Si vous suivez un petit peu la scène esport, difficile de passer à côté : la ligue européenne Valorant de plus haut niveau, les VCT EMEA, fait face à de grandes difficultés techniques. Le point de non retour a été atteint vendredi : après une première manche interminable lors d’un match opposant Karmine Corp à Team Liquid, la ligue a été mise en pause pour une durée indéterminée.
« Interminable », car les difficultés rencontrées par le studio engendrent de très longues pauses techniques, qui peuvent parfois durer plusieurs heures par jour une fois mises bout à bout. Dans le cas du match opposant Karmine Corp et Team Liquid, la première manche a duré près de quatre heures. Ce n’est bien entendu pas tenable pour les joueurs, qui doivent rester sur la scène extrêmement longtemps, sans pouvoir communiquer lors des pauses, tout en continuant de jouer dans de mauvaises conditions.
Face à cette situation, plusieurs structures ont réagi : tout d’abord Koi, structure espagnole, a affirmé que ses joueurs ne joueraient plus dans ces conditions, puis GiantX et d’autres lui ont emboîté le pas. Il est fort probable que ces protestations aient participé à la décision de suspendre la ligue pour une durée indéterminée prise par Riot Games.
En même temps, il faut se dire que la ligue de Valorant est bien souvent la petite dernière dans les pensées du studio. En réalité, cela fait plusieurs années que les équipes se plaignent de la gestion. Depuis que les VCT EMEA ont été franchisé, puis placé dans le studio de Berlin, les problèmes se sont répétés.
Au cœur du problème, c’est le partage du studio, entre League of Legends et Valorant, qui semble poser la plupart des soucis. En premier lieu, les ordinateurs sont avant tout optimisés pour League of Legends, un jeu bien moins gourmand en ressources que n’importe quel FPS. Cela signifie que les joueurs doivent jouer dans des conditions particulièrement dégradées, avec du ping et des chutes d’images par secondes.
D’autre part, le partage d’un studio pour deux ligues majeures crée un calendrier intenable pour les équipes techniques : il est impossible de régler les problèmes techniques avec une seule journée sans matchs dans la semaine. En résulte des soucis techniques de plus en plus importants qui ne peuvent plus être cachés par des mesures cache-misères.
En plus, s’ajoutent à ces problèmes logistiques de longue date des choix de Riot Games récents. Depuis l’année dernière, les équipes de Berlin fonctionnent avec un personnel réduit et un budget de moins en moins important. Faire tourner autant de ligues avec si peu de budget devient compliqué, il est clair qu’un jeu est plus touché que l’autre par les coupes budgétaires. Problématique mais compréhensible : l’esport League of Legends est généralement plus regardé.
Au-delà de l’enjeu de justice compétitive qui se pose, avec des interruptions répétées et aussi longues, les joueurs ne peuvent pas montrer leur meilleur niveau, c’est aussi la place de Valorant dans l’espace compétitif qui est remis en question. Toutes les ligues Valorant n’ont pas le même traitement, l’Europe est bonne dernière des régions majeures dans les considérations de Riot Games. Pour autant, les VCT EMEA restent une ligue majeure, c’est à dire qu’elle représente le plus haut niveau de jeu.
Valorant est déjà le vilain petit canard, tant pour Riot Games, qui porte plus d’importance à League of Legends, que pour le public des FPS compétitifs, qui voient Valorant comme le petit frère raté de Counter Strike. En prenant ces décisions, depuis deux ans, Riot Games maintient son FPS phare dans un amateurisme qui rend toute comparaison avec les autres jeux compétitifs du genre douloureuse.
La situation est difficile, il est normal que les équipes, les joueurs et coachs, soient mis à bout par des conditions qui ne reflètent pas le prestige supposé de leur ligue. Pour autant, peut-être Riot Games, suite à ce ras le bol collectif, saura faire les bons choix. Le problème premier, la sur-utilisation du studio de Berlin pourrait devenir relative dans les mois à venir.
Avec le segment de Printemps du LEC, Riot Games tente quelque chose de nouveau : laisser les structures organiser une semaine de match dans de grandes salles. Cette semaine, Koi invite le public de la région à Madrid, dans deux semaines, Karmine Corp recevra la compétition à domicile, aux arènes d’Evry-Courcouronnes. Si l’expérience est fructueuse, il est probable de voir ce « LEC roadtrip » prendre plus d’ampleur dans les années à venir.
Cela permettrait d’alléger la pression du calendrier des arènes, laissant potentiellement le temps aux opérations de maintenance nécessaires d’être effectuées pour que les joueurs des VCT EMEA puissent être dans de meilleures conditions. À voir donc si Riot Games saura prendre cette opportunité et donner à la ligue majeure européenne de son FPS la dimension compétitive qu’elle se doit d’avoir.
League of Legends – Le LEC dans la tourmente
DracoSH
Valorant – DVM écarté des Challengers France
DracoSH
Fortnite – Un mode FPS pour concurrencer Counter Strike et Valorant ?
Bear