Depuis quelques années, le jeu vidéo multijoueur semble s’être abandonné à une course effrénée vers le « tout crossover ». À l’heure où laquelle Fortnite a érigé le mélange des univers en religion (avec encore récemment l’arrivée des Power Rangers dans ses rangs) et où Call of Duty lui-même a frayé avec les Tortues Ninja, American Dad ou encore Snoop Dogg, une étrange dissonance s’est installée. Le réalisme militaire et l’intensité immersive qui avaient façonné l’identité de la licence semblent s’être dilués dans un carnaval bigarré de skins et de bundles en tous genres.
Or, l’annonce récente d’Activision marque un coup d’arrêt à cette dérive. Pour la première fois, l’éditeur reconnaît ouvertement le malaise et choisit de rompre avec la mode encombrante des cosmétiques bariolés.
Le constat d’un désamour
La révélation de Call of Duty: Black Ops 7 avait suscité un accueil pour le moins tiède. Non pas en raison de ses promesses ludiques, vu que le titre entend bien renouer avec l’esprit de Black Ops II en misant sur l’intensité viscérale et une campagne coopérative ambitieuse, mais à cause du spectre qui planait : celui de voir resurgir, dès son lancement, une avalanche de skins issus de Black Ops 6. Des opérateurs aux allures d’animé, des armes couvertes de néons criards, et jusqu’aux avatars inspirés de Nicki Minaj ou Seth Rogen menaçaient d’entacher l’univers du nouvel opus.
Ce qui devait être un confort pour le joueur, la possibilité de conserver son arsenal cosmétique d’un titre à l’autre, s’est alors retourné contre le jeu lui-même, menaçant son identité artistique. Et Activision a fini par l’admettre à travers un récent post :
« Certains d’entre vous ont dit que nous avions dérivé de ce qui rendait Call of Duty unique : l’immersion, l’intensité, et un certain ancrage réaliste. Ce retour résonne en nous, et nous le prenons au sérieux. »
Le retour à une cohérence esthétique
Le choix est désormais clair : Call of Duty: Black Ops 7 fera table rase du passé immédiat. Ni les armes, ni les opérateurs de Black Ops 6 ne franchiront le seuil du nouvel épisode. Les cosmétiques seront conçus pour s’accorder à l’identité de la série, et non pour répondre à la logique d’un catalogue mondialisé de références pop.
Un renoncement, certes, mais aussi un signe. Dans un paysage vidéoludique saturé de collaborations improbables et de clins d’œil permanents, la décision d’Activision apparaît comme une tentative de reconquête. Reconquête d’un univers, d’un ton, d’une aura qui avait fait aux yeux des fans de Call of Duty autre chose qu’un copieur envieux de son voisin Fortnite.
Car derrière le vacarme des skins se cache une inquiétude plus profonde : que reste-t-il de l’âme d’une franchise lorsque celle-ci devient un simple support pour licences invitées ?
Une alarme qui résonne au-delà de Call of Duty
Cette volte-face n’est pas anodine. Elle survient dans un contexte où l’industrie, fascinée par la promesse infinie du crossover, tend à sacrifier l’identité propre de ses licences. La logique de l’ »événement » permanent, instaurée par Fortnite, semble contaminer jusqu’aux séries les plus sérieuses. Mais en tirant la sonnette d’alarme, Activision envoie un signal à tout ses voisins : il existe un seuil où la saturation guette, où le joueur aspire non plus à la surenchère mais à la cohérence
Reste à savoir si ce retour à une certaine forme de sobriété tiendra face à la tentation économique. Call of Duty: Black Ops 7 se veut le successeur spirituel d’un âge d’or ; il lui faudra désormais convaincre qu’au-delà du discours, il est encore possible de conjuguer modernité et authenticité.
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