La révolution annoncée n’aura pas eu lieu. En tous cas, pas encore.
Cela devait être le futur du jeu vidéo, cela n’aura peut-être été qu’un rendez-vous manqué. Le cloud gaming, c’est-à-dire le jeu vidéo en streaming, a non seulement du mal à s’installer, mais semble même reculer de jour en jour sur un marché pourtant extrêmement timide.
Nos confrères de DualShockers ont publié un papier qui revient sur les difficultés de Stadia à attirer à eux les développeurs indépendants. On y apprend (même si on s’en doutait !) que ces derniers ne trouvent aucun intérêt à venir travailler pour la plateforme, et s’en détournent purement et simplement. Un développeur cité anonymement dans l’article explique ainsi que « il y a des plateformes sur lesquelles tu veux être parce qu’elles ont leur public, et tu veux pouvoir atteindre ce public. Des plateformes comme Steam, ou comme la Switch. Toutes deux ont de grosses communautés, et tu veux parler à ces communautés et qu’elles jouent à tes jeux…« .
Et Stadia ne bénéficie pas de ce genre de communauté. C’est même un cercle vicieux : peu de jeux, et donc peu de joueurs, et peu de joueurs, donc peu de développeurs, alors peu de jeux, et bis repetita. Avec moins de 30 titres aujourd’hui en catalogue et aucune grosse exclu, on ne voit pas bien comment la situation du service de cloud gaming pourrait s’améliorer.
Alors certes, DOOM Eternal et Cyberpunk 2077 devraient arriver sur le service. Mais on se demande si les conséquences de l’arrivée de ces titres, DOOM en particulier, ne va pas plutôt nuire à Stadia à court terme. Il y a quelques jours encore, le service n’était pas 100% fonctionnel. Et un jeu aussi intense que DOOM exige une machine particulièrement réactive. Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, nous entendons déjà les joueurs se plaindre de lags et autres soucis de contrôles imprécis…
Sans aucun doute tout aussi conscient que nous de ces manques, Google vient de débaucher Shannon Studstill, qui était jusque-là chez Sony à la tête des studios Santa Monica (God of War, entre autres). Elle dirigera un nouveau studio qui développera des titres en exclusivité pour Stadia. Si le service survit suffisamment longtemps.
GeForce Now : pas mieux.
Un temps considéré comme la killer app qui aurait raison de Stadia, GeForce Now est aussi dans la tourmente. Malgré une proposition cohérente qui venait justement corriger les soucis de l’offre cloud gaming de Stadia, GeForce Now voit sa bibliothèque fondre comme neige au soleil. La faute à un modèle économique un peu bancal et mal pensé en amont.
La proposition de GeForce Now est pourtant, côté joueur, alléchante : streamer depuis les serveurs Nvidia en profitant de leurs machines haut de gamme et des jeux qu’on possède déjà par ailleurs. Ainsi, on achète Cyberpunk 2077 sur Steam, sur l’Epic Games Store ou sur GOG via un petit laptop à 200€ qui rame déjà pour faire tourner PowerPoint, mais on streame le jeu depuis les serveurs Nvidia. Pas besoin de carte graphique ou de processeur de dernière génération, une (très) bonne connexion suffit. L’avantage ? Les jeux sont à nous, y compris en quittant le service, et toute notre bibliothèque Steam (et autres…) est compatible.
Toute notre bibliothèque ? C’est là que le bât blesse. Depuis l’arrivée du service, les retraits se multiplient. Impossible de jouer aux jeux Bethesda (Skyrim, Fallout), Activision (Call of Duty, pour ne citer que celui-là), Rockstar (GTA), mais aussi Capcom, SquareEnix… Restent les indés, mais on apprend aujourd’hui que The Long Dark, un survival jusqu’ici disponible sur le service, disparaît lui-aussi. Un tweet des développeurs nous apprend pourquoi, et ce n’est pas rassurant.
Sorry to those who are disappointed you can no longer play #thelongdark on GeForce Now. Nvidia didn’t ask for our permission to put the game on the platform so we asked them to remove it. Please take your complaints to them, not us. Devs should control where their games exist.
— Raphael van Lierop (@RaphLife) March 1, 2020
« Désolé pour ceux qui vont être déçus, vous ne pouvez plus jouer à The Long Dark sur GeForce Now. Nvidia ne nous a pas demandé l’autorisation de mettre le jeu sur leur plateforme, alors on leur a demandé de le retirer. Merci de leur adresser vos plaintes, à eux, et pas à nous. Les développeurs devraient pouvoir contrôler où leurs jeux existent. » – Raphael Van Lierop, le 1er mars 2020
Ainsi, Nvidia n’aurait consulté personne avant de rendre le jeu disponible sur sa plateforme. Trop sûr de lui et de sa puissance, ou simplement parce que le modèle économique n’a pas été assez pensé ? Dans tous les cas, cela ne rend pas confiant pour l’avenir du service…
Quant au cloud gaming, il reste quelques soubresauts de réussites : le service PlayStation Now, bien qu’il se soit légèrement réorienté vers un service proposant le téléchargement (façon Game Pass), va très bien, merci pour lui. Shadow est victime de son succès et il faut désormais s’inscrire sur des listes d’attente pour devenir client. Et avec les ratages de Stadia et de GeForce Now, X-Cloud a désormais un boulevard devant lui pour prendre le marché d’assaut s’il débarque avec une formule convaincante…
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