Vous n’avez pas pu passer à côté, le phénomène The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom a déferlé dans le monde entier ce 12 mai dernier, au point que même les médias traditionnels, de TF1 à M6 et tant d’autres, plus souvent habitués à rosser médiatiquement le jeu vidéo qu’à l’encenser, ont été touchés par cette ferveur populaire, sans doute surpris par ces hordes factieuses amassées autour de boutiques spécialisées.
Nous aussi, nous trépignions de pouvoir insérer notre cartouche dans notre belle Switch et de repartir pour un nouveau voyage en Hyrule. Et après quelques heures, enfin, quelques dizaines maintenant, on peut vous l’avouer : ce voyage s’annonce gargantuesque, presque interminable, tant le titre semble proposer un contenu sans limite. Ceci dit, pour comprendre où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Remontons alors en mars 2017, lors de la sortie de Breath of the Wild, le dernier épisode d’une saga presque quarantenaire qui n’a cessé de révolutionner l’industrie au fil de ses épisodes les plus mémorables (l’aventure en 3D, muni d’un lock dans Ocarina of time, la démocratisation du « toon-shading » avec Wind Waker, l’aventure avec un grand A, et un système de sauvegarde, du tout premier Zelda, etc.).
En 2017 donc, Nintendo a donné une leçon de game design à toute une industrie en offrant aux joueurs un monde ouvert gigantesque et organique au moteur physique époustouflant, laissant au héros qui se cache derrière sa manette la liberté de faire ce qu’il veut, quand il le veut et comme il le veut. Mais aussi, et on l’oublie souvent un peu vite, l’intelligence artificielle des ennemis fait partie, encore aujourd’hui, des plus performantes qu’il nous ait été donné d’expérimenter. Alors après tant de prouesses, il semble presque suicidaire d’en proposer une suite directe sans que le nouvel ouvrage ne soit pointé du doigt que comme « une suite facile » ou une « version 1.5 ».
Pourtant, après avoir parcouru les premières régions d’Hyrule, nos doutes sont balayés. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Tears of the Kingdom nous semble sur la bonne voie pour révolutionner la révolution. Alors oui, techniquement, le titre est loin des standards actuels. Les textures sont baveuses, le clipping est très présent et on a pu constater çà et là quelques ralentissements. Cependant, à l’instar de Xenoblade Chronicles 3, impressionnant sur la machine hybride de Nintendo, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom met la barre encore plus haut.
Sans trop en dévoiler, car la découverte de certaines (énormes) surprises fait partie intégrante de l’aventure, Nintendo a réussi l’exploit de rester dans la continuité de son précédent titre (Tears of the Kingdom étant la suite directe de Breath of the Wild) tout en faisant évoluer son univers de manière cohérente et crédible. Ainsi, les esprits chagrins arguant que la carte est la même donc le jeu est le même seront bien embêtés en constatant que, bien qu’effectivement, nous explorions de nouveau Hyrule, sa topologie, son contenu et surtout les possibilités offertes sont bien différentes. On reconnaît divers lieux, évidemment, mais pour autant, tout a bel et bien changé.
Et, on y vient enfin, les pouvoirs octroyés à notre Hylien préféré sont révélateurs d’une philosophie jusqu’au-boutiste allant encore plus loin que pour son aîné. En effet, Amalgame permet, comme son nom l’indique, d’amalgamer à peu près tout avec n’importe quoi pour s’en faire une arme. Cela donne, sans se renier pour autant, une réponse aux joueurs ayant été refroidis par la fragilité des armes de Breath of the Wild. Alors ici, elle sont au moins aussi fragiles sur le papier, mais les amalgamer entre elles permet, en plus de combiner leurs puissances, de les rendre bien plus robustes. Avec la mécanique centrale, Emprise, qui, quant à elle, nous permet d’attraper des objets (planches, roues, moteurs, rondins, roches…) pour les assembler entre eux, c’est une liberté totale de mouvement et de création qui nous est proposée dans Tears of the Kingdom.
Pour autant, nul besoin d’avoir un esprit bien créatif pour arriver à s’en sortir durant l’aventure, tout du moins jusqu’à présent. Ce qui est surtout stimulé, c’est surtout notre capacité à imaginer une solution, le moteur physique et les objets mis à disposition permettant simplement de les réaliser. Ainsi, pour traverser une étendue d’eau, on pourra se créer un radeau affublé de moteurs pour avancer, ou choisir de se créer un échafaudage afin d’atteindre une corniche située en hauteur et donc esquiver l’obstacle face à nous, ou encore pourquoi pas se servir d’un ressors non loin pour nous propulser… Rarement un titre ne nous aura proposé autant de solutions, prévues ou non par les développeurs, pour nous dépêtrer de puzzles environnementaux plus ou moins alambiqués, et le plaisir de trouver sa propre solution à un challenge épineux s’en trouve alors décuplé.
Le pouvoir d’Infiltration, permettant de traverser les plafonds, s’avère aussi être une idée brillante, ajoutant une dimension supplémentaire à l’exploration (tout comme Rétrospective qui « rembobine » les mouvements d’un objet, moins inédit, mais tout aussi intéressant), nous gratifiant encore d’un nombre d’approches des situations impressionnant, mais qui nous permet aussi d’agrandir drastiquement l’aire de jeu déjà immense du précédent opus en nous donnant l’accès à des cieux encore inexplorés. Mais tout ceci semble n’être que la partie émergée de l’iceberg. On imagine à peine les mois voire années de test que le jeu a nécessités pour sortir avec, pour le moment du moins, aussi peu de (voire quasiment aucun) problèmes notables.
Alors, bien évidemment, il nous reste encore des réserves à ce stade, la plus évidente étant la capacité de la console de Nintendo à assumer jusqu’au dénouement la promesse jusqu’alors formulée, à savoir proposer un monde gigantesque (et on insiste bien sur ce mot) sans (trop) de pépins techniques tout en renouvelant et variant ses idées. La narration et le scénario, bien plus présents aussi que chez son aîné, sauront-ils rester aussi convaincants que sur les premières heures ? Les donjons seront-ils à la hauteur de la légende ? Ce qui est certain, c’est que The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom arrive à nous fasciner et nous happer dans son univers sans nous laisser une seule seconde de répit. Partout où notre œil se pose, il y a des choses à voir, à faire, à découvrir. D’ailleurs, on y retourne, on a un Korogu sur le feu.
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