Alors qu’Halloween approche à grands pas, le monde vidéoludique se pare de ses meilleurs atours pour permettre aux joueurs du monde entier de trembler à l’unisson devant de nouveaux titres horrifiques. Et comme de coutume depuis trois ans maintenant, Supermassive Games nous propose enfin le troisième opus de son anthologie cauchemardesque, The Dark Pictures Anthology: House of Ashes. L’occasion pour nous de se replonger dans ces jeux d’horreur aux allures de film interactif, le temps d’un frisson ou deux, du moins l’espère-t-on.
Il faut tout de même avouer que cette anthologie doit assumer l’héritage d’un prédécesseur qui aura marqué l’imaginaire de bon nombre de joueurs, le bien-aimé Until Dawn, premier grand succès du studio. Depuis lors, l’équipe de développement anglaise n’a eu de cesse de vouloir reproduire ce succès, sans jamais y parvenir. Si Man of Medan nous avait clairement déçus, Little Hope avait su remonter le niveau sans pour autant être fantasmagorique. Reste à savoir si House of Ashes va tout laisser partir en cendres ou au contraire réussir à sauver les planches de cette série quelque peu boiteuse.
(Test de The Dark Pictures Anthology: House of Ashes sur PlayStation 4 réalisée à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Tu es en Irak, Soldat !
Si l’on peut accorder une chose à la série The Dark Pictures Anthology, c’est qu’elle aura le mérite de ne jamais avoir deux fois la même idée. Après l’horreur sur mer et aux confins des États-Unis, nous nous retrouvons maintenant en plein cœur du conflit Irakien, un choix pour le moins intéressant. Car si jusqu’à présent, chaque environnement visité dans les jeux précédents se trouve être plus ou moins banal, l’Irak nous offre ici véritablement un dépaysement avec ses temples et grottes anxiogènes. Surtout que les développeurs ont apporté une justesse dans ces environnements tantôt magnifiques, tantôt oppressants.
Comme à chaque fois, le jeu va nous inviter à suivre un groupe de personnes ayant chacune un caractère aux antipodes, permettant ainsi une vraie diversité dans l’histoire. Ici, pas de personne âgée ou de pauvre adolescent terrifié, mais bel et bien un groupe de soldats américains entraînés et armés afin de faire face à toutes les situations. Et heureusement, car il ne s’agit pas ici de vulgaires fantômes, mais d’une menace ô combien plus dangereuse : une déité millénaire.
Sans rien vous révéler de la trame du jeu, un constat se fait très vite ressentir en jouant. Les développeurs ont décidé de littéralement virer de bord en termes d’horreur. Adieu les événements paranormaux nous rappelant les pires scènes de Conjuring. Cette fois-ci, on est dans un scénario clairement plus tourné vers l’action avec son lot de fusillades et de poursuites, un peu à la manière d’un Alien (tout en conservant un gameplay similaire au précédent opus). Alors, choix judicieux ou non, chaque joueur sera libre de se faire son avis sur la question. Nous noterons juste que c’est différent.
Face à ces quelques informations, on est alors en droit de se dire que House of Ashes est prometteur est qu’il saura sans aucun doute nous faire vivre un bon moment. Après tout, une histoire intéressante et des environnements plutôt bien travaillés sont essentiels à la réussite d’un jeu de cette catégorie, n’est-ce pas ? S’il serait mentir que de dire que nous avons passé un mauvais moment sur House of Ashes, la suite de notre critique va malheureusement nous obliger à modérer nos propos.
House of Ashes – Plongez au cœur de l’enfer
The Dark Pictures Anthology: House of Ashes ne ment pas sur ce qu’il est. Il n’est qu’un opus de plus de cette anthologie et en tant que tel, son gameplay n’a pas évolué d’un iota depuis le premier jeu. Une information qui nous permet de considérer que les développeurs ont donc eu plus de temps pour travailler d’autres aspects. Nous sommes donc en droit d’attendre un bon niveau de finitions. Malheureusement, ce n’est clairement pas le cas.
Si l’on omet le fait que les personnages de cette histoire utilisent encore une fois les modèles des personnages des opus précédents, ce qui commence à être habitude pour ce studio, et ce bien avant cette anthologie, tout cet épisode respire le manque de finitions. Les textures arrivent sans arrêt avec du retard, des lignes de dialogue sautent, certaines interactions sont buguées, les sous-titres ne se déclenchent pas ou bien certains dialogues ne semblent pas être doublés, en clair tant de petits détails qui vont faire froncer les sourcils tout au long du jeu.
Bien entendu, certains d’entre vous pourraient ne voir en ces points que de vulgaires détails n’ayant pas d’impact significatif sur le jeu, mais nous ne sommes pas de cet avis. Comme pour Until Dawn et tous les jeux de ce style, The Dark Pictures Anthology: House Of Ashes doit son intérêt à l’ambiance qu’il arrive à construire.
Or, il est impossible de se sentir impliqué si à chaque changement de caméra, notre œil est attiré par une texture manquante ou si notre attention se focalise sur le fait que le dialogue ne se lance pas. Par ces simples détails, House of Ashes saborde toute l’ambiance que son intrigue crée, au même titre que ces prédécesseurs.
Et pourtant, l’intrigue est sans nul doute le point fort du jeu ! Bien que l’histoire soit victime de quelques longueurs par-ci par-là, House of Ashes gère bien mieux son rythme que la plupart des autres opus, ce qui permet de ne jamais vraiment s’ennuyer. Mieux encore, si certains ne sont pas réceptifs au contenu horrifique proposé, on sent qu’un effort a été fait pour ne pas tomber dans la facilité à base de jumpscares. Le jeu prend le temps de poser une atmosphère angoissante appuyée par de nombreuses bonnes idées qui méritent d’être soulignées.
Dans le même registre, cet opus peut même se targuer d’avoir deux ou trois passages réellement prenants vous obligeant à être parfaitement concentré afin d’éviter le pire. Les dernières heures sont d’ailleurs très représentatives de cet aspect, puisqu’elles laissent de moins en moins de temps aux joueurs pour respirer et le confrontent de plus en plus aux dangers, ce qui permet d’amener une véritable tension grisante.
Seul bémol : les choix quelque peu hasardeux et qui manquent parfois de justesse. Ces derniers n’ont soit aucun impact sur les intrigues ou, au contraire, ont des effets disproportionnés. La plupart du temps, on a plus l’impression d’être ballotté d’une page à l’autre de l’histoire plutôt que de l’influencer nous-mêmes.
Finalement, il est difficile d’avoir un avis réellement tranché sur House of Ashes. Par bien des aspects, cet opus fait bien mieux que ses prédécesseurs. Sa thématique et son intrigue offrent un vrai vent de fraîcheur, mais a contrario, le manque criant de finitions ainsi que la relative passivité à laquelle le joueur est contraint ne penchent pas en la faveur du jeu.
On se contentera finalement de dire que ce jeu peut faire passer une bonne soirée aux habitués du genre, notamment entre amis, mais qu’il ne révolutionnera rien et ne détrônera sûrement pas le roi Until Dawn.