Il en auront mis du temps pour nous l’apporter mais les anglais de Chucklefish ont enfin mis un terme à notre attente. Wargroove, dévoilé pour la première fois il y a de cela 2 ans, est enfin apparu dans les stores des différentes consoles du marché (à l’exception de la PlayStation 4 qui attend encore tranquillement son tour).
Bourré d’affection dans les trailers, il a bâti sa réputation sur la promesse de nous faire revivre ces heures de liesse à faire la guéguerre sur les petits écrans de nos GameBoy Advance (pas souvent rétro-éclairées) sur Advance Wars, Fire Emblem et dans une moindre mesure, l’excellent Final Fantasy Tactics Advance. Mais qu’en est-il une fois le soft démarré ? La nostalgie qui dégouline dans les bande-annonces n’est-elle que de la poudre aux yeux ?
À la guerre comme à la guerre
Wargroove est donc un jeu de stratégie au tour par tour qui se déroule dans un univers fantastique et très largement inspiré de titres tel que les softs d’Intelligent Systems, surtout à l’époque de la GameBoy Advance.
Lancé pour la première fois, implicitement, le logiciel vous dirigera naturellement vers son mode histoire, et ce n’est pas plus mal puisqu’il il est extrêmement bien construit. Il est un passage obligatoire pour tout nouvel utilisateur, que ce soit pour découvrir ces terres inconnues et ses habitants, débloquer de nouveaux défis mais surtout pour découvrir comment contrôler le jeu. Et si de crainte vous pensez être trop bon pour ça de prime abord, vous allez au devant de déconvenues.
Tout comme Advance Wars avait ses règles, Wargroove a les siennes. De prime abord le titre lui ressemble dans les codes et le visuel (avec bien plus de superbe quand même), mais Wargroove propose quelques petites subtilités qui ne s’apprennent pas à la première escarmouche. Si comme dans le soft d’Intelligent Systems, vous invoquez vos combattants par le biais d’usines/de ports/ou d’aéroports puis les déplacez ensuite sur la carte dans la mesure de leurs capacités, ici, toutes les unités, quel que soit le camp, sont identiques.
Ainsi, un chevalier rouge ou un jaune seront pareils, un dragon vert et un bleu, identiques (à la différence du look bien sûr). Sur ce postulat simple permettant l’équilibre des possibilités offertes aux différents camps engagés, là où votre épingle peut se tirer du jeu, c’est dans votre capacité à planifier vos placements et attaques. Effectivement, chaque unité pouvant attaquer peut effectuer un coup critique. Ainsi, il est possible de tripler les dégâts infligés à un ennemi si vous prenez soin de planifier votre attaque.
Autre différence et pas des moindres, vos généraux (3 par nation engagée en combat, ce qui porte le nombre à 12) une fois sélectionnés pour une bataille ne se contentent pas d’être une icône ravie ou déçue des actions de vos pions, mais sont bel et bien présents sur le front. Leur forces pulvérisent facilement les unités de base mais les jouer sur la ligne comporte un risque majeur puisque eux aussi peuvent subir des dégâts, plus ou moins lourds selon qui vous cible.
En revanche, une fois K.O, c’est Game Over. Ainsi, pour palier à ce handicap, ils sont aussi chacun en possession d’un pouvoir appelé Groove et qui peut retourner une situation désavantageuse en votre faveur. De quoi féliciter les prises de risque mais il va falloir apprendre à gérer les aléas, surtout si votre adversaire est doué en positionnement ou possède une escouade mieux construite que la vôtre.
Un petit paquet bien chargé
Une des premières choses qui surprend dans Wargroove s’observe dès le téléchargement, le titre ne pèse pas grand chose mais comprend tellement d’options. Bien entendu, la notion est relative (mais s’étoffera en 3ème partie du test) puisque ce n’est pas avec 4 armées identiques que seules des frames et des couleurs vont changer, que le soft va prendre en poids. Mais compte tenu du mode aventure et des différentes possibilités que nous offre le titre, il est assez surprenant de découvrir tout ce que nous propose Chucklefish dans un logiciel aussi léger.
Un mode histoire complet, un mode arcade, un mode puzzle une fois le jeu terminé une première fois, tout un set d’informations sur le lore assez complet d’Auraria et de ses peuples (le continent sur lequel prend place ces conflits) et toute une galerie de concept-arts ainsi qu’un jukebox.
Là où il donne le vertige aussi, c’est dans son affection dégoulinante pour les médias qu’il évoque. Wargroove est en effet, comme évoqué depuis l’introduction, un hommage au genre de la stratégie au tour par tour que l’on pouvait retrouver entre autre sur GameBoy Advance (et en particulier à eux d’ailleurs).
Déjà, ça se ressent au travers de la direction artistique lorgnant largement dans l’anime-fantasy comme nombre de logiciels de cette époque mais tout y est également présenté au travers de petites animations mignonnes comme celles que l’on retrouvait dans ces softs de notre enfance/adolescence, aussi bien en combat que dans les nombreuses cinématiques. La couleur est d’ailleurs annoncée dès l’introduction, un hommage à l’animation japonaise, extrêmement flashy, pétante et dynamique et qui donne le ton pour le temps que vous allez passer sur le titre.
Si le mode histoire a ses moments difficiles, l’ensemble se veut bon enfant et très coloré.
Par ailleurs, du challenge aussi il y en a. Nous évoquions plus tôt une galerie d’art, sachez qu’il vous faudra des nerfs d’acier pour obtenir toutes les pièces puisqu’il faudra obtenir le meilleur score sur toutes les maps incluses pour pouvoir vous les offrir. Ces dernières vous permettront de découvrir différents croquis et concept arts pour tout les éléments in-game, les soldats, généraux et décors.
Dans tous les cas, même si le titre peut se montrer difficile par moment, on n’y parle pas de mort (ou peu) mais on évoque le voyage vers la maturité, défaire quelqu’un ne symbolise pas la mort comme dans un Fire Emblem mais un défi relevé avec brio, aussi bien pour les héros que pour le joueur en contrôle. Il se veut non seulement accessible sur le plan technique mais également dans les thèmes abordés, sans pour autant nager la niaiserie.
C’est mon fils, ma bataille
Tout comme le jeu que nous n’avons pas arrêter d’évoquer depuis le début de ce test, Wargroove inclut un éditeur de carte. Mais cet éditeur va bien au-delà de ce que nous proposait en son temps celui de son père spirituel. Bien entendu, on peut y designer ses propres cartes pour 2 à 4 joueurs et les façonner comme on l’entend mais pourquoi ne pas pousser un plus loin si on nous le permet, non ?
Effectivement, il n’est pas seulement possible de créer des cartes mais bien au-delà, toute une campagne si le cœur vous en dit. En partant d’une carte du monde, vous y posez vos cartes créées comme vous l’entendez et pouvez même créer des embranchements sujets à des conditions de victoire spécifiques. Enfin, afin de vous permettre de créer les enjeux de vos choix, vous pouvez jusqu’à créer votre propre scénario autour de vos cartes grâce à l’éditeur de scènes cinématiques. Libre à vous de ne rien laisser au hasard et de vous prendre à la création.
Une fois satisfait, rien ne vous interdit de proposer ensuite à la communauté de le découvrir. Rien de plus simple, il ne vous suffit plus que de l’envoyer sur le serveur en place. Mais bon, vous vous doutez bien que si vous pouvez partagez, d’autres le peuvent aussi et c’est clairement la grande force de ce Wargroove.
En effet, il est littéralement impossible de tomber à court de choses à faire. Bien entendu, certains niveaux que vous traverserez seront mal équilibrés, affreusement vides ou auront d’autres défauts mais la communauté continuera d’abreuver votre soif de combat et vous n’êtes toujours qu’à un petit téléchargement près de partir pour une nouvelle aventure.
Difficile de reprocher à Wargroove quoi que ce soit. Même s’il aura su nous forcer à faire preuve de patience. Les promesses ont été respectées. L’approche Advance Wars qu’attendaient les fans (jusque dans les petits détails), de la stratégie à portée des plus jeunes et pourtant profonde et technique pour les puristes, des animations léchées, un scénario complet et la promesse d’heures passées à croiser le fer seul (avec le CPU) ou contre des amis, sur des cartes créées par les développeurs, par vous, ou un illustre inconnu.
Wargroove réalise dans un jeu de stratégie à la portée de tous ce que Super Mario Maker proposait aux fans de platformer, un titre amusant avec une possibilité de gameplay illimitée et qui profitera de mises à jour comme le promet déjà l’éditeur. Donc, quelle que soit la manière dont vous préférez jouer, vous n’avez aucune raison de ne pas vous en saisir. Plongez plongez !