Ce n’est plus un secret pour personne : l’industrie du jeu vidéo traverse une crise massive. Les travailleurs sont précarisés, les emplois sont menacés (on ne compte plus le nombre de studios qui ferment ou licencient à tour de bras), et l’arrivée de l’IA générative dans la partie rebat les cartes. Face à cette situation, les initiatives des acteurs de l’industrie pour protéger leurs droits se multiplient. Cette semaine, ce sont 200 développeurs de l’équipe d’Overwatch 2 qui se syndiquent. Testeurs, designers, ingénieurs… Pratiquement toutes les personnes qui n’ont pas le statut de dirigeant ont rejoint le mouvement chez Blizzard.
Depuis le rachat de Blizzard par Microsoft, les licenciements se multiplient. Début 2024, plusieurs membres de l’équipe d’Overwatch 2 ont été brutalement remerciés sans avertissement. Pour certains, c’était déjà la goutte de trop. Autres griefs des travailleurs envers Microsoft : des restrictions sur le télétravail, des inégalités de rémunération, un encadrement inexistant du crunch, et même la suppression pure et simple des primes d’intéressement en mars dernier.
Dans ce climat tendu, la syndicalisation devient un moyen de reprendre un peu de pouvoir. Comme le résume Foster Elmendorf, testeur senior chez Blizzard interviewé par Kotaku, « si on ne s’organise pas, tout ce qu’on prend pour acquis peut être repris à tout moment ». C’est aussi une manière pour ces professionnels de mettre en avant une idée qui devrait pourtant relever du bon sens : en leur donnant de meilleures conditions de travails, ils seront en état de créer de meilleurs jeux.
Aux États-Unis, cette démarche est loin d’être anodine. Le droit du travail y est bien différent de ce qu’on connait en France, et les protections syndicales sont plus limitées. Organiser un collectif de ce genre demande bien souvent de la ténacité face à des directions peu coopérantes. Souvenons-nous qu’en parallèle, les comédiens syndiqués chez SAG-AFTRA sont toujours en négociation pour obtenir des garanties sur l’utilisation de leur images par les IA génératives : la grève dure depuis maintenant plusieurs mois. Chez Blizzard, les équipes de World of Warcraft s’étaient elles-mêmes syndiquées en juillet dernier. Si cela ne suffira sans doute pas à régler tous les problèmes de l’industrie, les travailleurs ont enfin voix au chapitre.
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