Loin de n’avoir été qu’un feu de paille, les accusations de harcèlements contre plusieurs cadres d’Ubisoft révélées notamment par Libération et Numérama lors de l’été 2020 continuent de faire l’actualité.
Si Ubisoft, à grands coups de communiqués de presse sur le thème du mea culpa, avait l’air tiré d’affaire, c’était sans compter sur les salariés qui ne semblent pas complètement satisfaits des mesures prises par la direction pour améliorer leurs conditions de travail, et notamment leur sécurité.
Certes, l’entreprise s’est séparée de plusieurs grands noms répétitivement cités dans la presse. Mais le harcèlement chez Ubisoft avait été élevé au rang de culture d’entreprise, ainsi que le décrivait les articles de Libération et Numérama à l’origine de l’affaire, et ne se résume hélas pas aux trois ou quatre cadres ayant quitté la société.
Ainsi, le syndicat Solidaires Informatique a déposé une plainte collective le 15 juillet dernier. Outre Tommy François (« pour avoir profité de sa position pour harceler de multiples personnes », comme le précise la plainte), Serge Hascoet (lui aussi « pour avoir profité de sa position pour harceler de multiples personnes ») et Cecile Cornet (« Au courant des faits, elle a laissé le harcèlement prospérer au sein de l’entreprise »), ce sont « différentes personnes » qui sont visées par la plainte sans être ici nommées « pour avoir activement participé à couvrir et dissimuler les actes des harceleurs ».
C’est aussi Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, qui est nommément mis en cause parce que « en tant que PDG, il est responsable de ce qui arrive au sein de l’entreprise ».
« Plus important, la plainte vise le groupe Ubisoft en tant que personne morale pour harcèlement sexuel institutionnel. Pour avoir mis en place, maintenu et renforcé un système où le harcèlement sexuel est toléré parce qu’il est plus profitable à l’entreprise de maintenir des harceleurs en place que de protéger ses employés. Le harcèlement, toléré et pratiqué par les hauts échelons de l’entreprise, protégés par les services des Ressources Humaines, a créé un système à l’échelle de l’entreprise. Au-delà de la liste de personnes précédemment mentionnées, ce sont les rouages de ce système que cette plainte veut démonter » – extrait du communiqué de presse de Solidaires Informatique.
On y croit de moins en moins, mais on se dit que ce genre d’action participera peut-être à assainir l’atmosphère nauséabonde qui règne dans le milieu des studios de jeux vidéo, de la précarité des postes, aux conditions de travail inacceptables (crunch…) en passant par les abus scandaleux dont l’affaire Ubisoft n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Comment, qui plus est, jouer la carte du « on ne savait pas » quand ces thèmes sont autant de sujets abordés dans la très bonne série Mythic Quest (Apple TV+), justement produite par Ubisoft ? Il est bien évidemment question ici d’une véritable culture aux valeurs problématiques. Nous suivrons avec intérêt les suites qui seront données à cette plainte.
Affaire Ubisoft – L’épilogue ?
n1co_m
#MeToo – Le jeu vidéo gagné par les scandales d’agressions sexuelles
n1co_m
[E3 2021] Sans surprise, Ubisoft aura fait… de l’Ubisoft
n1co_m