Depuis un petit moment, la Chine prend une part de plus en plus importante dans le jeu video. On peut citer à titre d’exemple le géant Tencent, qui contrôle Riot et Supercell, et a investi dans Epic Games. Mais au-delà de cet aspect business, les jeux chinois se montrent aussi un peu plus à l’international ces dernières années. On a tous en tête le lancement événement de Genshin Impact, mais on pourrait aussi parler du bruit qu’ont fait les premières images de Black Myth: Wu Kong. C’est dans ce contexte que nous nous sommes intéressés à Xuan-Yuan Sword VII qui, après une sortie internationale sur Steam, se voit publié en Occident sur PlayStation 4.
(Test de Xuan-Yuan Sword VII sur PC via une copie commerciale du jeu)
Il était une fois en Chine
Le fait que Xuan-Yuan Sword VII soit chinois est déjà un critère intéressant. La culture chinoise tient une place importante dans le jeu vidéo, mais est rarement racontée par les concernés. Ainsi, Assassin’s Creed Chronicles, Total War: Three Kingdoms ou Shenmue II situent tous trois leur action en Chine, mais sont des jeux respectivement canadien, britannique et japonais…
Nous voilà alors face à un jeu inspiré de la mythologie chinoise, raconté par des développeurs chinois. On peut donc d’avance lui accorder un certain crédit quant à ce qu’il va nous raconter. Pas d’inquiétude quant au VII du titre, un peu comme un Final Fantasy, si la licence est effectivement plutôt âgée (bien qu’on la découvre avec cet épisode), nul besoin de connaître les jeux précédents pour s’y essayer.
Dans une intro qui nous fera immanquablement penser à A Plague Tale: Innocence, on assiste à la mise à sac d’un village, et au meurtre des parents d’un petit garçon qui deviendra le héros du jeu après avoir réussi à s’enfuir en emmenant avec lui sa petite sœur, encore bébé. Les années ont passé et Taishi Zhao – c’est son nom – est devenu un chasseur de prime doué, qui effectue diverses missions pour survivre, ainsi que pour pouvoir offrir à sa petite sœur malade le remède dont elle a besoin.
Malheureusement, le trouble règne sur le pays, et Taishi et sa sœur se retrouveront pris dans un combat qui n’est pas le leur. La jeune fille sera tuée, et la tête de Taishi mise à prix. Ce dernier acceptera de rendre service à une mystérieuse déité qui pourrait rendre son corps à sa sœur devenue spectre. On imagine aussi que les événements du début du jeu ne se sont pas produits gratuitement… Quelle force mystérieuse poursuit donc Taishi depuis son enfance ?
Le jeu se déroule pendant la dynastie Han (autour de 200 après J.C.), une époque troublée par la guerre civile. On y découvre le mohisme, un courant de pensée mourant à l’époque, disparu aujourd’hui, écrasé par le confucianisme. Les mohistes sont pacifistes, et prônent la paix, l’amour et l’égalité. « Des faibles », en conclura le bad guy classique de jeu vidéo !
Dans le jeu, les mohistes sont aussi détenteurs d’une technologie très avancée qui tient de l’horlogerie, des systèmes d’engrenages complexes leur permettent de garder certaines portes fermées. C’est ce folklore fantastico-historique que nous fait découvrir le jeu, et qui représente son intérêt principal. Servi par une production AA plus qu’honnête, on s’arrête sur les décors, les vêtements, les villages… Le voyage en vaut la chandelle !
Les couloirs du temps
Pour le gameplay, c’est moins reluisant. Dommage, puisque dans un jeu vidéo, le jeu est quand même un petit peu central ! Action-RPG à la troisième personne, Xuan-Yuan Sword VII emprunte énormément à The Witcher III, le cheval et la maestria en moins. Si le monde est a priori ouvert, on avancera en vérité dans des couloirs entre deux points d’intérêt. Très narratif, le scénario avance à coup de cinématiques réalisées dans le moteur du jeu, ne nous donnant les commandes que pour nous rendre d’un point A à un point B (d’une cinématique à l’autre, en vérité), et combattre bêtement les mobs qu’on rencontrera sur notre chemin.
Les combats, justement, sont tout sauf intéressants. Accompagné par notre « party » (RPG oblige), le jeu tente de mettre en place un système de combats variés, avec des coups spéciaux appartenant aux alliés, et une barre de fatigue censée apporter un peu de stratégie. Dans les faits, on spammera la touche d’attaque jusqu’à épuisement, puis on reculera de quelques mètres pour recharger la « stamina » avant de revenir spammer le même bouton d’attaque. Nous avons même pu laisser les PNJ alliés s’occuper d’un boss, tandis que nous courions en rond autour de l’arène…
Au final, le gameplay se résumera à suivre des couloirs et à appuyer frénétiquement sur le bouton d’attaque en cas de rencontre malencontreuse. Le reste se passe de façon passive, sous forme de cinématiques, et c’est bien regrettable, car c’est aussi là que se passe le plus « intéressant ».
Le seul élément qui nous aura accroché sera l’équivalent du Gwent dans The Witcher III : un mini jeu de société, le Zhuolu Chess, une sorte de variant du morpion dans lequel il faut aligner trois pions de sa couleur. À l’instar des cartes à collectionner dans les aventures de Geralt, des pièces aux capacités spéciales sont à collectionner au fur et à mesure des parties qu’on remporte, complexifiant un peu les mécaniques de jeu. Le mini-jeu est très réussi, plus même que l’aventure principale !!
On sent poindre l’intention derrière Xuan Yuan VII, et on aurait aimé que le jeu soit plus réussi. Il nous introduit à un folklore qu’on croise peu, et qui nous rend positivement curieux. Techniquement, le titre se défend bien dans sa catégorie de jeu AA. Hélas, le gameplay aussi plat que répétitif lassera vite le joueur qui s’y essaiera…
Dans les années 90, « made in China » était synonyme de copie bancale et peu fiable. Si l’industrie chinoise a aujourd’hui bien changé (de Huawei à Lenovo en passant par OnePlus, pour citer quelques noms très connus), ce Xuan-Yuan Sword VII est pourtant bien un Witcher made in China, au sens 90s de l’expression…