A l’origine de tout, se trouve souvent un concept, une idée, un truc pas très précis. Puis, les plus visionnaires y croient dur comme fer, et les créatifs construisent autour de cette idée. C’est tout aussi vrai pour les jeux vidéo. « Tiens, ce serait cool, de faire un jeu dans lequel le héros doit éviter ses ennemis » et BAM ! Metal Gear. « Ce qui serait bien, ce serait un RTS focalisé sur des batailles rapides… » et ainsi fut créé le MOBA. « Une centaine de joueurs sur une carte, un seul survivant » et hop, le genre Battle Royale vient au monde. C’est un peu aussi l’histoire de Yoku’s Island Express. Un jour, quelqu’un a dit, au bon moment, et bon endroit, aux bonnes personnes : « T’imagines, si on faisait un jeu de plateforme en monde ouvert avec des mécaniques de gameplay inspirées du flipper ? » Yoku’s Island Express, c’est donc un concept novateur et intéressant. Mais le jeu en vaut-il la chandelle, au-delà du concept ?
Yoku’s Island Express, plus qu’un concept atypique ?
Pierre qui roule…
L’île de Mokumana est un très sympathique caillou aux climats variés, et peuplé de créatures farfelues et joyeuses. Tout ce beau monde vit avec la bénédiction de Mokuma, sorte de divinité protectrice de l’île ressemblant à un Cthulhu bienveillant. C’est sur cette île que débarque Yoku, courageux petit ver bousier qui s’apprête à devenir le nouveau postier de l’île. Hélas, alors que ses petites pattes foulent le sable fin des plages de Mokumana, une créature nommée le Déicide décide de s’en prendre à Mokuma et le plonge dans un sommeil profond. Afin de sauver la divinité et l’île par la même occasion, Yoku devra porter un message aux trois leaders de l’île, seuls habilités à soigner Mokuma.
C’est sur ce scénario simple mais efficace que s’ouvre Yoku’s Island Express. Dans le titre, vous êtes Yoku, et devrez pousser une boule tout en cheminant à travers l’île. Si au début, vous ne pourrez que choisir d’aller à droite ou à gauche (Yoku ne peut pas sauter), vous débloquerez au fil de l’aventure divers objets vous permettant d’améliorer votre mobilité. Avec son monde en 2D ouvert et ses capacités que vous devrez récupérer pour explorer de nouvelles zones, Yoku’s Island Express lorgne du côté de Metroid ou du genre du metroidvania, qui est si cher à Koji Igarashi (Castlevania: Symphony of the Night).
Dans Yoku’s Island Express, vous explorerez donc les différents recoins de l’île et devrez parfois résoudre des puzzles dans des tableaux de flipper. Toujours bien pensés, et à la difficulté bien dosée, ces puzzles témoignent de toute l’inventivité des game designers, chacun étant très différent des autres et vous mettant dans des situations très variées. Vous ignoriez qu’on pouvait faire des combats de boss épiques au flipper ? Yoku’s Island Express vous prouvera que c’est possible. La progression dans le jeu se fait de façon naturelle et organique et les amateurs de challenge auront de quoi faire, avec les nombreuses quêtes annexes.
Ne pas perdre la boule
Graphiquement, Yoku’s Island Express est très charmant. La direction artistique du titre évoque la peinture, les teintes pastel sont très chaleureuses, et les environnements de toute beauté. Par ailleurs, le design des personnages est très sympa, chacun ayant une vraie « gueule ». On appréciera le détail qui tue : Yoku est la plus petite créature du jeu. Les sprites des personnages sont détaillés, quant à Yoku, même s’il est tout petit, on ne le perd jamais de vue, même au plus fort de l’action. Ajoutons enfin, pour clore le chapitre graphique, que les différentes ambiances de l’île sont bien rendues. Les pics enneigées, les plages tropicales, les grottes sombres… chaque facette de Mokumana a son identité propre, tout en conservant une certaine cohérence.
Niveau sonore, c’est du tout bon avec une très bonne OST. La musique, qui évolue selon les endroits visités, accompagne à merveille le jeu, puisant dans divers styles. Ainsi, les rythmes tribaux succèdent aux morceaux sombres ou à certaines pistes plus jazzy. Par ailleurs, si les personnages ne sont pas doublés, ils s’expriment par des borborygmes assez marrants. Parlons un peu de la localisation du jeu. La traduction française est de qualité et respire la bonne humeur.
Pad en main, Yoku répond parfaitement à nos injonctions, et le jeu tourne très bien, sans aucun ralentissement ni bug notable. Le jeu n’impose aucun temps de chargement, en dépit de la taille plus qu’honorable de la carte, quant à la physique de la balle, elle est parfaitement cohérente. Si cependant on voulait pinailler, on pourrait pester contre le choix de ne pas prendre en compte la force appliquée sur les flippers. Pour être plus clair, il est impossible de moduler la force avec laquelle on active les flippers. De fait, on ne peut pas lancer la balle délicatement, lorsque qu’on veut par exemple simplement la faire passer du flipper droit au gauche. Par ailleurs, la quête principale se termine assez vite (à peu près six heures). Il est cependant possible d’effectuer les nombreuses quêtes secondaires pour gonfler la durée de vie du titre.
Conclusion Yoku’s Island Express
Si vous avez lu notre preview de Yoku’s Island Express, vous savez que le titre nous a fait une très bonne première impression. Et nous avons le plaisir de vous dire que cette bonne impression est confirmée. Le premier jeu de Villa Gorilla est une perle. Intelligent, beau, et super amusant, Yoku’s Island Express mérite qu’on se penche sur son cas. Car au-delà du concept curieux, il y a un vrai jeu qui prend à cœur sa mission première : divertir les joueurs. Avec un premier essai aussi réussi, on ne peut que souhaiter à Yoku et ses créateurs de continuer à rouler leur bosse très longtemps…