Les jours commencent à être plus courts, les températures chutent, certaines rues sont déjà décorées de lumières festives : pas de doute, l’hiver s’installe doucement mais sûrement. Et alors qu’on aime hiberner dans notre terrier douillet, on est parfois forcés de sortir affronter le froid avant de retourner se pelotonner bien au chaud.
C’est un peu cette sensation que Winter Burrow tente de recréer, en nous proposant un jeu de survie mignon où on incarne une petite souris qui s’occupe de son terrier confortable pendant que dehors, la neige tombe. Un mélange des genres surprenant, qui peut interroger : le dosage entre survie et douceur est-il assez équilibré pour satisfaire les amateurs de ces deux types d’expériences ?
(Test de Winter Burrow réalisé sur PC à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Souris des villes…
Après la mort de ses parents, épuisés par le travail à la mine, notre souriceau décide de retourner au terrier de son enfance. La maison aménagée dans une souche d’arbre a perdu de sa superbe, laissée à l’abandon pendant de longues années : à nous de lui rendre sa gloire d’antan. Mais la forêt est un lieu hostile, et il faudra faire bien attention à ne pas se laisser surprendre par le froid mordant ou par les insectes qui rôdent dans les parages. Heureusement, d’autres gentils animaux vivent dans les bois, et ils seront là pour nous prêter patte forte.
Le scénario de Winter Burrow rappelle celui qu’on voit dans beaucoup de jeux « réconfortants » (arrivée à la campagne dans une habitation à rénover avec une petite communauté soudée). Et c’est vrai que le titre dégage une atmosphère particulièrement cosy, surtout quand on rentre dans notre terrier après une journée d’exploration et de survie. On s’installe dans un gros fauteuil moelleux pour tricoter, entre la cheminée et le poêle où la bouilloire chauffe pour le thé.
Les graphismes et l’ambiance générale rappellent des livres comme Le Vent dans les Saules de Kenneth Grahame, les illustrations de Beatrix Potter ou encore le film Brisby et le Secret de NIMH. Au fur et à mesure de la partie, on débloquera aussi des meubles à fabriquer pour créer la décoration douillette de nos rêve dans notre terrier. Sur cet aspect, le jeu est vraiment plaisant.
… souris des champs
Peu habituée à la vie à la dure, notre petite souris aura de quoi s’occuper pour survivre dans la forêt couverte de neige. Il faudra récolter des matériaux pour retaper la maison, se nourrir, fabriquer des outils de plus en plus solides, et se tricoter des vêtements plus chauds.
Car en plus d’être un jeu mignon et bienveillant, Winter Burrow est avant tout un jeu de survie. Il faut garder l’œil sur plusieurs données tout au long de la partie (la santé, le froid, la faim et la fatigue), et s’assurer d’être bien préparé avant chaque exploration. Une balade qui dure trop longtemps sans venir se réchauffer près d’un feu de camp peut être fatale, tout comme un combat contre une araignée.
Cet aspect survie, au cœur du gameplay, rend le titre assez addictif. Notre rongeur a besoin d’une meilleure hache pour ouvrir un passage vers une nouvelle zone, mais pour ça, il faut récolter du granit, qu’il faut aller chercher dans une zone éloignée, donc on a besoin de vêtements plus chauds, donc il faut filer la laine pour se tricoter un bonnet… Appliquez ce principe à tous les objets, nourritures et meubles à fabriquer, et vous êtes partis pour des heures de jeu.
La survie en mode facile ?
La question de l’équilibre entre jeu réconfortant et jeu de survie est plus épineuse. Même s’il faut surveiller les stats du personnage et veiller à ne pas mourir de froid, il faut admettre que Winter Burrow reste un jeu assez facile. Au cours de notre partie, nous n’avons perdu connaissance qu’une seule fois, en gérant bien nos ressources et en connaissant les zones où on peut se réchauffer rapidement. Les combats contre les insectes sont eux aussi simples et répétitifs (sauf peut-être contre les araignées, où on se sent un peu plus stressés face à ces monstres).
Ceci dit, si le titre ne propose pas un immense challenge et ne pousse pas les mécaniques de survie à l’extrême (on est loin d’un Don’t Starve, et on ne perd pas sa partie après un échec), la progression reste agréable et surtout, cohérente avec l’univers développé par le jeu. Même si on sent l’aspect survie et qu’on fait attention à bien se préparer avant de sortir, on joue plus à Winter Burrow pour la détente que pour la performance.
Les petits défauts du jeu viennent surtout de quelques optimisations et de certains éléments de l’interface. Impossible de ré-assigner les commandes sur clavier ou sur manette, pas de carte (ce qui n’est pas forcément un problème mais qui pourra en déstabiliser certains), une navigation peu fluide dans les coffres et l’inventaire, et des objectifs qui manquent parfois de clarté. Peut-être est-ce dû à la traduction française, mais sans demander à suivre bêtement un point sur une carte, un rappel du contexte dans le journal des quêtes aurait pu être pratique.
Winter Burrow est un jeu très plaisant, qui donne l’impression d’explorer un livre de contes. Comme dans tous les contes, il y a une part plus sombre, et la forêt n’est pas un endroit sûr pour un petit souriceau. Le titre a un côté « mon premier jeu de survie » qui n’est pas un défaut en soi : on peut ainsi profiter de l’ambiance et du gameplay sans le stress inhérent à ce genre. Un choix qui ne conviendra peut-être pas à tous, mais qui est assumé (le jeu est d’ailleurs présenté comme un « cosy game » avant tout). Espérons que des patches seront proposés pour améliorer la qualité de vie en jeu et la traduction française, seules véritables ombres au très joli tableau que nous propose ce jeu.


