Annoncé en grande pompe à la cérémonie des Game Awards 2021, le jeu Wonder Woman de Monolith Productions est, depuis des années, plongé dans la tourmente. Un rapport issu du site Bloomberg vient de révéler que le projet aurait subi un développement pour le moins chaotique. Des nouvelles peu rassurantes, qui soulèvent de sérieuses inquiétudes, tant sur l’avenir du titre que sur la santé globale de son éditeur Warner Bros. Games.
Une annonce prématurée et trompeuse
Nous sommes en 2021, Geoff Keighley orchestre cette messe annuelle du jeu vidéo, et Warner Bros. Games profite de l’événement pour lâcher une bombe : un jeu solo en monde ouvert Wonder Woman, développé par Monolith Productions, studio ayant déjà fait ses preuves avec La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor et sa suite L’Ombre de la Guerre. Un jeu entièrement dédié pour elle, c’est une première pour la cultissime princesse Amazone de DC comics.
Mais rapidement, un détail frappe : au-delà d’un teaser CGI d’une minute, aucun autre élément concret n’est dévoilé. Pas de gameplay, pas d’artworks, pas même une vague fenêtre de sortie. Et pour cause : le développement du jeu n’avait même pas encore commencé. Monolith et Warner Bros. ont donc annoncé fièrement ce titre Wonder Woman avant même qu’une seule ligne de code n’existe, un procédé hélas de plus en plus courant dans l’industrie, mais qui allait vite se retourner contre eux.
Un projet sans cap, des millions engloutis
Les années passent, trois ans déjà, et Wonder Woman ne cesse de briller par son absence. Aucune mise à jour majeure sur l’avancée du projet, aucun visuel, quelques leaks d’une petite poignée de concept art. C’est tout. Seulement quelques annonces de recrutement sur les réseaux sociaux de Monolith Productions, afin de renforcer les effectifs sur le développement du titre, mais rien de véritablement concret à se mettre sous la dent.
Pourquoi donc ? Bloomberg révèle aujourd’hui que le projet aurait été totalement rebooté en début 2024. La raison ? Une première version du jeu qui tentait d’adapter le célèbre système Némésis des jeux Terre du Milieu dans une dynamique d’alliances et d’amitiés. Une tentative ambitieuse qui n’a tout simplement pas fonctionné.
Retour à la case départ. Un changement de direction total a eu lieu, forçant Monolith à revoir sa copie pour repartir sur une approche plus classique du jeu d’action-aventure. Le problème, c’est que ce genre de revirement a évidemment un coût. Et selon les estimations, le développement de Wonder Woman aurait déjà dépassé les cent millions de dollars, sans que l’on sache encore précisément ce que proposera réellement le jeu. Tout bonnement hallucinant, surtout pour une franchise n’ayant jamais eu l’occasion de faire ses preuves sur le médium vidéoludique.
Warner Bros. Games en pleine tempête
Si Wonder Woman est en difficulté, c’est aussi parce que son éditeur traverse une période très compliquée ; Warner Bros. Games ne cesse d’accumuler les échecs, entre MultiVersus qui est sur le point de fermer ses portes, Suicide Squad: Kill the Justice League qui a été un fiasco complet et dont la fin a été bâclée. Même le plus modeste Harry Potter : Champions de Quidditch n’a pas su trouver son public. Le modèle du jeu service, auquel Warner s’est tant accroché ces dernières années, montre ses limites, et l’industrie en subie ici directement les conséquences.
Le papier de Bloomberg nous apprend également que d’autres projets DC sont tombés à l’eau ; Warner Bros. Games Montréal (Gotham Knights) avait par exemple un jeu basé sur Flash en développement, malheureusement annulé suite à l’échec retentissant du film ayant adapté le personnage en 2023.
Un jeu sur l’anti-héros exorciste Constantine a également été pitché en interne, mais sans jamais recevoir d’approbation officielle. Quant à Rocksteady Studios, après le naufrage de Suicide Squad: Kill the Justice League, le studio travaille actuellement sur un nouveau jeu Batman Arkham qui, cette fois, adoptera une approche entièrement solo, sans éléments de jeu service. En bref, c’est un sale temps pour les jeux adaptant l’univers DC, et l’horizon ne semble pas près de s’éclaircir dans un avenir proche.
D’autant plus que tout cela survient alors que l’ex-président de Warner Bros. Games, David Haddad, vient tout juste d’annoncer son départ. Malgré des succès notables au cours de ses 12 ans de service, il quitte son poste sous le feu des critiques, notamment pour ses choix stratégiques peu fructueux et son manque de vision. Il laisse derrière lui un éditeur en pleine tourmente, où les projets s’accumulent entre retards, reboots et annulations. Wonder Woman ne semble donc pas être une exception, au contraire, mais plutôt le triste symptôme d’une industrie en crise où les choix hasardeux des éditeurs finissent par se retourner contre eux.
Quel avenir pour le jeu Wonder Woman ?
Aujourd’hui, difficile de savoir quand Wonder Woman verra enfin le jour. Certains insiders évoquaient un objectif pour 2026 il y a quelques mois encore, mais avec le redémarrage total du projet début 2024, cela semble désormais beaucoup plus lointain. Ce qui est certain, c’est que Monolith Productions, après avoir déjà autant dépensé, se doit désormais de rassurer, montrer du concret et éviter de s’enliser davantage. Après tout, même si l’Amazone n’a jamais encore eu l’occasion de briller sur nos consoles, il s’agit d’un jeu centré sur l’une des figures les plus emblématiques de la pop culture. Une opportunité en or qui pourrait bien se transformer en nouveau naufrage si Warner Bros. Games ne redresse pas très vite la barre.
En attendant, les fans de Diana Prince devront se contenter de ses apparitions dans MultiVersus et Suicide Squad, enfin, tant que ces jeux restent en ligne, bien sûr.
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