Mercredi 15 janvier 2025, le réalisateur David Lynch s’est éteint à l’âge 77 ans dans une étrange ironie, digne de ses œuvres, alors que les collines de Los Angeles où il vivait, étaient dévorées par les flammes. Fire, walk with me ! David Lynch et le jeu vidéo, c’est un peu comme un premier rencard où l’un des deux ne vient jamais. Le cinéaste culte, connu pour son œuvre étrange et pourtant protéiforme, n’a jamais vraiment franchi le rideau rouge vers le petit écran des chambres sombres. Pourtant, l’industrie du jeu vidéo adore le citer ou lui rendre hommage. Visuellement, graphiquement, scénaristiquement, narrativement…
La seule incursion officielle de Lynch dans le domaine vidéoludique ? Une pub PlayStation 2 en 2000. Oui, une pub. Rien de bien révolutionnaire, mais The Third Place, avec son ambiance décalée, a marqué les esprits. Sony voulait vendre sa console aux adultes en quête de mystère et de profondeur. Résultat : des gens se sont retrouvés devant leur télé en se demandant ce qu’ils venaient de regarder. What the fuck, Diane !
Mais attendez, ça devient encore plus étrange. En 1998, la presse annonce un projet vidéoludique signé David Lynch en collaboration avec le studio japonais Synergie : Woodcutters from Fiery Ships. Rien que le titre, on est déjà dans le grand nulle part, mais dans le bon sens. L’idée ? Un enlèvement, des énigmes, des bûcherons, un bungalow à Los Angeles et un navire argenté qui carbure aux bûches. Un budget colossal pour l’époque (250 millions de yens, soit plein de zéros en francs à l’époque) et une promesse de 3D révolutionnaire… Et puis, pschitt, écran de fumée. Un an plus tard, Lynch avoue que tout a été mis au placard. Trop bizarre ? Trop ennuyeux ? Trop dérangeant ? Trop Lynch ? Lost highway…
Même si cette œuvre n’a jamais vu le jour, l’ombre du réalisateur plane régulièrement sur le jeu vidéo. De la ville d’Alan Wake premier du nom (Twin Peaks) en passant par la plastique, l’éclairage et toute la mise en scène du second opus (Twin Peaks encore) jusqu’au brutalisme des décors et la symbolique des objets de Control, Remedy est peut être le studio AAA qui a, non sans quelques maladresses parfois, le plus souvent pioché dans l’imagerie Lynchienne. On notera aussi la licence Silent Hill ou l’ovni Deadly Premonition. Plus subtil, même Persona, FF9 et Zelda y sont passés. Non, vous ne rêvez pas ! Link’s awakening aussi ! Takashi Tezuka, directeur du projet :
“La série Twin Peaks a été une influence sur le jeu. En effet, pour cette quatrième aventure de Link, les personnages rencontrés par notre héros se devaient d’être soupçonneux, comme dans la série.”
Côté indés, avec souvent plus de sens, de respect et disons-le, de goût, Kentucky Route Zero et sa quête existentielle aux ambiances noires et blanches entre rêves et road trip sous acide, Disco Elysium, Limbo, Inside, Somerville, mais aussi NORCO, Who’s Lila, Harvester, Puzzle agent, The Silver Case, Flower Sun and Rain, The 25th Ward,… la liste est longue. Et que dire de The Stanley Parable ou de The Witness, qui flirtent avec l’absurde, l’ironie et l’étrange, un mariage in heaven avec lequel le réalisateur animait toutes ses œuvres ?
Mais la palme d’or du jeu le plus lynchien revient peut être à Immortality de Sam Barlow (2022), avec sa narration syncopée et sa vrille scénaristique. On vous promet que ce jeu vous retournera le cerveau en explorant une autre dimension, cette fois introspective et fascinante. Il y a toujours un avant et un après avec une œuvre Lynchienne.
Bref, David Lynch n’a jamais fait de jeux vidéo, mais il est partout, et c’est peut être très bien comme ça… car chez David Lynch, de toute façon, tout, absolument tout, est jeu… de piste. Inland Empire !
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