Depuis son lancement en 2023, la série The Last of Us s’est imposée comme l’un des exemples les plus réussis d’adaptation vidéoludique sur petit écran.
Bien qu’en deçà des plus grandes réussites artistiques produites par HBO mais saluée pour sa fidélité à l’esprit du jeu original tout en développant ses propres nuances dramatiques, la série signée Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann (créateur du jeu) a su séduire critiques et spectateurs en dehors de la sphère gaming.
Malgré une fin de première saison jugée précipitée – nombreux sont ceux à avoir regretté l’absence d’une petite poignée d’épisodes pour mieux conclure le périple d’Ellie et Joël -, l’adaptation a posé de solides bases.
Alors que la deuxième saison s’apprête à débarquer en France le 14 avril prochain sur HBO Max (et que la troisième vient d’être déjà officialisée), les choix narratifs des créateurs ne manquent pas de faire réagir.
Comme on pouvait s’en douter, cette nouvelle salve d’épisodes ne couvrira qu’une partie du jeu The Last of Us Part II, un choix assumé visant à mieux déployer la richesse de l’intrigue et la profondeur psychologique de ses protagonistes. « C’est plus d’une saison », a déclaré Druckmann, laissant entendre que le jeu de 2020 pourrait être étalé sur au moins deux, voire trois saisons.
Ce découpage inédit permet aux scénaristes de s’attarder sur des arcs émotionnels plus complexes et d’introduire de nouveaux personnages marquants, à commencer évidemment par Abby, incarnée par Kaitlyn Dever. Aussi, le récit devrait mieux explorer ainsi des thématiques lourdes (vengeance, violence, survie, culpabilité, devoir de mémoire) avec peut-être, plus de finesse que ce que la cadence du jeu ne pouvait se le permettre.
De l’autre côté de l’Atlantique, les critiques sont déjà excellentes : 82/100 sur Metacritic, 93% sur Rotten Tomatoes. Les performances de Bella Ramsey et Pedro Pascal, déjà saluées, sont de nouveau au centre des louanges, tout comme l’arrivée de nouvelles figures qui viennent densifier l’univers. Reste que cette volonté d’étirer le récit suscite quelques réserves. Si l’ambition narrative est louable, le rythme s’en trouverait parfois déséquilibré, atténuant ponctuellement la tension dramatique si caractéristique du second jeu.
La question de la durée totale de la série reste en suspens, les créateurs préférant jouer la carte du mystère, tout en laissant entendre que l’adaptation s’autorisera quelques détours inédits pour enrichir l’univers de The Last of Us.
Face aux résultats en demi-teinte de ses incursions dans les jeux-service, Sony semble avoir trouvé dans l’adaptation de ses licences cultes un levier bien plus prometteur. Avec The Last of Us, la firme nippone démontre qu’elle peut transposer son savoir-faire narratif vers d’autres médias sans perdre en intensité ni en qualité.
Là où des titres comme Helldivers II peinent à établir une communauté durable et que d’autres sont purement et simplement avortés, les adaptations audiovisuelles de ses franchises iconiques, quand elles sont réalisées avec soins, fédèrent rapidement un public large, bien au-delà des joueurs.
Le succès critique et populaire de The Last of Us s’inscrit donc dans une stratégie plus large : transformer ses licences fortes en propriétés transmedia viables. Entre la série God of War en préparation sur Amazon Prime Video et Horizon chez Netflix, Sony semble jouer une carte sur le long terme, misant sur l’émotion, la narration et l’attachement aux personnages.
Autant d’éléments difficilement transposables dans des jeux-service trop souvent centrés sur la rentabilité immédiate. En somme, plutôt que de forcer principalement des modèles économiques à la mode, même si Sony n’a certainement pas dit son dernier mot, le géant japonais pourrait bien tenir là une formule plus pérenne et surtout, plus en phase avec l’ADN narratif de ses plus grands succès vidéoludiques, ses marques de fabrique et de reconnaissance. Comme quoi, on ne s’invente pas une personnalité, on la cultive.
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