui, encore aujourd’hui parfois, tournent pendant l’installation d’un jeu mal acquis, la démoscène est une émulsion à la fois technologique et créative. Parente du jeu vidéo, la pratique s’en est détachée et existe aujourd’hui pour elle-même, à la fois discipline artistique, prouesse technologique (car le faiseur de démo, le « démomaker , cherche toujours à repousser les limites de sa machine), et champ d’expérimentation.
C’est sous set angle que la discipline est aujourd’hui reconnue très officiellement en tant que patrimoine immatériel, incluant la pratique des « démoparties » (l’équivalent pour la démoscène de ce qu’est la gamejam pour le jeu vidéo) et l’esprit de respect et d’inclusion qui prime dans la communauté.
Nous ne sommes pas habitués à ce que les institutions sachent de quoi elles parlent sur ces sujets, à l’exception de quelques structure engagées et pointues, comme la Bibliothèque Nationale de France. La reconnaissance de la « démoscène », discipline pourtant « underground », et le travail qui a été fait pour y aboutir, en est d’autant plus surprenant et impressionnant. La fiche inventaire, rédigée à l’occasion de cette inscription, est ainsi particulièrement complète et passionnante à parcourir.
La France n’est pas le premier pays à reconnaître ainsi la démoscène, cependant, cela reste un grand pas en avant, pourquoi pas vers une reconnaissance future par l’UNESCO ? Saluons le travail de MO5, mais aussi l’ouverture d’esprit de l’institution, qu’on n’attendait pas là !
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