Dans de précédentes chroniques, nous avions exploré différents jeux adaptés de films sur lesquels un réalisateur avait directement travaillé, ainsi qu’une liste de titres annulés portant le nom de grandes personnalités du cinéma à leur générique. Aujourd’hui, pour cette nouvelle sélection mêlant le petit au grand écran, nous allons parler de cinq autres réalisateurs qui ont participé cette fois à un jeu vidéo d’horreur, avec toujours de grandes ambitions cinématographiques, dans l’espoir de nous faire dresser les poils devant une collection de cauchemars virtuels.
- Sweet Home
Pour commencer, rendons-nous à la fin des années 80 au pays du Soleil-Levant pour rencontrer un certain Kiyoshi Kurosawa, réalisateur du film d’horreur Sweet Home.
Le long-métrage nous raconte la sanglante histoire d’une équipe en plein tournage d’un documentaire venue explorer la maison abandonnée d’une ancienne peintre célèbre dans le but de récupérer et restaurer ses vielles œuvres d’art. Cependant, peu à peu, les membres disparaissent ou se font posséder par d’étranges apparitions, réduisant le nombre de survivants qui errent à travers les murmures de la bâtisse hantée.
À peine quelques mois plus tard, et grâce à un accueil plutôt positif du film au Japon, Sweet Home fut adapté à destination de la Famicom par l’éditeur qui deviendra le créateur de la future série des Resident Evil. Le titre se place comme un survival horror agrémenté de mécaniques RPG qui viendront inspirer la formule de la prochaine licence horrifique à succès de Capcom.
Kiyoshi Kurosawa a travaillé directement à la création du projet vidéoludique pour créer des codes du jeu vidéo devenus cultes aujourd’hui, tels que l’animation de porte pour remplacer les temps de chargement sur une console pourtant encore peu habituée au genre du gore et de l’horreur en général.
- Clive Barker’s Undying / Clive Barker’s Jericho
Les seconds jeux que nous allons explorer sont sortis plus d’une dizaine d’années plus tard, au début des années 2000, sur PS3, Xbox 360 et PC. Le premier, dénommé Clive Barker’s Undying, est inspiré de l’univers de H.P Lovecraft, dans un trip psychologique se plaçant au début du XXe siècle après la Première Guerre mondiale.
Comme son nom l’indique, le célèbre auteur Clive Barker, à l’origine de Candyman ou Hellraiser, a participé à la révision du scénario et du game-design. C’est également lui qui proposera le fait d’incarner un humain, plutôt qu’un être surnaturel doté de pouvoirs, afin de renforcer l’identification du joueur et le sentiment de faiblesse. Il prêtera également sa voix à Ambrose, l’un des personnages centraux du jeu.
Vous y incarnerez Patrick Galloway qui s’aventure dans une maison mystérieuse à la demande de son ancien officier afin de retrouver sa famille disparue. Malheureusement, il se retrouvera au cœur d’une aventure étrange et d’une sombre machination familiale dans laquelle il devra faire face à une armée de démons et autres morts-vivants.
Clive Barker’s Undying nous offre un FPS d’horreur plutôt classique, mais à l’ambiance certaine, se payant même le luxe de quelques références à l’univers cinématographique de son auteur durant une dizaine d’heures de jeu plutôt nerveuses.
5 jeux annulés portant la signature de grands réalisateurs du cinéma »]Le second titre fait en collaboration avec l’auteur sortira six ans plus tard et se nomme Clive Barker’s Jericho. Son succès sera plus mitigé que celui de son prédécesseur malgré une sortie multiplateforme. Heureusement, les critiques reconnaîtront son originalité qui le démarque des autres shooters de l’époque et qui est due à la sombre écriture de Clive Barker habitué à la création d’univers terrifiants.
- F.E.A.R. 3
Notre troisième entrée est non seulement une saga plutôt connue, que probablement beaucoup de joueurs de la génération PS3 et 360 ont déjà vu passer, mais le réalisateur ayant participé à sa conception ne tarit pas d’éloges non plus.
F.E.A.R. 3 a débarqué en 2011 sur nos consoles, après deux épisodes déjà salués par la presse et les joueurs pour son style très nerveux, mêlé à une aventure bourrée d’actions et de moments terrifiants durant lesquels le spectre d’une petite fille surnaturelle jouera avec vos nerfs.
Notre cher John Carpenter s’est joint à l’équipe du jeu pour diriger lui-même toutes les cinématiques et pour accentuer encore plus l’aspect horrifique et oppressant du titre. On retrouve également Steve Niles à l’écriture du scénario, déjà connu pour son travail sur le film « 30 jours de nuit ».
Vous incarnez dans F.E.A.R. 3 deux personnages au choix parmi un frère et une sœur, l’un classique étant spécialisé dans les armes à feu et l’autre doté de pouvoirs psychiques. Le scénario complexe commence quelques mois après le second épisode pour proposer l’ultime conclusion de la confrontation entre Point Man (personnage du premier jeu) et la réminiscence vivante d’Harlan Wade.
- NightCry
Notre avant-dernier jeu est à sa sortie une exclusivité PS Vita, avant de vite changer son fusil d’épaule pour s’offrir une sortie sur PC et téléphone. NightCry (anciennement Project Scissors) est un point & click survival horror sorti en 2016, et est considéré par une partie des joueurs comme le successeur spirituel de la série des Clock Tower, les deux partageant le même créateur.
Vous y jouerez un trio d’amis partis en croisière sur l’Océanus qui se retrouvent subitement bloqués dans un cauchemar sur les flots, alors qu’une mystérieuse identité dénommée le « Scissorwalker » se met à poursuivre les vacanciers à travers les nimbes du bateau. NightCry joue plutôt bien sa carte de l’horreur malgré un gameplay qui pourrait ne pas avoir les épaules pour, mais malgré de bonnes idées souvent mal exécutées, c’est surtout les nombreux bugs qui viennent gâcher l’expérience globale du titre.
Le projet teasé de longue date fut fortement supporté par un grand réalisateur japonais, Takashi Shimizu, réalisateur de la série des « Ju-On » devenue « The Grudge » lors de l’adaptation américaine, qui participera significativement au kickstarter ainsi qu’à la diffusion du titre. Il aura même réalisé un court-métrage qui servira à illustrer l’ambiance générale en plus de s’occuper des cinématiques du jeu.
Malheureusement, et malgré un financement participatif atteint, l’essor qu’aura connu le titre ne rattrapera pas les énormes défauts du jeu qui lui réserveront un accueil catastrophique de la part des joueurs, au point qu’il sera boudé par la majorité de la presse spécialisée.
- Friday the 13th: The Game
Notre dernier jeu auquel une personnalité du cinéma a participé fait sûrement état de la plus tragique des histoires contées dans cet article. Le titre est parti d’un très ambitieux projet kickstarter de jeu d’horreur en ligne à gameplay asymétrique, entièrement inspiré du large univers de Vendredi 13, dans lequel on retrouve un certain Tom Savini parmi ceux à l’origine de l’idée. Soutenu par une large communauté de fans de la saga de slasher, Friday the 13th: The Game sortira sur toutes les plateformes un an après Dead by Daylight, dont le principe se rapproche énormément.
À la différence que dans Friday the 13th: The Game, vous vous retrouverez jusqu’à huit survivants sur une immense map inspirée des différents films du tueur au masque de hockey, et lorsque celui-ci vous trouve, il y a très peu de chances de survivre à sa poigne mortelle. Un grand soin est apporté à l’adaptation des films, comme la présence de la mère de Jason, via des voix dans la tête du tueur l’invitant régulièrement à s’acharner sur les pauvres moniteurs de colonies de vacances.
Ou bien les nombreuses différentes morts, qu’elles servent à référencer un meurtre précis issu d’un film ou soient liées à l’environnement pour offrir de surprenants assassinats sanglants. Tom Savini, en plus d’être le producteur exécutif du projet, était également en charge des cinématiques d’introduction et d’outro des parties, prévoyant même la sortie d’un gros DLC qui inclurait enfin Jason X ainsi qu’une map spatiale inspirée du dixième film de la série.
Malheureusement, l’un des membres de l’équipe du premier film, qui était l’un des derniers à toujours posséder une parties des droits liés à Vendredi 13, s’est manifesté pour réclamer un arrêt immédiat de tout ajout aux titres, entraînant Illfonic, le studio du jeu, dans un procès sans fin duquel ils ressortiront perdants. Jusqu’à ce jour, aucun autre contenu n’est sorti pour le jeu, et il y a peu, les serveurs ont été coupés, enterrant un peu plus le doux rêve d’une parfaite adaptation des meurtres de Jason Voorhes.
Il n’est pas surprenant de s’apercevoir que beaucoup de jeux d’horreur comportant des personnalités du cinéma viennent également du milieu horrifique. Même si certaines histoires sont plus glorieuses que d’autres, comme F.E.A.R ou à plus petite échelle la série des Clive Barker’s, il est intéressant de voir que les échecs comme NightCry ou Friday the 13th étaient les projets les plus ambitieux dans leur exécution et leur rapport au cinéma.
Espérons donc que cela ne découragera pas les maîtres du suspense et des sueurs froides qui seraient tentés de hanter nos nuits d’une grande expérience horrifique…
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